La consommation croissante de médicaments chez les seniors allemands inquiète l'Office central des dépendances, qui évoque un usage abusif, voire une dépendance, chez 1,7 à 2,8 millions de personnes de plus de 60 ans, dans son rapport annuel publié mercredi.

«De 1,7 à 2,8 millions de personnes de plus de 60 ans ont une consommation problématique de médicaments psychotropes ou d'antalgiques, ou sont même purement et simplement devenus dépendants», dénonce l'institution qui scrute les consommations de tous les produits addictifs: drogue, tabac ou alcool.

Pour ce dernier, la consommation allemande est restée «stable, mais à un niveau élevé» à 9,9 litres d'alcool pur par habitant et par an, a souligné l'Office

Mais le rapport dénonce en revanche un «problème croissant» de consommation de médicaments abusive, notamment dans les foyers pour personnes âgées, où le taux de patients dépendants est évalué dans le rapport «à au moins 25%» chez les plus de 70 ans.

La transition d'une consommation médicalement justifiée à une consommation abusive se fait souvent de façon subtile et à l'insu des patients, ajoute-t-elle.

Toutefois, l'Office central allemand montre aussi du doigt des pratiques de prescription contestables, comme par exemple le fait de donner des somnifères aux personnes de plus de 80 ans présentant des troubles du sommeil, alors que l'âge et le vieillissement expliquent ce changement naturel de biorythme.

En ligne de mire figurent principalement les médicaments de la classe des benzodiazépine, «dont les seniors sont les premiers consommateurs, (et qui) présentent un pouvoir addictif important» en cas de prise prolongée, souligne le rapport.

Cette intoxication rampante a également des conséquences sur le budget de la Santé, puisque ces médicaments ont des effets secondaires importants auxquels les personnes âgées sont plus sensibles que la moyenne. Ils provoquent, en outre, de nombreux accidents et chutes, en raison d'une vigilance et d'une mobilité altérées, poursuit encore l'Office centrale.