L'inventeur et ex-patron de Nespresso, Eric Favre, a lancé mercredi à Pékin ses capsules à thé baptisées Tpresso, en rupture complète avec la tradition du thé en Chine, en s'associant avec un distributeur local haut de gamme, Teafinder.

«Ce sont les Chinois qui ont voulu lancer Tpresso, c'est pourquoi nous le lançons d'abord en Chine, avant l'Europe et le reste du monde», a déclaré à l'AFP M. Favre, PDG de la société suisse Monodor. Comme pour les capsules de café, dont le brevet tombe cette année dans le domaine public, le consommateur doit d'abord acquérir une machine. Celle-ci, vendue avec une théière développée avec la cristallerie de Bayel en France et deux tasses spécialement conçues, sera proposée autour de 5.000 yuans (580 euros), un prix très élevé en Chine.

«Nos partenaires chinois nous ont dit qu'il y avait un marché pour cela, notamment auprès des femmes riches qui aiment tout ce qui est bon pour la santé», explique l'inventeur helvétique.D'après lui, l'extraction des arômes, qui ne prend que 50 secondes contre environ cinq minutes pour une infusion traditionnelle, «protège les polyphénols, souvent mal extraits dans le système de la cérémonie chinoise» du thé. Certains polyphénols, ou substances aromatiques, sont considérés comme des alicaments, ou aliments ayant une fonction de médicaments.

Les Chinois ont l'habitude d'utiliser les mêmes feuilles de thé pour plusieurs infusions successives, dont la saveur diffère. Avec Tpresso, «on extrait tous les arômes à la fois parce qu'on n'a plus besoin de traverser les épidermes. On va directement au coeur de la feuille, où se trouvent toutes les huiles essentielles», explique encore M. Favre. «La difficulté a été de mettre au point une machine reproduisant la brisure des feuilles de thé telle qu'elle se fait à la main, si on coupe avec un couteau, ça brûle les feuilles, et si on utilise un moulin c'est encore pire», détaille le patron suisse.

Après la Chine, l'inventeur de Nespresso veut trouver des partenaires pour commercialiser son nouveau produit dans d'autres pays d'Asie et en Europe, mais pas là où le thé se boit avec du sucre et du lait, qui altèrent trop le goût. «Je ne le lancerai pas en Angleterre», déclare M. Favre.

Ni «dans les pays méditerranéens qui prennent le thé comme une boisson pour les malades».