Les personnes qui contractent le Clostridium difficile n'ont pas nécessairement pris des antibiotiques dans les jours précédents. Dans le dernier numéro du Journal de l'Association médicale canadienne (JAMA), la chercheuse montréalaise Sandra Dial déboulonne le mythe du Clostridium difficile et de ses causes.

Chercheuse à l'Institut de recherche de l'Université McGill, la Dre Dial a analysé de nombreux cas de personnes âgées de 65 ans et plus qui ont contracté le Clostridium difficile en dehors des hôpitaux. Tous ces patients étaient suffisamment mal en point pour être hospitalisés.

La Dre Dial a été surprise de constater que 53% d'entre eux n'avaient pas pris d'antibiotiques dans les 45 jours précédant leur hospitalisation. Et 46% d'entre eux n'en avaient pas pris dans les 90 jours précédents. «La bactérie C. difficile est partout dans notre environnement, explique la Dre Dial. Une personne qui y est exposée l'attrapera ou non, selon la force de son système immunitaire. Notre étude montre que les antibiotiques ne sont pas le seul facteur de risque pour attraper le C. difficile. D'autres facteurs existent et il faut les déterminer.»

Jusqu'à maintenant, le milieu médical croyait que le C. difficile était presque uniquement contracté en milieu hospitalier par des personnes prenant des antibiotiques. Or, la Dre Dial explique que d'autres facteurs rendent les patients vulnérables.

«Il a été déjà été prouvé que plus une personne est âgée, plus elle risque de contracter le C. difficile», dit-elle. Le fait d'avoir déjà été aux prises avec une maladie intestinale, comme la maladie de Crohn, est aussi un facteur de risque. Elle reconnaît qu'une faible proportion des personnes qui sont hospitalisées pour le C. difficile a contracté la bactérie hors de l'hôpital. Mais elle croit tout de même que son étude devrait amener les hôpitaux à modifier leur façon de diagnostiquer le C. difficile. «Quand une personne âgée se présente aux urgences avec une diarrhée, on ne pense pas à lui faire subir un test du C. difficile si elle n'a pas pris d'antibiotique dans les jours précédents. Mais notre étude montre que ces personnes sont tout de même à risque d'avoir la maladie.»