Au Canada, 65 000 enfants de 14 ans et moins ont un bracelet ou un pendentif MedicAlert, précisant quels sont leurs problèmes de santé - allergies, asthme, diabète, épilepsie, etc. Mais il est difficile d'en faire porter aux tout-petits... et aux adolescents qui les snobent. Des solutions de rechange originales apparaissent.

TATOUAGES TEMPORAIRES

En infériorité numérique. C'est ainsi que Michele Welsh s'est sentie lors d'une visite dans un parc d'attractions, avec ses trois jeunes enfants et son mari. Au cas où les petits s'égareraient, elle a écrit son numéro de cellulaire sur leurs bras, avec un stylo.

À la suite des commentaires enthousiastes reçus, la mère de Baltimore a poussé l'idée plus loin. Elle a inventé les SafetyTat, des tatouages temporaires donnant un numéro à joindre en cas d'urgence, à coller aux bras des enfants - et des adultes souffrant d'alzheimer ou d'aphasie.

Sa belle-soeur lui a ensuite demandé de créer un tatouage temporaire précisant de quelles allergies souffre celui qui le porte. « Mon neveu a une allergie potentiellement mortelle aux noix », explique Mme Welsh par courriel. C'est ainsi qu'est né le SafetyTat pour allergiques (on peut voir toute la gamme au www.safetytat.com).

Bien sûr, les jeunes allergiques peuvent plutôt porter un bracelet MedicAlert indiquant quels aliments ils doivent éviter. « Mais les enfants estiment que les tatouages sont plus amusants », fait valoir la créatrice de SafetyTat.

Dur à voir l'hiver

Emma Roberge, 11 ans, est allergique aux arachides et à quelques noix. En été, sa mère, Jaime Damak, utiliserait les tatouages temporaires. « Mais l'hiver, avec un chandail à manches longues, je me demande à quoi ça servirait, observe Mme Damak, auteure du site jesuisunemaman.com. La première chose à faire, c'est de parler avec les gens des allergies de son enfant. Puis, je crois qu'il vaut mieux utiliser un bracelet ou un collier disant quelles sont les allergies, plutôt qu'un tatouage. »

Lise Samson, dont le fils souffre aussi de plusieurs allergies, voit l'utilité des SafetyTat en voyage à l'étranger, puisqu'on peut y noter les allergies dans la langue locale. « Cependant, le port du bracelet médical est à privilégier, car il peut plus facilement être repéré en cas d'urgence, souligne Mme Samson, membre du conseil d'administration d'Asthme et Allergies Québec. Pour l'instant, c'est plutôt inhabituel de trouver des renseignements médicaux sur un tatouage. Ce n'est probablement pas là que les intervenants d'urgence le chercheraient. »

« Méfiez-vous des imitations », dit d'ailleurs la Fondation canadienne MedicAlert sur son site internet. Contrairement aux tatouages, les plaques médicales MedicAlert donnent un numéro d'urgence fonctionnant en tout temps. Mais ce service se paie 5 $ par mois, sans compter le prix du bijou, qui va de 39 $ à 2649 $. En comparaison, 24 tatouages temporaires SafetyTat coûtent 19,99 $ US.

Bracelet pour tout-petits

Au Québec, le site dejouerlesallergies.com offre le bracelet Allerbling, convenant aux enfants de 3 ans et plus, vendu 19,95 $. Son avantage : il permet d'indiquer visuellement quels sont les allergènes, en y ajoutant des pastilles ornées de dessins d'arachides, noix, poisson, etc. Utile quand l'enfant allergique - et ses amis de la garderie - ne sont pas en âge de lire. « Il y a vraiment un besoin pour les jeunes enfants ; c'est notre plus gros vendeur », dit Marie-Josée Bettez, fondatrice du site.

Mme Bettez préfère ce bracelet aux tatouages temporaires. « J'ai un profond malaise avec le fait de mettre directement sur la peau de l'enfant sa condition médicale, observe-t-elle. Avant d'être allergique, l'enfant est une personne. »

SÉDUIRE LES ADOLESCENTS

Christophe Bettez-Théroux, 15 ans, porte un bracelet médical indiquant qu'il souffre d'asthme et d'allergies. Oubliez la chaîne classique : l'adolescent a plutôt le bonheur de posséder un bracelet en cuir fait par un artisan, sur lequel se trouve sa plaque MedicAlert.

« C'est important que le bracelet plaise aux ados, si on veut qu'ils le portent », observe Marie-Josée Bettez, mère du jeune homme et auteure de Déjouer les allergies, paru aux éditions Québec Amérique.

Pour joindre l'utile à l'agréable, Emma Roberge, 11 ans, a quant à elle des bracelets de huit couleurs différentes, tous compatibles avec la plaque médicale précisant qu'elle est allergique aux arachides et aux noix. « J'aime ça, parce que le matin, je peux mettre un bracelet qui va avec ce que je porte », indique la jeune fille. Sa mère a trouvé ce lot de bracelets - vendu 29,99 $ US - sur le site americanmedical-id.com.

Pour avoir la permission de sortir de classe

Même la Fondation canadienne MedicAlert a compris qu'elle devait diversifier son offre. Des bracelets en cuir Roots, des bracelets sport en nylon, des chaînes Swarovski sont vendus avec l'emblème médical officiel de MedicAlert. « Nous offrons plus de 100 styles différents », précise Monica Andrus, directrice du marketing de la Fondation.

Porter un bracelet médical est utile en cas d'urgence. Ça l'est aussi à l'école secondaire, où les enseignants en entendent des vertes et des pas mûres... « Mon fils doit parfois sortir de classe pour utiliser sa pompe Ventolin, témoigne Mme Bettez. Si le professeur est plus ou moins convaincu, il lui suffit de montrer son bracelet indiquant qu'il est asthmatique pour pouvoir sortir. C'est comme une validation. »

Photo Jessica Garneau, Imacom\ La Tribune

Emma Roberge, 11 ans, a des bracelets médicaux de huits couleurs différentes, ce qui lui permet de les agencer à sa tenue.

Photo Yan Doublet, Le Soleil

Christophe Bettez-Théroux, 15 ans, porte un bracelet en cuir fait par un artisan, indiquant qu'il souffre d'asthme et d'allergies.