Seuls 10% des parents d'élèves musulmans en France disent accepter sans réserve que leurs enfants mangent de la viande à la cantine scolaire. Les demandes pour de la viande halal - c'est-à-dire abattue conformément aux versets du Coran - à l'école sont de plus en plus nombreuses, selon Stéphane Papi, juriste et chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman d'Aix-en-Provence.

En France, 87% des musulmans achètent de la viande fraîche halal, selon une enquête Ifop menée en 2010. Même les jeunes adoptent ce qui est décrit comme la «halal attitude»: on estime que près de 60% des musulmans de moins de 30 ans consomment halal.

Très fréquentées par les élèves français qui n'ont pas l'habitude d'apporter leur boîte à lunch, les cantines répondent à ces requêtes de plusieurs façons. Initiative décriée, un lycée de Roubaix a imposé la viande halal pour tous. La Ville de Strasbourg a plutôt décidé d'offrir trois possibilités (standard, halal et végétarien) dans ses écoles, rapporte M. Papi. Mais comment refuser, ensuite, de cuisiner des plats différents pour les élèves qui ont d'autres convictions?

Une solution imparfaite

La plupart des cantines n'ont, en fait, renoncé qu'à servir du porc. Solution intéressante, «certaines cantines se mettent à servir des repas végétariens, ce qui permet aux enfants musulmans qui souhaitent ne manger que de la viande halal de continuer à manger avec les autres enfants», indique M. Papi. Le menu végétarien respecte «les valeurs laïques et républicaines tout en appelant au respect des différences», a noté un adjoint du maire de Lyon.

«Les repas végétariens sont cependant encore minoritaires, souligne M. Papi. Ils donnent lieu à des controverses, et des recours ont été déposés par des associations au nom de la défense de la laïcité. Ils sont cependant beaucoup mieux acceptés que les repas halal, qui ne sont pas encouragés par l'État.»

Écoles montréalaises

Chez nous, il n'y a pas de viande halal dans les cafétérias de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). La Politique pour une saine alimentation, adoptée en 2011, précise que la CSDM «tient compte de la réalité multiethnique, sans toutefois soumettre l'offre alimentaire à des contraintes relatives aux convictions personnelles ou religieuses». «Les élèves bénéficient d'une variété d'aliments convenant aussi aux végétariens», dit Alain Perron, porte-parole de la CSDM.

M. Papi participe au colloque «Le halal dans tous ses états», aujourd'hui à l'UQAM.