Non seulement la violence conjugale est-elle un crime, mais il faut maintenant encourager les proches des victimes et les témoins de tels actes à les dénoncer. Les nouvelles publicités de la Campagne de sensibilisation à la violence conjugale du gouvernement du Québec véhiculaient, dès dimanche, ce message.

Venues annoncer la cinquième phase de cette campagne gouvernementale au quartier général de la Sûreté du Québec, à Montréal, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, et la ministre de la Justice, Kathleen Weil, ont souligné à maintes reprises l'aspect criminel de la violence conjugale, reconnue comme tel depuis 1986.«Par les publicités, on veut vraiment souligner l'aspect criminel de la violence conjugale et c'est un appel à l'action. On demande aux proches des victimes d'agir et de dénoncer. C'est la criminalité de ce phénomène qui est soulignée dans cette étape de la campagne de sensibilisation», a expliqué la ministre Weil.

«On n'est plus dans le domaine privé, mais carrément dans le domaine criminel», a-t-elle tranché.

Des images et des messages chocs seront présentés à la télévision, sur Internet et dans les médias écrits pendant un mois.

Les publicités télévisées seront diffusées uniquement en français, appelant les téléspectateurs à composer le 9-1-1 pour sauver une jeune femme, défigurée d'un oeil au beurre noir.

Sur Internet, les publicités pourront être envoyées personnellement par les internautes, qui, une fois sur la page, seront invités à agir pour aider la victime présentée en situation de détresse. Ces dernières sont en cours d'adaptation en langue anglaise.

Au coût de 1,1 million $, la dernière phase de la campagne de sensibilisation s'inscrit parmi les 72 mesures contenues dans le Plan d'action gouvernemental 2004-2009 en matière de violence conjugale du gouvernement du Québec.

Les quatre premières phases de la campagne, dont les publicités appelaient les victimes à briser le silence et à dénoncer elles-mêmes les cas de violence conjugale, ont pour leur part coûté 2 millions $ au gouvernement québécois.

La présidente du Regroupement provincial des maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, Rollande Clément, et le président d'A coeur d'homme - Réseau d'aide aux hommes pour une société sans violence, Daniel Blanchette, ont tous deux accueilli favorablement l'annonce des ministres québécoises.

«Quand on voit un crime, habituellement on le dénonce. Et bien en violence conjugale aussi il faut aider et dénoncer», a souligné Mme Clément, dont l'organisme regroupe 49 maisons d'aide et d'hébergement.

Le nombre d'infractions commises en situation de violence conjugale aurait quelque peu diminué l'an dernier, la ministre St-Pierre rapportant qu'il y en aurait eu 500 de moins. Mais selon le ministère de la Justice, deux actes de violence conjugale sur trois n'auraient en revanche pas été rapportés, en 2008.

«Alors il y a encore du travail à faire sur la sensibilisation et notre appel se fait donc auprès de ceux qui sont témoins de ces actes», a conclu Mme St-Pierre.

Selon le ministère québécois de la Sécurité publique, 17 343 infractions contre la personne ont été commises dans un contexte de violence conjugale, en 2007, dont 12 homicides. De ce nombre, plus de 8 victimes sur 10 étaient des femmes, a souligné M. Blanchette, dont l'association regroupe 25 organismes communautaires du Québec.