La production de la Champagne est d'une incroyable diversité, le nombre d'étiquettes sous lesquelles sont commercialisés ces vins si particuliers, et si attachants, s'élevant à environ... 40 000!

Un bémol: un même vin, notamment de l'une ou l'autre des 137 coopératives champenoises, est parfois vendu sous quatre, cinq ou six étiquettes différentes, de marchands de vin, de supermarchés ou encore de coopérateurs.

Autre caractéristique de la Champagne: les grandes marques, telles que Moët&Chandon, Ruinart, Veuve Clicquot, Charles Heidsieck, etc., tout en représentant 70% de l'activité de la Champagne, ne possèdent que 10% de son vignoble.

Bref, et tout en ayant souvent elles-mêmes de la vigne, les grandes marques achètent des moûts ou des raisins à de nombreux vignerons.

Ainsi, Roederer, aux vins exemplaires, et qui est propriétaire de 230 hectares de vignes, achète à une quarantaine de vignerons l'équivalent de 30% de ses besoins en raisins.

En même temps, on compte en Champagne une multitude de petits producteurs élaborant leur propre champagne, vendu sous leur propre étiquette.

Certains, mais ils sont très peu nombreux, dont par exemple Pascal Doquet, vendent désormais leur vin - ou un de leurs vins - au Québec.

«Small is beautiful», disent les Anglo-Saxons.

Goûtés là-bas, sur place, une trentaine de vins de petits producteurs, de style parfois fort différent, montraient à quel point leur production est diversifiée.

Exemple extrême: le Champagne Les 7 Laherte Frères Extra-Brut, élaboré avec... les sept cépages autorisés de la Champagne! Dont le Pinot gris, le Pinot blanc, mais aussi le Petit Meslier et l'Arbane, qui s'ajoutent aux trois cépages les plus importants (Pinot noir, Pinot Meunier et Chardonnay).

Autre chose que je retiens personnellement d'un voyage récent en Champagne (le premier de ma vie de chroniqueur): règle générale, les grandes marques, aux moyens considérables, tirent fort bien leur épingle du jeu sur le plan qualitatif.

Enfin, la Champagne, dont le vignoble couvre une superficie de 34 000 hectares, est tout simplement... riche, la demande étant désormais soutenue.

Car, aussi bien le dire, on devient aisément féru de champagne, une fois qu'on a apprivoisé, pour ainsi dire, ces vins effervescents.

Deux champagnes

Veuve Clicquot Carte Jaune, 71$ (563338), ***1/2, $$$$1/2, 2012-2015.

La robe est dorée, le bouquet flatteur, relevé par une nuance rappelant un peu le beurre. De corps moyen comme champagne, ses saveurs sont bien affirmées, la bouche se présentant avec le même charme qu'au nez. L'assemblage comprend environ 55% de Pinot noir, 30% de Chardonnay et 15% de Pinot Meunier. C'est le plus vendu des champagnes non millésimés sur le marché québécois. Seul hic: il est très cher... 12,5% (3219 caisses).

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Champagne Blanc de Blancs Pascal Doquet, 43$ (11528046), ***1/2, $$$$, 2012-2015?

Champagne fait que de Chardonnay, non millésimé, son bouquet, fin, aux notes évoquant discrètement le pain grillé, comporte aussi une petite nuance rancio. La bouche est distinguée, équilibrée, peu dosée (l'ajout de liqueur d'expédition - un mélange de vin et de sucre - étant donc peu important). À prix correct... pour le Québec. 12,5% (66 caisses).

Photo Marco Campanozzi, La Presse

D'autres vins

Muscadet Sèvre et Maine sur Lie 2009 Comte Leloup du Château de Chasseloir, 16,90$ (854489), ***,$$, 2012-2017.

Vin blanc de très vieilles vignes  centenaires, selon son producteur, son bouquet, pour l'instant assez peu aromatique, est néanmoins marqué par une note comme de poires, avec aussi une nuance minérale. Perlant, comme on dit, à cause d'une assez importante quantité de gaz carbonique, ses saveurs sont nettes, et il a du caractère. Et, comme tous les bons Muscadets, il tiendra la route. 12% (73 caisses).

Bordeaux 2009 Prestige Cordier, 18$ (10499811), ***, $$, 2012-2015.

On trouve ici peu de vins de cette appellation modeste. Richement coloré, son beau bouquet, ample, mûr, de fruits rouges, s'enrichit d'un boisé à la fois discret et de qualité. Charnu, dense, il a du corps et ses tannins sont bien enrobés. 80% Merlot et 20% Cabernet Sauvignon, avec élevage en fûts neufs et d'un an de chêne français et américain. 13% (62 caisses).

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Madiran 2008 «Église» Laroche-Brumont, 29,10$ (11648734), ***1/2, $$$1/2, 2012-2015.

Vin à peu près opaque, d'un domaine acquis récemment par Alain Brumont, son bouquet, de petits fruits noirs, de très grand volume, est riche en nuances, dont une note rappelant quelque chose comme... le goudron. Puissant, concentré, très dense, ses tannins sont gras. Pour amateurs de vins corpulents. Fait principalement de Tannat et d'un peu de Cabernet franc, avec élevage en fûts. 14,5% (187 caisses).

Photo Marco Campanozzi, La Presse