Isabelle Asselin, enseignante, 38 ans, mariée et mère de trois enfants de 5, 7 et 10 ans, s'est initiée très jeune au ski de fond récréatif, puis à la compétition. Dans chaque nouvelle activité, elle voulait briller. Mais sa vie de famille lui fait aujourd'hui réaliser que le bonheur se trouve aussi dans les petits plaisirs quotidiens, sans l'atteinte d'aucun «objectif».

Tombée dedans petite

Dès l'âge de 6 et 5 ans, Isabelle et son petit frère suivaient leur père, enseignant en éducation physique, tous les week-ends en randonnée de ski de fond. Leurs deux aînés faisaient quant à eux surtout du ski alpin. Isabelle se souvient encore du bonheur qu'elle éprouvait à déguster «la même mandarine, sur le même petit pont, pendant que notre père nous racontait la même histoire». À l'adolescence, elle a commencé la compétition de ski de fond jusqu'à une carrière junior, à l'âge de 19 ans.

Pause bébés

Isabelle a rencontré son futur mari vers l'âge de 24 ans. Elle venait de déménager en Outaouais pour travailler en enseignement. «Tout a déboulé très vite.» Ils ont décidé d'avoir un enfant. Puis un deuxième. «Enceinte de mon deuxième enfant, je nageais énormément. J'ai eu un bébé très fort, étonnamment mince, sans aucun gras...!» Entre-temps, le couple organisait des sorties familiales en vélo avec le chariot ou en ski de fond parmi les autres membres du club Nakkertok.

Encore la performance

Quand son dernier enfant, Rose, a eu 2 ans et demi, Isabelle a senti de nouveau l'appel de la performance. «Je me suis dit: je me fixe des objectifs sur cinq ans.» Elle a recommencé à s'entraîner dans le but de parcourir les 51 km de ski de fond de la Loppet de Gatineau, qui a eu lieu en février. Elle devait courir dehors et en salle, cinq jours sur sept, le midi, autant que possible, ou très tôt le matin. Et skier quatre heures tous les week-ends.

Après ce défi, tant qu'à y être, elle s'est attaquée aussi au demi-marathon d'Ottawa. À partir de là, elle estime avoir réalisé ce qu'elle voulait accomplir. «Ça va me manquer de ne plus performer. Mais j'assume ce choix de mettre la compétition de côté. Mon mari et mes enfants m'ont donné beaucoup de latitude...»

Vie de famille nourrissante

«Ici s'arrête le mode athlète. Je me recentre sur ma vie de famille», précise Isabelle. L'épisode du «retour à ses 16 ans» est révolu. Daniel, son mari, a pris la maisonnée en main le soir et les week-ends pendant la dernière année. Aujourd'hui, Isabelle se recentre sur sa vie de famille. Elle goûte de nouveau aux plaisirs de cuisiner avec les enfants, de prendre le temps de regarder les feuilles dans les arbres et d'écouter le chant des oiseaux, pendant les sorties en famille.

Moins de télé, plus de choses utiles

Pour elle, la joie d'accompagner les enfants va de pair avec une prise de conscience sur le gaspillage de temps devant la télé ou l'ordinateur. Émile, 10 ans, aime faire les lunchs de la semaine. Sa mère l'aide dans ses achats à l'épicerie et c'est lui qui concocte le menu. «Il prend de l'avance le dimanche pour le reste de la semaine.» Ensemble, ils préparent les crudités et des sandwichs, ou des biscuits maison pour les collations. Gabriel, lui, rouspète en vidant le lave-vaisselle, mais il se plie de bonne grâce au nettoyage de la litière. «Je demande à mes enfants de m'aider un peu dans la maison.»