Le couturier Karl Lagerfeld a défendu mardi le luxe en temps de crise, s'agaçant notamment de l'influence des agences de notation, en marge d'un fastueux défilé hors calendrier mettant à l'honneur à Paris les métiers d'art.

«Il n'est pas question de se laisser aller à la morosité générale», s'est exclamé M. Lagerfeld en coulisse du défilé Chanel au Grand Palais à Paris, arguant du rôle positif de la mode dans la balance commerciale de la France et défendant l'industrie du luxe «qui donne beaucoup de travail à beaucoup de monde».

Évoquant les agences de notation, alors que Standard and Poor's envisage d'abaisser la note de six pays de la zone euro, dont la France, il s'est emporté: «Mais qui sont ces gens? Qui les a mis dans cette position pour distribuer des A ? On ne les connaît même pas!».

Pour le couturier, «il y a eu davantage de panique en 2008 qu'aujourd'hui» et les périodes de crise économique n'ont rien d'antinomique avec la création.

Chanel a créé mardi un luxueux palais de maharadjah dans une galerie en friche, écrin éphémère d'une collection de prêt-à-porter «anti-morosité».

Moins de 200 «happy few» étaient invités à ce banquet irréel, face à un buffet recouvert de plateaux en argent, chandeliers et bonbonnières en cristal, débordant de fruits, guirlandes de jasmin et de mille friandises. Sur la table, inlassable, circulait un train électrique argenté, transportant dans ses wagons des carafes à whisky et diffusant un sillage d'encens.

Sirotant thé aux épices, lassi à la mangue ou champagne, le public, parmi lequel s'étaient glissés le chanteur Marc Lavoine et les actrices Virginie Ledoyen et Anna Mouglalis, a admiré la collection «Paris Bombay», destinée à mettre en valeur les ateliers appartenant à la maison: brodeurs, plumassier, orfèvre et paruriers.

Avec ses pièces «très élaborées, beaucoup plus chères que le prêt-à-porter normal», selon M. Lagerfeld, la collection, avec sa touche «hippy», évoque un «fantasme» de l'Inde imaginé depuis Paris.

Des bas-bottes, des jupes drapées sur des jodhpurs, des redingotes brodées. De l'or blanc ou grisé «anti bling-bling», une déclinaison complète de gris délicats ou de roses, du plus pâle au plus soutenu. Les filles, aux chignons lâches ou longs rastas, portent de nombreux bijoux sur le front, habillant le dos de la main ou partant d'une narine.