Les cabines à UV qui, comme l'exposition au soleil, sont classées internationalement comme «cancérogène certain pour l'homme», seraient responsables en France de 19 à 76 décès annuels par cancer de la peau (mélanome cutané), selon une estimation publiée mercredi.

«Même si les UV artificiels ne sont responsables que d'une part modeste du nombre de mélanomes cutanés, en termes d'incidence et mortalité, la pratique du bronzage en cabine, dont la finalité est uniquement esthétique, est responsable de 100 à 350 nouveaux cas incidents annuels de ce cancer cutané très dangereux», souligne cette étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Selon les différents scénarios utilisés par ces chercheurs de l'International Prevention Research Institute (Ipri), de l'Institut de veille sanitaire (inVS) et de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES), «entre 91 et 350 cas annuels» de mélanomes «sont attribuables aux cabines de bronzage, et entre 19 et 76 décès annuels» en France.

D'après un sondage sur la santé réalisé en 2010 auprès d'un échantillon de 3359 personnes, 3,5% des personnes de 15 à 75 ans déclarent avoir fait au moins une séance de bronzage artificiel au cours des 12 derniers mois, selon des données diffusées dans le même BEH.

«Face à l'essor de ce problème, un renforcement des actions de prévention pour diminuer la pratique des UV artificiels à visée esthétique s'impose», estiment les chercheurs français dans leur étude, proposant plusieurs pistes comme le renforcement de la prévention, des campagnes de communication ou des «taxations spécifiques» pour les appareils à UV artificiels.

«L'interdiction totale de mise à disposition de cabines de bronzage par UV pour un usage esthétique est une autre mesure qui doit être envisagée et mise en balance avec l'efficacité des mesures de prévention précédemment citées», ajoute les scientifiques.

Dans un éditorial publié dans le même numéro du BEH, deux médecins, Jean Civatte et Jacques Bazex, de l'Académie nationale de Médecine, plaident pour «une politique d'interdiction progressive des cabines de bronzage» comme au Brésil ou dans l'État de Nouvelle Galles du Sud en Australie.

Mercredi, le gouvernement français a annoncé la préparation d'un décret pour durcir la réglementation sur les cabines de bronzage artificiel.

Le projet de texte vise à «mieux protéger les utilisateurs en encadrant plus strictement l'utilisation de ces appareils» en obligeant notamment les centres de bronzage à proposer «gratuitement» des lunettes de protection à leurs clients, a indiqué Marisol Touraine, ministre de la santé.