Les hommes noirs homosexuels forment le groupe le plus touché par le virus du sida aux États-Unis, dans une ampleur qui dépasse toute autre communauté dans les pays développés, selon un rapport publié mercredi en amont de la conférence internationale sur le sida.

La situation est telle que dans certaines villes américaines, un Noir sur deux ayant des relations homosexuelles est porteur du VIH, le virus à l'origine du syndrome d'immunodéficience acquise (sida), pointe cette étude de l'Institut Black AIDS, groupe de réflexion dédié au sida parmi les Afro-Américains, quelques jours avant l'ouverture de la conférence dimanche à Washington.

«Le sida en Amérique est une maladie de Noirs, peu importe l'angle que l'on prend pour regarder (le sujet)», a conclu le président de l'institut, Phill Wilson, lui-même atteint du VIH. À ses yeux, il est temps de «démarrer un nouveau débat et de préparer une réponse solide» au problème.

Le rapport de 74 pages («Au bout de la file: état des lieux du sida parmi les Noirs américains homosexuels») établit que si cette catégorie représente une personne sur 500 dans le pays, un individu touché par le VIH sur quatre en fait partie.

Par rapport aux gays blancs, les Noirs sont deux fois plus touchés par le virus. Ils ont aussi beaucoup moins de chances d'être encore vivants trois ans après avoir contracté la maladie que les homosexuels et bisexuels blancs ou hispaniques.

Autre désavantage révélé par le rapport: les Noirs entretenant des relations homosexuelles ont sept fois plus de chances de souffrir d'un VIH non diagnostiqué, dont ils n'ont même pas connaissance.

«Pour être franc, c'est la pire épidémie de tous les pays développés, et qui rivalise avec de nombreux pays en développement», a lancé M. Wilson.

Ce constat fait écho à celui de l'organisation de lutte pour les droits et l'avancement des Noirs, la NAACP, qui un peu plus tôt ce mois-ci avait appelé le clergé afro-américain à mobiliser davantage ses paroissiens sur le sujet.

Selon M. Wilson, qui souligne le manque d'accès aux soins pour les Noirs des villes moyennes, cette situation est due au retard pris dans les années 1980 pour traiter la maladie par la communauté noire, alors confrontée à la pauvreté, au chômage et aux drogues dures tel le crack.