Partout au Québec, des innovations permettent à des médecins, à des infirmières et à d'autres professionnels de la santé de garder le contact avec des patients qui, dans certains cas, n'ont plus à se déplacer. Présentation de quelques-uns de ces projets.

Accompagner les patients diabétiques

« Un bon contrôle de la glycémie évite à long terme les complications chez nos patients. À quatre injections d'insuline par jour, parfois plus, ça nécessite que le patient gère sa maladie et soit autonome », explique la Dre Sophie Bernard, endocrinologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

De la maison, les patients utilisent un logiciel pour entrer les résultats des tests de glycémie et répondent à des questions relatives à ceux-ci. À l'autre bout du réseau, une équipe de professionnels révise les données et conseille le patient, puis, dans le cas de valeurs hors norme, communique avec lui pour faire un suivi. « Dans la pratique, on ne peut pas voir les patients à intervalles rapprochés, mais avec une telle plateforme, c'est une prise en charge continue. »

Pour la Dre Bernard, la télésanté permettra de suivre à distance une plus grande population diabétique, de faire le lien avec les personnes en région et d'aller plus loin que la simple rencontre ponctuelle. 

Des échographies chez les femmes enceintes du Nunavik

« Il s'agit d'échographies au deuxième trimestre que l'on fait chez toutes les femmes enceintes et d'échographies de datation de grossesse et de viabilité, faites au premier trimestre », précise le Dr Robert Gagnon, directeur de l'obstétrique à l'Université McGill et au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Après que des technologues ont été formés pour réaliser eux-mêmes des échographies sans qu'un médecin soit sur place, une première au Québec, une plateforme a été déployée pour permettre la lecture des résultats à distance.

« De Montréal, on valide les images et on envoie notre rapport via le système informatique. Lorsqu'il y a des cas urgents qui sont détectés à l'échographie, on complète l'examen en temps réel à distance avec l'équipe au Nunavik. Non seulement ça donne un meilleur support aux médecins dans le Nord, mais ça permet d'identifier les grossesses à risque élevé », explique le Dr Gagnon.

Celui qui pratique la médecine depuis 1981 a été témoin de l'arrivée de la télésanté : « Lorsque la pression sur les ressources est trop forte, je crois que la télésanté aide aux ressources hospitalières sollicitées. Pour l'imagerie médicale, on fait entre 1200 et 1400 interprétations d'échographies par année. »

Traiter un AVC à distance

L'AVC est causé par un caillot qui bloque une artère. On estime qu'une personne par heure au Québec en est victime. « La thrombolyse augmente de 13 % les chances de ne pas garder de séquelles. C'est l'injection d'un médicament qui dissout le caillot qui obstrue le vaisseau sanguin dans le cerveau. Le traitement doit être donné en dedans de 4 h30 », précise la Dre Nicole Daneaut, directrice du programme de santé neurovasculaire au CHUM.

En dehors des grands centres, lorsqu'un urgentologue soupçonne un AVC, il contacte le neurologue de garde qui examine le patient à distance à l'aide d'un ordinateur et d'une caméra : « Ça permet de déterminer s'il s'agit d'un candidat à la thrombolyse. Si oui, on détermine la dose et on amorce le traitement », explique la Dre Daneault. Avant la télésanté et la téléthrombolyse, ces patients n'étaient tout simplement pas traités, faute de ressources dans les régions.

Soins intensifs pédiatriques

Le projet TELSIP permet d'intervenir à distance auprès de patients à l'unité de soins intensifs pédiatriques. « En phase 1 du projet, grâce à des caméras fixes ou mobiles, le médecin de garde qui n'est pas à l'hôpital peut voir l'enfant directement dans sa chambre », explique Macha Bourdage, chef de service des soins pédiatriques au Centre Mère-Enfant du Centre hospitalier universitaire de Québec.

Au lieu d'avoir seulement les informations par téléphone, en cas d'urgence, le médecin se branche en direct à partir de son ordinateur portable et communique avec les infirmières et les autres membres de l'équipe soignante. La technologie permet une interaction au sein de l'équipe malgré la distance.

En phase 2 du projet TELSIP, on souhaite permettre un contact visuel en visioconférence avec des hôpitaux associés afin de collaborer en direct avec les équipes médicales qui pratiquent des manoeuvres de réanimation ou qui soignent des enfants gravement malades dans les urgences. Une première tentative a été réalisée l'été dernier, durant laquelle la Dre Bourdage a soutenu pendant 60 minutes une équipe, à l'hôpital de La Pocatière, en réanimation avant que l'enfant soit transféré à Québec.

Un suivi en télésoins à domicile

En Estrie, le projet de suivi à domicile vise une clientèle atteinte d'une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). « On le voit comme un stage pour le patient. L'objectif premier est la transmission de connaissances et le développement de compétences. On veut que l'usager puisse mieux gérer sa maladie », décrit Sonia Quirion, du Centre de coordination de la télésanté du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. Le service, qui est offert par des inhalothérapeutes, se fait à partir d'un ordinateur ou d'une tablette à la maison du patient. À travers des protocoles qui lui sont transmis, ce dernier répond à des questions qui visent à évaluer son état de santé et apprend à mieux comprendre sa maladie. La durée du stage est de quatre à six mois et l'âge moyen des utilisateurs est de 69 ans. À travers la plateforme d'accompagnement, on trouve une bibliothèque virtuelle avec de la documentation et des capsules vidéo. « Les gestionnaires de suivi ciblent le matériel éducatif qu'ils doivent transmettre à l'usager au moment opportun », souligne Mme Quirion.