Lundi soir, dans un sous-sol d'église au beau milieu de Pointe-Claire. Difficile d'être plus loin de la forêt. Et pourtant, la forêt est bien présente dans l'esprit de chacun des scouts qui sont assis en arc de cercle, les plus jeunes en avant, les plus expérimentés en arrière.

Ils écoutent attentivement André Lacombe, un ingénieur civil de profession qui, bénévolement, participe à des opérations de recherche et sauvetage et donne des présentations à des groupes de jeunes pour que ceux-ci ne deviennent pas les sujets de telles opérations. «Comme je fais partie d'un groupe de recherche et sauvetage et que je participe parfois à des opérations, je tiens à ce que vous soyez prêts», déclare-t-il à son auditoire.

Les scouts du groupe Valois United, surtout les plus vieux, en connaissent déjà un bon bout en fait de survie en forêt, mais il n'y a rien comme une petite révision pour que les connaissances soient bien assimilées.

Prévention

M. Lacombe fait de telles présentations dans le cadre d'AdventureSmart, un ensemble de programmes de prévention financé par le gouvernement canadien. La plupart de ces programmes visent les adultes, mais certains ciblent les enfants.

Le bénévole commence ainsi avec le programme destiné aux plus jeunes, qui ne compte que quatre règles:

«En premier lieu, dites à un adulte où vous allez et vers quelle heure vous devriez revenir», déclare-t-il. Si jamais quelque chose devait arriver, les autorités sauront où effectuer les recherches.

«Si vous vous perdez, restez près d'un arbre et ne bougez plus.»

L'idée, c'est de faire en sorte que l'enfant demeure sur place. Il est très difficile de trouver quelqu'un qui se déplace constamment. «Ce serait bien si les adultes suivaient aussi cette règle», soupire M. Lacombe devant les jeunes scouts.

En fait, cette règle ne s'applique pas uniquement en forêt. Elle peut être très utile en milieu urbain. André Lacombe raconte comment un petit garçon de maternelle qui avait assisté à une de ses présentations a mis cette recommandation en oeuvre après s'être perdu à Disney World. Un mouvement de foule après un défilé l'avait séparé de ses parents. Ceux-ci l'ont finalement retrouvé appuyé à un lampadaire, tout près de l'endroit où ils avaient regardé le défilé. «Je n'ai pas trouvé de gros arbre», a expliqué le petit garçon.

La troisième règle est aussi facile à retenir. «Restez au sec», recommande M. Lacombe. Il suggère d'utiliser une couverture de survie, un accessoire léger qui devrait toujours se trouver dans le fond du sac à dos. Il conseille également de se construire une sorte de nid avec des branchages pour s'isoler du sol froid.

«Finalement, répondez aux sauveteurs quand vous les entendez», rappelle André Lacombe. Il arrive que les enfants, peut-être par peur de se faire gronder, gardent le silence lorsque les sauveteurs crient leur nom pendant les recherches. «Faites du bruit, utilisez un sifflet si vous en avez un. Ça peut aussi servir à faire peur aux animaux.»

Survie à l'extérieur

Comme plusieurs scouts dans l'auditoire sont des adolescents, André Lacombe poursuit sa présentation avec le programme «Survie à l'extérieur», qui s'adresse aux adultes.

«On ne veut pas vous effrayer, on ne veut pas que vous ayez peur du dehors: on veut que vous y retourniez encore et encore.»

Aux plus vieux scouts, qui affirment connaître toutes ces règles, il rappelle que n'importe qui, même le plus expérimenté, peut se perdre en forêt. 

«On dit que ça ne nous arrivera pas. Mais ça m'est arrivé: je me suis perdu, parce que je suivais aveuglément quelqu'un qui disait connaître très bien l'endroit.»

Il insiste donc sur la préparation, à commencer par l'élaboration d'un itinéraire à laisser à un proche. Évidemment, il faut suivre cet itinéraire. «Il y a un homme qui avait laissé un plan, mais qui avait décidé à la dernière minute d'aller sur une montagne différente, raconte-t-il. Il s'est blessé, mais lorsque ses proches ont réalisé qu'il ne revenait pas, ils ont envoyé les sauveteurs sur la montagne initiale. Il a été chanceux, un hélicoptère l'a vu en passant.»

Il faut aussi consulter la météo et prévoir les vêtements appropriés. Il est aussi toujours bon d'avoir suivi des formations, qu'il s'agisse de cours généraux en orientation ou en secourisme, ou relatifs à l'activité pratiquée. «Si vous suivez des cours en canot, vous saurez quoi faire si subitement le vent se lève et les vagues grossissent.»

Il énumère les éléments essentiels à apporter avec soi: des vêtements chauds, une lampe de poche, un sifflet, de l'eau et de la nourriture, une carte et une boussole, une couverture de survie, une trousse de premiers soins, un couteau de poche et le nécessaire pour allumer un feu.

Sans surprise, tous les scouts présents se mettent à rire lorsque M. Lacombe leur demande s'ils savent faire un feu.

Surtout, ne pas paniquer

Et si, malgré tout, ils se perdent? L'important, c'est de ne pas paniquer. «Il faut arrêter, réfléchir, observer, planifier», énumère M. Lacombe.

À l'issue de la présentation, les scouts se pressent en avant pour mettre la main sur les sifflets et les couvertures de survie que distribue le présentateur.

À 11 ans, Kassandra Rodinus affirme qu'elle connaissait déjà les règles de survie présentées. Toutefois, un détail l'a surprise. «Il y a des gens, des bénévoles, qui veulent qu'on demeure en sécurité et qui font des opérations de recherche et sauvetage sans être payés, note-t-elle. Ça m'impressionne!»