La testostérone des hommes rend le vaccin antigrippal moins efficace, selon une étude californienne parue juste avant Noël. Son auteur principal propose que la dose soit doublée pour les hommes.

«On sait que la réponse immunitaire varie beaucoup entre hommes et femmes», explique l'auteur principal de l'étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences David Furman, de l'Université de Bordeaux, qui a fait ces travaux durant son post-doctorat à l'Université Stanford. «Mais on n'en tient pas vraiment compte dans les études publiées, pour deux raisons. Faire deux types de vaccin, un pour les hommes et un autre pour les femmes, serait coûteux. Et les chercheurs utilisent généralement des souris soit mâles soit femelles pour diminuer les variations naturelles des données, l'écart-type, et avoir des résultats plus clairs. Le résultat, c'est que les hommes sont moins protégés que les femmes par les vaccins antigrippaux.»

Quelques petites études cliniques ont examiné la possibilité d'un vaccin plus puissant pour les hommes, mais aucune politique publique en ce sens n'a jamais été tentée, selon le microbiologiste d'origine argentine, joint à Buenos Aires.

Étude «intéressante»

Karl Weiss, microbiologiste à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, juge «intéressante» l'étude, mais prématurée une telle recommandation. «Il faudrait faire des études prospectives, dit-il. C'est tiré un peu fort de faire une assertion pareille sans étude clinique. Les femmes ont un meilleur système immunitaire, c'est connu. Mais je n'ai pas observé de différence entre les sexes en termes de sévérité. Les femmes enceintes font par contre une maladie plus sévère.»

Pourquoi la testostérone a-t-elle cet effet? «Je pense que c'est parce qu'au départ, les hommes sont plus susceptibles de subir un traumatisme, dans leurs fonctions traditionnelles de chasseur, de travailleur manuel et de combattant, dit M. Furman. La réponse immunitaire excessive face aux infections et aux microbes est souvent la principale source de mortalité dans les épidémies et même certaines blessures.»