Plusieurs parfums contiennent des produits potentiellement dangereux qui ne sont pas identifiés sur l'étiquetage, ont soutenu mercredi des organisations canadienne et américaine.

Les organismes Défense environnementale Canada et Campaign for Safe Cosmetics ont demandé à un laboratoire californien indépendant de tester 17 produits - quatre achetés au Canada et 13 aux États-Unis - pour retracer la présence de 40 produits chimiques.

L'analyse, qui a coûté près de 9000 $, a déterminé que 38 de ces produits n'étaient pas identifiés sur l'étiquetage, et que chaque parfum contenait en moyenne 14 substances non déclarées.

De plus, chaque parfum contenait en moyenne 10 substances sensibilisantes susceptibles de provoquer des réactions allergiques telles que maux de tête, respiration sifflante, asthme et dermite de contact.

Défense environnementale Canada a indiqué par voie de communiqué que l'association de ces produits chimiques peut provoquer des réactions allergiques ou perturber le fonctionnement endocrinien. De plus, soutient l'organisme, la sécurité de bon nombre de ces substances n'a jamais été vérifiée par les comités d'autosurveillance de l'industrie.

De plus, sur les 17 parfums testés, 12 contenaient du phtalate de diéthyle, une substance chimique décelée chez 97 pour cent des Américains. Celle-ci serait associée au développement anormal des organes génitaux chez les bébés de sexe masculin et aux anomalies du sperme chez les hommes adultes.

Le directeur exécutif de Défense environnementale Canada, Rick Smith, affirme que les producteurs de cosmétiques profitent d'une faille dans la loi canadienne pour omettre d'identifier tous les ingrédients de leurs produits.

«Si une compagnie fabrique un produit odorant, il suffit d'apposer le mot fragrance sur l'étiquette et il n'est plus nécessaire de dévoiler tous les produits chimiques, tous les ingrédients qui ont été utilisés, a-t-il expliqué. Ça devient un secret commercial.»

Santé Canada étudie le rapport, mais un porte-parole du ministère a expliqué que tous les parfums doivent respecter de nombreuses règles, notamment la Loi sur les aliments et drogues.

«Santé Canada révise continuellement les études scientifiques, surveille l'apparition d'effets secondaires indésirables et applique les correctifs nécessaires pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens», a indiqué par courriel Stéphane Shank.

Le président et chef de la direction de la Canadian Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association, Darren Praznik, a de son côté accusé les organismes canadien et américain de chercher à créer un problème là où il n'y en a pas. «Il est intéressant de remarquer que dans la version canadienne (du rapport), ils affirment clairement qu'aucun des ingrédients identifiés ne se trouve sur la liste des produits à usage restreint ou interdit produite par Santé Canada», a-t-il dit.

Six des produits chimiques décelés imitent l'oestrogène, tandis qu'un autre nuirait au fonctionnement de la glande thyroïde. Certains apparaissaient sur l'étiquette, d'autres pas.

«Ce ne sont pas un ou deux produits chimiques qui posent problème, a expliqué M. Smith. Le problème est l'utilisation sur une base quotidienne; nous tous - hommes, femmes, enfants - sommes plongés dans ce flot de produits chimiques synthétiques que nous avons créés.»

Il souligne aussi que certaines de ces substances se retrouvent dans des produits ayant bonne odeur comme le shampoing, l'antisudorifique, les savons parfumés et les assainisseurs d'air.