Vous êtes capable de faire le grand écart yogique et de vous tenir sur la tête? Qu'est-ce qui suit? Des professeurs expérimentés nous donnent des conseils pour approfondir la pratique du yoga. Et cela ne passe pas par des prouesses physiques. Au contraire...

Approfondir sa pratiqueÀ l'occasion du festival Wanderlust Tremblant qui se tenait il y a deux semaines à Mont-Tremblant, nous en avons profité pour demander à des professeurs expérimentés d'offrir leurs conseils pour approfondir et enrichir la pratique du yoga.

Vous êtes maintenant capable de faire une pince «parfaite», de tenir hanumanasana (le grand écart yogique!) et de vous poser sur la tête... Qu'est-ce qui suit? Au Québec, bon nombre de professeurs très expérimentés offrent d'«approfondir sa pratique». Qu'est-ce que ça veut dire et comment s'y prendre pour aller plus loin?

La porte d'entrée du yoga, surtout par les temps qui courent, est souvent une pratique d'asanas (postures) assez rigoureuse. Mais le yoga n'est pas qu'une gymnastique. En progressant et en vieillissant, les gens ont tendance et avantage à ralentir un peu leur routine physique.

Dans un studio comme le Naada Yoga, situé à Montréal, les cours plus avancés ne proposent pas nécessairement des postures plus acrobatiques. Ils vont plutôt dans le sens de l'approfondissement, en abordant la mécanique parfois même organique de chaque mouvement. Le centre Yoga uni Montréal offre aussi plusieurs ateliers, formations et pratiques intensives pour perfectionner et raffiner son yoga. Voici quelques conseils de pros.

Développer sa pratique personnelle

«C'est bien de développer sa pratique et "son" yoga, en passant régulièrement quelques minutes, seul(e), sur son tapis. Il suffit de respirer, de laisser son corps bouger comme il en a envie et de pratiquer ce qu'on se rappelle des cours suivis dans le passé», conseille Barrie Risman, qui travaille justement à son premier livre, en anglais, intitulé Evolving Your Yoga - A Seeker's Guide to Deepening, Integrating and Expanding the Benefits of Practice. La professeure montréalaise a d'ailleurs développé un programme de six semaines pour aider les gens à bâtir leur propre pratique à la maison.

Tenir ses postures plus longtemps

Si vous avez une pratique physique de type vinyasa (postures enchaînées en mouvement quasi perpétuel), très populaire par les temps qui courent, essayez de tenir certaines postures plus longtemps que d'ordinaire. C'est ce qui permet de ressentir les effets plus subtils des postures, d'observer ses réactions (impatience, inconfort, détente profonde, etc.) et de commencer à s'«ouvrir» davantage, dans tous les sens, recommande Robin Golt, qui enseigne le yoga depuis 25 ans. Sur son site, elle propose d'ailleurs «d'approfondir sa pratique» avec elle.

Trouver son intention

«Il est bien d'arriver tôt à son cours et de prendre quelques instants pour réfléchir à ce qu'on veut retirer de sa pratique, conseille Barrie Risman. Quel est mon état et de quoi ai-je besoin aujourd'hui ? On peut porter cette intention pendant tout le cours, y revenir à la fin et constater si quelque chose a bougé en soi.»

Vérifier son alignement

Dans certains cours au rythme plus rapide, les instructions sur l'alignement du corps peuvent être plutôt sommaires. Un mauvais alignement mène inévitablement à des blessures. Les écoles de yoga Iyengar (dont celle de Montréal) et les professeurs qui en sont inspirés (Yoga uni Montréal, avec Hart Lazer et Donna Read, Barrie Risman, Robin Golt et bien d'autres) vous enseignent un alignement rigoureux qui changera peut-être votre style de pratique ou vous permettra de poursuivre la vôtre avec moins de risques de blessures.

Faire une retraite de yoga

Un atelier ou une retraite occasionnels permettent de raffiner sa pratique. Dans un festival comme Wanderlust, on peut, par exemple, suivre plusieurs cours avec le ou la même professeur(e) expérimenté(e) et ainsi plonger plus profondément dans l'univers de cette personne.

Pratiquer le yoga à l'extérieur du studio

«À la fin du cours, c'est bon de se demander s'il y a quelque chose qui a été dit ou ressenti pendant le cours qui pourrait être porté en soi pendant le reste de la journée, suggère Barrie Risman. Lorsqu'on prend conscience de la manière dont on se sent après un cours, ça donne envie de pratiquer plus souvent!»

Méditer

«Pour moi, c'est la méditation qui m'a fait découvrir le yoga. J'essayais de méditer et je n'y arrivais pas. Puis j'ai rencontré un professeur extraordinaire», raconte Robin Golt, qui a par la suite découvert la pratique physique du yoga. «Certes, la méditation est considérée comme le noyau, le coeur du yoga. On peut également explorer les autres facettes, dont le chant et la contemplation», suggère Barrie Risman.

S'intéresser à la philosophie du yoga

«Pour moi, l'étude permet de clarifier mon esprit, déclare Robin Golt. Mais c'est un processus lent qui n'est pas pour tout le monde.» Si on est intéressé par cette démarche, Robin offre des cours en ligne (en anglais seulement) et, à l'automne, elle abordera (en français) les Yoga Sutra de Patanjali en quatre cours au Centre de yoga Iyengar de Montréal. Elle offre également un atelier d'un week-end à Rouyn-Noranda, début novembre.

Vivre le yoga au quotidien

Entretien avec Elena Brower qui était l'une des têtes d'affiche de Wanderlust Tremblant.Peut-être avez-vous déjà vu la gracieuse brune en couverture du Yoga Journal ou même suivi ses cours sur le site yogaglo.com.

La yogi-vedette a eu un parcours aux nombreux rebondissements. Elle a étudié auprès de plusieurs professeurs, sans jamais vraiment en appeler un son «gourou». Pendant quelques années, elle a fait partie du mouvement anusara. Elle s'en est dissociée, comme bien d'autres, lorsque le fondateur, John Friend, a été pris au coeur d'une affaire de moeurs et de mauvaise gestion financière.

Le studio d'Elena Brower, Virayoga, a été une aventure qui a duré 12 ans, jusqu'à sa fermeture en 2014. La polyvalente personnalité s'est alors retrouvée plus libre d'explorer d'autres passions, comme les huiles essentielles et l'équipe de vente qu'elle gère aujourd'hui pour doTERRA, les arts visuels et l'écriture. Son deuxième livre, Practice You, sera lancé à l'automne. Il fait suite à L'art de l'attention, dont la version française est parue chez Marabout en 2014.

Après plus de 25 ans de pratique, la mère, femme d'affaires, auteure et professeure fait le point sur la place qu'occupe le yoga dans sa vie.

Quelle a été votre première expérience du yoga?

J'ai suivi mon premier cours de yoga en 1991. Il y avait assez peu de studios à l'époque. Je me souviens d'avoir vécu une très belle expérience, une belle rencontre avec moi-même. J'étais habituée à me faire crier dessus par des professeurs de ballet et là, je me retrouvais dans un environnement parfaitement nourrissant et réconfortant. Il m'arrive encore parfois d'aller faire du yoga dans ce studio. Alan Finger, qui a par la suite fondé Ishta Yoga, a été mon premier professeur.

Quel rôle le yoga doit-il/peut-il occuper dans une vie?

D'abord, l'enseignement qu'on reçoit dans un studio devrait avant tout servir à l'extérieur du studio, dans la «vraie» vie de tous les jours. Je ne dis pas que le yoga, c'est la réponse à tout. Mais ça devrait aider à s'adapter, à soutenir ce qui fait mal, à s'épanouir, à mieux interagir avec son prochain, à vivre, quoi.

Quelle place le yoga occupe-t-il dans votre vie à vous, aujourd'hui?

J'ai d'autres emplois que celui de professeure. Je ne compte pas sur le yoga pour me faire vivre et je pense que c'est la meilleure manière d'envisager l'enseignement du yoga. J'ai envie que ça reste un plaisir. Quand on est jeune et qu'on a peu d'expérience, le fait de donner une douzaine de cours par semaine, et même plus, mène inévitablement à l'épuisement. Avec une pratique de méditation et plusieurs années d'expérience, ça peut devenir possible d'enseigner, de donner plus, mais ce n'est pas idéal. Personne ne devrait donner plus de cinq ou six cours par semaine. Quant à ma pratique personnelle, elle est toujours très riche et régulière.

Photo Thinkstock

La porte d'entrée du yoga, surtout par les temps qui courent, est souvent une pratique d'asanas (postures) assez rigoureuse.