Cinq ans après l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le gouvernement prépare une nouvelle série de mesures visant notamment la contrebande de cigarettes, qui nuit gravement à lutte contre le tabagisme chez les jeunes.

«On travaille très fort sur la bonification de la loi. La loi doit toujours évoluer pour suivre les efforts machiavéliques de l'industrie», croit le Dr Alain Poirier, sous-ministre et directeur national de la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Depuis l'interdiction de fumer dans les bars, restaurants et discothèques, Québec a constaté plusieurs améliorations quant au tabagisme. Ainsi, 71% des fumeurs ont diminué leur consommation de cigarettes lors de leurs sorties. Le tournant «sans fumée» des restaurants et bars n'a pas eu de conséquences lourdes sur la fréquentation de ces établissements, selon le ministère de la Santé.

Malgré tout, le Québec compte encore 21 à 22% de fumeurs dans sa population. Un niveau «plancher» difficile à faire baisser en raison de la contrebande de cigarettes, qui offrent des prix très avantageux sur le marché noir. «Actuellement, il y a des produits qui ressemblent à des produits légaux mais qui sont illégaux. Il faut intervenir auprès de ceux qui achètent et qui vendent, mais c'est très complexe», reconnaît Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé.

Le prochain projet de loi sur le tabac présenté par le gouvernement proposera plusieurs mesures pour lutter contre la nouvelle dynamique de la contrebande de cigarettes. On ignore encore quelles seront ces mesures, mais elles pourraient aussi encadrer l'arrivée, sur le marché légal, de nouveaux produits de tabacs. Enfin, le ministre de la Santé se penche aussi sur une possible interdiction de fumer en voiture avec des enfants.

«Il ne faut pas fermer les yeux. La cigarette n'est pas un produit comme les autres. Il est légal, mais par défaut. Il faut continuellement améliorer les lois, croit le Dr Poirier. On n'a pas de vaccin contre le tabagisme. Le vaccin, c'est toute une série de mesures.»

Enfin, le Conseil québécois sur le tabac et la santé a présenté hier sa nouvelle campagne publicitaire pour la semaine québécoise pour un avenir sans tabac, qui aura lieu du 16 au 22 janvier. Chaque année, 10 000 décès sont attribués au tabac au Québec. Le tabagisme est la première cause de mortalité.