« Même s'il y a des femmes qui sentent qu'on est contre elles, on travaille POUR elles.  »

Lorsqu'elle demande à une patiente de perdre du poids avant une fécondation in vitro, ce n'est pas pour l'embêter, encore moins pour la « rentabiliser », assure Louise Lapensée, obstétricienne-gynécologue à la clinique Ovo. C'est pour maximiser ses chances de tomber enceinte et réduire les risques pour sa santé et celle de l'enfant à venir.

La clinique Ovo a resserré ses règles concernant le poids des patientes en 2011, après la publication d'études démontrant que les chances de grossesse diminuent avec le gain de poids et que les taux de fausses-couches augmentent. Les femmes obèses sont aussi plus sujettes à des complications pendant le processus de fécondation, mais aussi pendant la grossesse et l'accouchement.

Soulignons que, en 2011, la question des traitements de fertilité chez les femmes obèses avait été débattue lors d'un colloque à Toronto. Des obstétriciens-gynécologues plaidaient pour établir une limite stricte, tandis que d'autres jugeaient cette mesure simpliste, voire paternaliste et discriminatoire.

DES AVANTAGES

Aucun médecin ne le niera : les femmes obèses ont avantage à perdre du poids avant une fécondation in vitro.

Souvent, souligne le Dr Jacques Kadoch, directeur médical de la clinique de procréation assistée du CHUM, le surpoids est directement lié à l'infertilité. Au-delà d'un seuil de poids propre à chacune, les femmes peuvent avoir des cycles menstruels irréguliers ou pas de règles du tout.

La perte de poids permet aussi d'augmenter les chances de succès de la FIV et de diminuer les risques de fausse-couche, bien que les études qui portent sur la question ne soient pas unanimes.

Selon une étude de l'Université de Valence publiée en 2009, le taux de grossesse est de 45 % chez les patientes ayant un poids normal et de 38 % chez les femmes dont l'indice de masse corporelle (IMC) dépasse 30. L'été dernier, une étude de l'Université de Dalhousie (Halifax) a plutôt conclu qu'il n'y avait pas de différence significative dans les taux de grossesse et de naissance, que les femmes aient un poids normal ou un surplus de poids.

Selon le Dr Neal Mahutte, directeur du Centre de fertilité de Montréal, l'étude la plus exhaustive menée sur le sujet a été publiée en 2011 par une équipe de chercheurs américains. Dans cette étude, le taux de grossesse est de 43 % chez les femmes dont l'IMC est normal, de 39 % chez celles dont l'IMC va de 35 à 40, et de 37 % pour les femmes dont l'IMC est supérieur à 40.

« Il n'y a pas de doute qu'il y a une différence, mais cette différence est relativement faible », estime le Dr Mahutte.

ENCEINTE NATURELLEMENT

Le CHUM s'apprête à publier une étude réalisée sur 127 patientes obèses (IMC de 35,8 à 38,2) suivies par un nutritionniste et un endocrinologue. Après sept mois et demi, plus de la moitié étaient enceintes. Fait à noter : la majorité des femmes qui sont tombées enceintes n'ont pas eu besoin de fécondation in vitro. Elles y sont arrivées en perdant du poids et - pour la plupart - en prenant une médication pour contrôler le diabète, l'ovulation ou le taux d'hormones.