La sommelière québécoise Élyse Lambert s'est classée 5e cette semaine au concours du meilleur sommelier du monde, qui s'est déroulé en Argentine. Un classement très honorable, mais un peu décevant pour la représentante du Canada, qui été écartée de la finale, remportée par le Suédois Jon Arvid Rosengren. Récit en six temps d'un concours pour le moins éprouvant.

Des participants triés sur le volet

Le concours est organisé par l'Association de la sommellerie internationale, qui compte une soixantaine de pays membres. Il est organisé tous les trois ans depuis 1969. Un seul candidat représente chaque pays. C'est Élyse Lambert qui représentait le Canada à Mendoza, du 15 au 20 avril derniers, car c'est elle qui a gagné le concours du meilleur sommelier du pays. Sur 60 candidats au titre, à peine quatre étaient des femmes. Le concours se déroule habituellement en trois temps. Une première journée d'épreuves permet d'abord de sélectionner de 12 à 15 demi-finalistes. Suivent une deuxième journée pour les demi-finales, une journée de relâche, puis la finale.

PHOTO PACHY REYNOSO, AFP

Les 15 demi-finalistes du concours, dont Élyse Lambert (quatrième à partir de la gauche).

Des multiples épreuves

Pour les candidats, la dégustation d'un vin est un exercice très précis. Ils doivent en faire une analyse visuelle, olfactive et gustative (taux d'alcool, acidité, tanins, maturité du fruit...), puis l'identifier le plus précisément possible (cépage, pays, région, appellation, millésime). Mais contrairement aux idées reçues, ce concours n'est pas uniquement un concours de dégustation. Les candidats sont aussi testés sur leurs connaissances et le service. La viticulture, la vinification, les pays producteurs, les appellations... les connaissances requises sont multiples et ne se limitent pas aux vins, mais couvrent tous les alcools (spiritueux, liqueurs, bières, saké, etc.) et même les eaux minérales, le café, le thé. Et, bien sûr, la gastronomie.

PHOTO PACHY REYNOSO, AFP

Le sommelier français David Biraud

Des questions qui décoiffent

Après un examen écrit de dégustation à l'aveugle de deux vins et de quatre spiritueux, les candidats se soumettent à un examen théorique d'une difficulté inouïe. Voici quelques questions : nommer les 15 seconds crus classés de Sauternes et Barsac, repérer sur une carte toutes les appellations de Napa, d'Autriche, de Hongrie et de Bulgarie, expliquer les abréviations MN, BN, TS, HS, US, MS, LS (ce sont des termes de ventes aux enchères indiquant le niveau de vin dans une bouteille), classer les régions viticoles d'Allemagne selon leur volume de production... L'examen compte près d'une centaine de questions et les participants ont 1 heure 30 pour y répondre. Pas étonnant qu'en général, les meilleures notes tournent autour de 40 à 50 %.

PHOTO PACHY REYNOSO, AFP

Le concours du meilleur sommelier est d'une difficulté inouïe, selon notre collaboratrice.

Les pièges du service

L'épreuve du service a eu lieu l'après-midi de la première journée du concours. Deux « clients » ont demandé une bouteille de Moët & Chandon. À leur disposition, les candidats avaient des bouteilles de Moët & Chandon Brut Impérial et des bouteilles de Moët & Chandon millésimé. Pour réussir l'épreuve, il fallait proposer les deux aux clients pour qu'ils fassent leur choix. Aussi, à table, les verres étaient sales. Il fallait le remarquer et les remplacer. Le tout en quatre minutes. Les candidats qui ont aussi pris le temps de décrire le vin, son élaboration et de suggérer des plats qui s'accordent avec lui, le tout dans une langue seconde, ont eu le plus de points.

PHOTO PACHY REYNOSO, AFP

L'éventuel gagnant du concours, Jon Arvin Rosengren, lors d'une des épreuves du service.

L'élimination des candidats

Tous les candidats ne terminent pas le concours. Après les épreuves de la première journée, les demi-finalistes sont choisis, dont cette année Élyse Lambert. Le concours reprend pour eux dès 7 h 15 le lendemain avec un nouvel examen écrit. Parmi les questions, cette fois : des photos de mode de taille de la vigne et de cépages à identifier, les sous-régions de l'Alentejo au Portugal à placer correctement sur une carte, etc. Puis six produits à identifier précisément à l'aveugle, dans des verres noirs (bière, saké, spiritueux). Et enfin, six nouvelles épreuves de service. Une journée éreintante. Le nom des trois finalistes n'est annoncé que le surlendemain.

PHOTO PACHY REYNOSO, AFP

Les trois finalistes du concours.

Le couronnement

Élyse Lambert figurait cette année parmi les favoris et, de l'avis de tous, elle avait très bien fait en demi-finale. Après une journée de relâche et d'attente pénible, donc, tous les demi-finalistes sont montés sur scène pour l'annonce des trois finalistes. Grande déception : Élyse n'en faisait pas partie... Ce sont les candidats suédois, français et irlandais qui ont été retenus. Élyse a terminé en cinquième position, ce qui est en soi un grand exploit. À l'issue des multiples épreuves de la longue finale qui se sont amorcées ensuite, c'est le Suédois Jon Arvid Rosengren qui a été sacré meilleur sommelier au monde.

PHOTO PACHY REYNOSO, AFP

Le champion du concours, le Suédois Jon Arvin Rosengren, célèbre sa victoire.