Nul n'est à l'abri d'un cancer de la peau et d'un vieillissement prématuré s'il s'expose aux rayons ultraviolets. Alors que s'amorce la saison de la baignade et des pique-niques, notre journaliste a interrogé les experts sur les bons réflexes à développer pour se protéger adéquatement du soleil et éviter l'irréparable.

SAUVER SA PEAU

Les médicaments peuvent fragiliser la peau. C'est le cas, notamment, de certains antibiotiques, anovulants et anti-inflammatoires. On s'informe auprès de son pharmacien.

CHERCHER L'OMBRE

La meilleure façon de se protéger contre le soleil est de fuir le soleil ! On évite de s'exposer entre 9 h et 16 h et en particulier sur l'heure du midi, moment où la plupart des gens se font brûler. On sera encore plus vigilant si l'index UV de la journée est élevé.

SE COUVRIR ADÉQUATEMENT

L'idéal est de mettre des vêtements anti-UV ou opaques (tissés assez serré pour ne pas laisser passer la lumière) et de réserver la crème solaire aux zones exposées, conseille le Dr Demirjian. Un chapeau à larges bords (la casquette ne protège ni le cou ni les oreilles) et des lunettes solaires à verres polarisés permettront de couvrir tête et yeux.

APPLIQUER SON ÉCRAN SOLAIRE AVANT L'HEURE DU LUNCH

La plupart des gens qui travaillent se font brûler sur l'heure du dîner. Si les formules reconnues sont conçues pour être stables pendant au moins cinq heures, elles sont modifiées une fois exposées aux ultraviolets. Lorsqu'on va sous le soleil, on veille à mettre un écran solaire 15 à 30 minutes avant de sortir dans le cas des filtres solaires. Les écrans physiques sont quant à eux actifs dès l'application.

GARDER SON ÉCRAN SOLAIRE AU FRAIS

Comme c'est le cas avec tous les médicaments, la chaleur risque de modifier les ingrédients présents dans la protection solaire. Pour cette raison, on la garde au frais !

SAUVER SA PEAU

Quelque 52 % de la population n'aurait jamais fait vérifier ses grains de beauté et seulement 6 % le ferait chaque année*. Or, la majorité des cancers de la peau se développent à partir d'un grain de beauté.

Un cancer de la peau pourrait être traité efficacement dans 90 % des cas* s'il est détecté assez tôt. Dans le meilleur des mondes, nous aurions tous accès facilement à un dermatologue pour vérifier nos grains de beauté et détecter ceux qui sont suspects. La réalité est toutefois qu'un dermatologue n'est pas toujours présent et disponible pour répondre à la demande.

Dans ce contexte, l'autoexamen est un exercice que nous aurions intérêt à intégrer à nos habitudes de vie, selon les spécialistes. Pour suivre l'évolution de nos grains de beauté, la méthode ABCDE est une référence approuvée en dermatologie. Elle s'appuie sur ces critères : l'asymétrie (A), la bordure (B), la couleur (C), le diamètre (D) et l'évolution (E).

COMMUNAUTÉ D'AMBASSADEURS



L'autodiagnostic ne remplace pas une expertise professionnelle, mais vise à détecter un maximum de cancers de la peau entre deux visites. En effet, plus le cancer est pris tôt, plus les chances de survie sont élevées. Dès qu'il y a un doute, on prendra rendez-vous avec un médecin généraliste pour un diagnostic officiel. Ce dernier pourra donner accès à un dermatologue plus rapidement au besoin. Toute personne qui a un historique de problèmes de peau ou des grains de beauté irréguliers devrait toutefois consulter un dermatologue sur une base régulière.

Pour faciliter l'identification des lésions suspectes, La Roche-Posay a créé un outil qui permet de cartographier ses grains de beauté et d'en suivre les transformations selon la méthode ABCDE. En association avec la Société canadienne du cancer, elle invite également la population à se joindre à une communauté d'ambassadeurs pour la sensibilisation au cancer de la peau, à travers sa campagne « Devenez un skin checker » et son application du même nom.

Voyez la méthode ABCDE : http://www.laroche-posay.ca/resources/FR/abcde-method_FR.pdf

*Selon un sondage effectué par La Roche-Posay

DIAGNOSTIC À PARTIR D'UNE PHOTO



Sur l'internet, plusieurs sites offrent la possibilité d'obtenir un diagnostic rapide d'un grain de beauté à partir d'une photo. Or, tout repose sur la qualité de l'image. Selon le dermatologue Ari Demirjian, la seule façon d'évaluer sans ambiguïté tout type de mélanome est d'utiliser un dermatoscope, un instrument dont sont équipés les dermatologues et qui permet de voir au travers de la peau.

La clinique Centre médical urbain a développé un projet pilote de télédermatologie qui fait appel à cette technique : dans le doute, un patient peut prendre rendez-vous avec un médecin de famille de la clinique, qui pourra observer les grains de beauté au moyen d'un dermatoscope. « Cette façon de faire permet d'obtenir une réponse dans un délai de 72 heures maximum. Le médecin généraliste pourra ensuite prendre les mesures nécessaires pour trouver le traitement approprié », explique Marie-Pierre Faure, qui est l'une des initiatrices du projet.

https://www.facebook.com/CentreMedicalUrbain ?fref=ts

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Le choix d'une crème solaire

Quel écran solaire privilégier ? L'offre peut laisser perplexe, car les protections contre le soleil se présentent sous diverses formes, multipliant les promesses, les indices de protection, les textures et les parfums. De quoi a-t-on vraiment besoin ?

Les produits destinés à combattre le soleil s'équivaudraient pour la plupart en terme de protection, dans la mesure où il est précisé qu'ils offrent une protection à large spectre (contre les UVA et les UVB), selon le dermatologue Ari Demirjian. Là où ils se démarqueraient, c'est surtout dans les textures, les compositions, les indices de protection et les parfums.

Dans tous les cas, l'important est de les utiliser à la bonne fréquence et dans des quantités adéquates. On pourra aussi redoubler de vigilance en optant pour un produit portant le sceau de l'Association canadienne de dermatologie.

L'APPLICATION

Premier geste à retenir : s'assurer d'appliquer l'écran solaire partout où la peau est exposée au soleil. Dans le cas des formules en vaporisateur, on s'assurera d'utiliser une quantité suffisante de produit et de l'étendre à la main après l'avoir vaporisé, pour bien couvrir chaque parcelle de peau. Santé Canada recommande également de les utiliser dans des lieux aérés, car leurs émanations peuvent être irritantes pour les poumons.

LA QUANTITÉ

Problème récurrent, selon les dermatologues : on applique trop peu d'écran solaire. Pour une personne de taille moyenne vêtue d'un maillot ou l'équivalent, on recommande l'utilisation de 2 c. à soupe ou 30 ml de produit par application. Or, la majorité des bouteilles d'écran solaire sur les tablettes se présentent dans un format de 100 ml. Une personne qui passe sa journée au soleil devrait donc utiliser l'équivalent d'une bouteille par jour, par personne, ce qui équivaut à 28 bouteilles d'écran solaire pour une famille de quatre personnes en vacances pour une semaine ! Aussi bien leur réserver une valise ! La solution la plus économique, et la plus simple, demeure de se couvrir avec des vêtements opaques et de protéger la peau qui reste exposée avec un écran solaire.

ÉCRAN PHYSIQUE OU ÉCRAN CHIMIQUE ?

Plusieurs écrans solaires offerts sur le marché combinent des ingrédients chimiques et des ingrédients minéraux comme l'oxyde de zinc (qu'on applique aussi sous forme de pâte sur les fesses de bébé pour prévenir les irritations) et le dioxyde de titane, présents dans les écrans physiques et les écrans mixtes. Certaines formules sont toutefois offertes uniquement dans l'une ou dans l'autre de ces options. Laquelle est la meilleure ?

« Au niveau de l'efficacité, les deux groupes se valent, mentionne le dermatologue Ari Demirjian. Leur fonctionnement est tout simplement différent. Les écrans minéraux ou physiques [...] réfléchissent les rayons UV, les empêchant de pénétrer dans le derme. Quant aux écrans chimiques, ils transforment les rayons pour les neutraliser. »

DEVRAIT-ON CRAINDRE LES ÉCRANS SOLAIRES ?

Certains ouvrages ont soulevé des doutes quant à l'innocuité des ingrédients utilisés dans ces filtres solaires. Une étude réalisée récemment par l'organisme Environmental Working Group (EWG), révèle que 80 % des 1700 produits destinés à combattre les rayons UV qui ont été analysés pourraient être potentiellement dommageables pour la santé. Plusieurs contiendraient en effet des ingrédients soupçonnés d'être cancérigènes ou d'agir comme perturbateurs endocriniens. Ce serait le cas, entre autres, des benzophénones dont fait partie l'oxybenzone, une substance largement utilisée dans ce type de produits.

Les dermatologues appellent à la vigilance, mais sont toutefois unanimes : considérant les risques évidents associés à l'exposition au soleil et les doutes qui planent encore sur ces études, il y a plus de bénéfices à mettre un écran solaire que de ne pas en mettre.

Ceux qui s'inquiètent de la composition des écrans chimiques peuvent toutefois privilégier une protection minérale, sans craindre d'être moins bien protégés, selon Ari Demirjian. Idem pour les gens qui ont des peaux très réactives et qui sont plus sujettes à réagir à certains ingrédients, notamment l'oxybenzone et le PABA.

« Tous les ingrédients ont le potentiel de provoquer une réaction. L'oxybenzone est l'ingrédient auquel les gens réagissent le plus. On le retrouve dans 50 % des écrans offerts sur le marché », prévient le dermatologue.

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ET LES NANOPARTICULES ?

De plus en plus d'études soulèvent des questionnements quant aux possibles dangers des nanoparticules, ces particules ultrafines qui ont le pouvoir de pénétrer plus en profondeur dans la peau et possiblement de s'infiltrer dans le sang, et qu'on retrouve dans les écrans solaires minéraux et les écrans mixtes pour des raisons esthétiques. L'oxyde de zinc et le dioxyde de titane (qui fait l'objet de mises en garde) laissent en effet une pellicule blanche sur la peau. Réduits en nanoparticules, ils sont moins visibles.

On s'inquiète toutefois de leurs répercussions négatives sur l'environnement et sur la santé lorsqu'elles sont appliquées sur la peau ou inhalées. « Certaines études ont démontré qu'il pourrait y avoir des dangers, d'autres, non. On n'est pas certains, mais on a des soupçons, affirme le Dr Demirjian. Dans le doute, on pourra s'assurer que les ingrédients se présentent sous une forme "micronisée" ou qu'il est précisé que les formules sont sans "nanoparticules" ».

À vérifier avant d'acheter

Type de protection, sensibilité de la peau, résistance à l'eau... Une grande variété de crèmes solaires sont disponibles sur le marché. Petit guide pour s'y retrouver.

PROTECTION UVA ET UVB

L'important est de s'assurer que l'écran nous protège contre les rayons UVA (qui créent des dommages en profondeur) et UVB (plus puissants, qui causent le rougissement et s'attaquent aux couches superficielles de la peau). L'indice FPS est un indicateur qu'un produit offre une protection contre les rayons UVB. Pour être aussi protégé contre les UVA, il faut en chercher la mention ou s'assurer que le produit offre une protection à large spectre.

POUR PEAU SENSIBLE

Dans les produits pour peau sensible, on a retiré les ingrédients comme les parabènes ou les parfums qui provoquent des réactions chez les peaux réactives. Certains ingrédients actifs soupçonnés de provoquer plus d'allergies ont été ici remplacés par d'autres ou sont présents dans des proportions moins importantes.

DATE D'EXPIRATION

À vérifier à l'achat pour s'assurer que les ingrédients sont encore actifs. Une fois la bouteille ouverte, le produit devrait être rapidement utilisé lorsqu'on en fait bon usage. S'il a traîné dans un placard pendant une ou deux saisons, mieux vaut en disposer pour s'assurer que sa formule est encore intacte.

POUR LE VISAGE, LE CORPS, LES LÈVRES ET LES YEUX

La différence entre ces différentes options réside dans leurs textures et non dans leur pouvoir de protection. Les écrans solaires pour le visage ont normalement une texture plus fluide qui peut faire office de base de maquillage. Ceux pour les yeux ou les lèvres sont conçues pour tenir adéquatement, sans couler dans les yeux ou disparaître après qu'on ait bu, explique Josée Bordeleau, responsable des communications et relations médicales chez La Roche-Posay.

POUR ENFANTS

La différence entre une formule pour enfants et l'une qui ne le précise pas est dans le type et les proportions des ingrédients qui entrent dans la composition. Les écrans pour petits respectent normalement les besoins des peaux sensibles. « On ne veut pas d'agents de conservation forts dans un écran solaire pour enfants, mentionne Josée Bordeleau. On dit maintenant qu'on peut appliquer une crème solaire sur un enfant de 3 mois et plus. Honnêtement, je ne mettrais pas un enfant de 3 mois au soleil ! Mais si on a peur de la réflexion du soleil ou qu'on ne peut pas l'éviter, on limite les risques de réaction avec ce genre de produit. » Dans bien des cas, cependant, la différence entre une crème pour adultes ou pour enfants est davantage une question de marketing, la version pour bambins se présentant dans des parfums qui plaisent davantage aux petits.

CRÈME, LOTION, BÂTON ET VAPORISATEUR

Question de préférence ! « La raison pour laquelle nous offrons un indice en plusieurs types de textures, c'est qu'on veut que les gens les portent ! », révèle Mme Bordeleau. On pourra se tourner vers la texture qui nous convient le mieux en fonction de nos goûts et de nos activités.

HYDROFUGE OU NON

Si on va se baigner, ou qu'on pratique une activité qui nous fait transpirer, il est préférable d'utiliser un écran qui résiste à l'eau. « On s'assure alors de l'appliquer 30 minutes avant la baignade ou l'activité pour que la protection adhère bien à la peau », précise Ari Demirjian.

L'INDICE

L'indice de protection solaire ou FPS (facteur de protection solaire) est un indicateur du temps qu'on pourra passer au soleil sans brûler une fois exposé aux rayons UVB. Un IP de 15 signale qu'il faudra 15 fois plus de temps pour avoir un coup de soleil que si on ne porte pas de protection. Plus l'indice est élevé, plus on est protégé, donc. Théoriquement. En réalité, les compositions atteignent rapidement un plateau. La différence de protection entre un FPS 30 et un FPS 60 est plutôt faible (2 %). Par ailleurs, plus l'indice est élevé, plus la formule contient d'ingrédients chimiques. Un FPS 30 serait suffisant pour la majorité des peaux, selon Ari Demirjian. « L'important, c'est surtout de réappliquer son écran aux deux heures, peu importe l'indice. » Les personnes qui ont des problèmes cutanés ou dont la peau est fragilisée par des médicaments pourront se tourner quant à eux vers un indice de 60.

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