Un homme se fait suspendre par des crochets insérés dans la peau. Un adolescent marche sur des pierres brûlantes lors d'un rituel. Comment arrivent-ils à tolérer la douleur?

«La douleur est contextuelle. Sa perception varie selon la motivation et la signification qu'on lui donne. Quand elle est volontaire, on la tolère mieux, explique le Dr Serge Marchand. Si on vous arrachait les poils contre votre gré, vous crieriez à la torture. Et la femme qui s'épile les jambes à la cire? Sa douleur est attendue, acceptée et donc tolérable.»

 

On peut même s'entraîner à la douleur. Après des mois de pratique, certains adeptes de kung- fu reçoivent des coups de barre de fer sans broncher.

«Leur cerveau apprend à ne plus interpréter cette douleur comme un signal d'alarme. Ils augmentent ainsi leur seuil de douleur», explique le chercheur.

Sauver sa peau

De grands brûlés peuvent courir des kilomètres sans douleur pour aller chercher de l'aide. Lors d'un stress intense - un accident de voiture ou un incendie -, l'organisme bloque temporairement la sensation de douleur grâce à la sécrétion d'endorphines et de cortisol. C'est le temps de sauver sa peau!

C'est un peu ce qui se produit lors de l'accouchement. «C'est un stress intense et, en même temps, un événement heureux. La perception de la douleur est donc atténuée», dit le Dr Marchand.

Plus douillettes, les femmes?

«Le seuil de douleur des femmes est moins élevé que celui des hommes, mais leur anxiété liée à la douleur est moins importante», explique le Dr Marchand. La douleur chronique touche 24% des femmes et 20% des hommes.

«Il y a une différence dans le traitement de l'information au niveau du système nerveux, dit le chercheur, dont les travaux portent sur le rôle des hormones sexuelles. Ça semble être évident que l'oestrogènee, la testostérone et la progestérone influencent la perception de la douleur et ses mécanismes de contrôle.»

Si la testostérone tend à diminuer la perception de la douleur, c'est l'inverse pour l'oestrogène et/ou progestérone. L'éducation jouerait-elle aussi un rôle? Probablement.

Prédisposés à souffrir

Qu'on le veuille ou non, nous serions prédisposés à être plus ou moins douillets.

«Qu'est-ce qui fait que des gens portent des lunettes et d'autres pas? C'est la même chose», indique le Dr Marchand. Un coup de marteau sur un doigt déclenchera une douleur plus vive chez l'un que chez l'autre. Il y aurait aussi des prédispositions à la douleur chronique. D'autres facteurs, comme le stress, la fatigue et le type de travail, sont aussi à considérer.

La douleur des nouveau-nés

Pendant longtemps, on a cru que les nouveau-nés ne souffraient pas. C'est faux.

«On pensait à tort qu'ils ne ressentaient pas de douleur parce que leur système nerveux n'était pas développé, explique la Dre Manon Choinière. Combien de jeunes bébés ont été circoncis sans médication? Chez les prématurés, on essaie maintenant de limiter les prises de sang.»

Plus les bébés ressentent de la douleur, plus ils ont des risques de souffrir d'une douleur chronique une fois adultes. À noter: les enfants aussi peuvent souffrir de douleur chronique.

Ayoye, mon dos!

Les maux de dos représentent 17% des douleurs chroniques. Dans le groupe d'âge de 18-55 ans aux États-Unis, ces maux génèrent à eux seuls plus d'incapacité et sont plus coûteux que le cancer, les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et le sida réunis.

Source: AQDC