Mais comment fait-elle? Souvent, voilà la première question qui surgit lorsqu'une personne arrive à concilier toutes ses obligations avec un entraînement assidu. Parce que tous les sportifs ont leurs secrets, Pause rencontre chaque semaine un mordu qui a décidé de faire de l'activité physique une priorité.

Mathieu Gagnon

38 ans

Traducteur

Pratique la course à pied et le vélo

Chaque matin de semaine, Mathieu Gagnon enfile ses espadrilles. Il quitte son domicile de l'est de Montréal et se dirige en courant vers le bureau où il travaille, à Longueuil. Le soir, il refait le chemin en sens inverse, toujours au pas de course. Il s'entraîne pour garder la forme, mais au passage, il en profite pour jeter sur la ville un regard différent et pour collectionner les oeuvres d'art urbaines.

D'où vient votre intérêt pour la course à pied ?

Mon sport préféré a toujours été la course. Quand j'étais jeune, mes parents m'ont amené à essayer plusieurs sports, comme le soccer ou le tennis, mais je n'ai jamais vraiment accroché. Ce que j'aimais, c'était courir. Dans les années 90, quand j'étais à l'école secondaire, je revenais dîner chez moi en courant. Je trouvais que c'était plus rapide ! J'avais vraiment un intérêt pour la course, et depuis ce temps-là, je fais des compétitions chaque année.

Comment arrivez-vous à concilier la vie de famille et la course ?

J'essaie de ne pas trop exagérer, parce que j'ai trois enfants de 3, 7 et 9 ans à la maison. Je ne peux pas non plus m'absenter tous les dimanches pour courir. La fin de semaine, je fais des activités avec les enfants, et la semaine, je fais mes entraînements. J'aide les enfants à se préparer pour l'école, et ensuite, je mets mes vêtements de course, j'enfile un petit sac qui tient bien dans le dos et je fais un 10 kilomètres le matin pour aller au boulot, du lundi au vendredi. Le soir, je refais le trajet en sens inverse. J'habite près du Stade olympique, à Montréal, et je travaille à Longueuil, près du métro. Ça me prend environ 50 minutes.

Il y a quand même un certain dénivelé, si vous passez par le pont Jacques-Cartier, non ?

C'est sûr que ce n'est pas un petit 10 km pépère ! Quand je suis plus fatigué, je prends le vélo. J'y vais plus relaxe, parce que je ne suis pas de nature compétitive à vélo. Quand on est fatigué, vaut mieux se reposer. Des fois, je me dis que si j'avais eu une meilleure nuit, j'aurais été meilleur dans ma course, mais je le prends comme ça vient. Je ne m'entraîne pas pour les Olympiques, je m'entraîne pour être en forme le plus longtemps possible et parce que j'aime ça. C'est tellement agréable ! Ça me fait un bon entraînement pour partir la journée. J'arrive bien réveillé et prêt à commencer ma journée au travail. Heureusement, il y a des douches (rires). Le soir, je suis là pour souper avec les enfants...

Quels autres avantages voyez-vous à courir soir et matin ?

J'aime découvrir la ville, les quartiers... ça m'amène à voir la ville d'un angle différent que lorsqu'on est pris dans le trafic. J'ai la chance de pouvoir couper par les parcs, passer par les ruelles, regarder les décorations de Noël. [...] Avec le temps, j'ai remarqué que, dans l'est de Montréal, il y a beaucoup de graffitis ou encore de belles oeuvres d'art, des murales payées par la Ville. Je me suis mis à les rechercher. Je m'amuse à les photographier et j'en mets une par jour sur ma page Facebook. J'ai donc un petit objectif de découverte, et ça évite la monotonie. Ça m'évite de penser à l'effort physique. Je me dis plutôt que j'ai hâte d'arriver à telle ruelle, pour aller écornifler. Ça me fait un beau moment dans la journée.

Est-ce que vous entendez cette petite voix que l'on entend parfois et qui nous amène à manquer un entraînement ?

Comme tout le monde, ma petite voix me parle ! Ça m'arrive souvent le matin de me dire : « Bof, est-ce que ça me tente vraiment de courir ce matin ? La nuit a été courte... » Dans ce temps-là, je me dis qu'au pire, il y a des stations de métro tout le long de mon trajet. Si ça ne va pas, je peux faire une partie du trajet en transport en commun. Je commence à courir, et ça ne m'est à peu près jamais arrivé d'arrêter pour prendre le métro. Il ne faut pas trop l'écouter, cette petite voix, parce qu'on ne s'entraînerait pas beaucoup. Quand je sens que mes jambes ne sont pas fatiguées, je me dis qu'il faut que j'essaie, au moins.

Vous courez même l'hiver ?

Je trouve que la neige, ce n'est pas un problème. Le problème que je rencontre, c'est le pont Jacques-Cartier qui est fermé aux piétons, l'hiver. [...] L'option plate que j'ai trouvée, c'est de courir jusqu'à la station Berri-UQAM et de traverser à Longueuil en métro.

Avez-vous un conseil à donner à ceux qui voudraient, eux aussi, courir avec la même assiduité que vous un jour ?

Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Il ne faut pas avoir peur du regard des autres. Même si une personne court lentement, je trouve que c'est super de vouloir être actif et de se déplacer autrement. Aussi, il ne faut pas s'arrêter à un obstacle : il faut voir comment le contourner. S'il n'y a pas de douche dans notre milieu de travail, on peut utiliser des lingettes. Ou encore, on peut faire la moitié du trajet à la course ou faire uniquement l'aller ou le retour. Il y a toujours moyen de trouver une façon d'être actif quand on le veut.