Le décor du vignoble Sainte-Pétronille est magnifique. Des vignes, on voit le fleuve, les collines verdoyantes de l'île d'Orléans et les chutes Montmorency. L'endroit a séduit Nathalie Lane et Louis Denault, qui ont acquis le domaine en 2004, et qui s'affairent aujourd'hui à en mettre plein la vue aux visiteurs.    

Rien ne prédestinait le couple Lane-Denault au métier de vigneron. Jusqu'en 2003, Nathalie était comptable et Louis, un homme d'affaires prospère dans le milieu de la construction à Montréal. Puis, un jour, ils ont décidé de changer de vie.

«Les appels d'offres et le milieu de la construction, c'était devenu trop dangereux de tout perdre, raconte Louis Denault installé au milieu de ses vignes, la peau cuivrée par le soleil. Et puis, la circulation à Montréal, je n'en pouvais plus.»

Parent de trois jeunes enfants, le couple envisage alors plusieurs avenues: partir en voilier sur le fleuve ou acquérir une terre. Jusqu'au moment où Louis déniche sur l'internet un vignoble à vendre dans l'île d'Orléans. C'est le coup de foudre. L'endroit est facile d'accès et il offre l'un des plus beaux panoramas de l'île.

Louis est déjà un passionné de vin. Originaire de Saint-Léonard, à Montréal, où habite une importante communauté italienne, il a l'habitude d'acheter ses raisins et de les vinifier à la maison.

Entrepreneurs dans l'âme

Quand le couple acquiert le vignoble de l'île d'Orléans en 2004, le domaine est encore modeste. Il n'y a ni cuverie ni bâtiment. Le propriétaire précédent vendait son vin dans une roulotte au bord de la route. En moins de 10 ans, Nathalie et Louis ont transformé le domaine.

«On était très naïfs au début, se souvient Louis. On voulait faire 10 000 bouteilles et profiter de la vie. Mais on est des entrepreneurs. On a vite grossi.»

Le vignoble embauche 15 personnes chaque été et produit désormais 40 000 bouteilles. Plus de 20 000 personnes s'y arrêtent chaque été.

Et les visiteurs sont comblés: une simple balade dans le vignoble vaut le détour. Les vignes sont bien tenues et les points de vue, magnifiques. On trouve à l'accueil une jolie boutique, une terrasse pour pique-niquer et un petit musée dans le stationnement.

Le restaurant de l'Auberge Saint-Antoine, à Québec, le Panache, s'est installé sur le vignoble l'an dernier. Dans une roulotte, les cuisiniers préparent des repas qu'ils servent le midi sur une terrasse. Et ça marche. Mieux vaut d'ailleurs s'armer de patience, car le service peut être assez long.

Au paradis du vandal-cliche

Le vignoble de Sainte-Pétronille possède les plus vieux plants de vandal-cliche de la province, qui ont 24 ans. Ce cépage blanc a été mis au point par des scientifiques québécois. Et il a été adopté par les vignerons de la région de Québec. Sur le terroir de schiste de Sainte-Pétronille, il donne de fabuleux résultats. On l'utilise même ici pour le vin de glace.

Les vignerons cultivent aussi près de 12 autres variétés, dont le vidal, le sainte-croix et le sabrevois. Nathalie Lane et Louis Denault ne craignent pas le climat froid de Québec. Ils se sont même risqués à planter le cépage roi d'Allemagne, le riesling.

«Il faut casser un mythe, insiste Louis Denault. On croit que c'est extrémiste de faire du vin au Québec. C'est faux. Il n'y a pas un pays vinicole au monde qui est parfait. À Québec, la neige protège mes vignes en hiver. Et puisqu'elles débourrent plus tard au printemps, elles sont protégées des gels tardifs.»

Emmitouflées sous une membrane thermique, les vignes de riesling ont survécu. Le domaine a produit cette année ses 200 premières bouteilles à base de ce cépage. Louis n'en est pas peu fier. Il est convaincu qu'avec ce type de protection contre le froid, il pourrait même élaborer du pinot noir ou du chardonnay. Son seul défi: amener les raisins à maturité.

Comment s'y rendre?

On roule sur l'autoroute 40 vers l'Est jusqu'aux chutes Montmorency à Québec. De là, on prend la sortie pour l'île d'Orléans et on traverse le pont. Une fois dans l'île, on tourne à droite sur le chemin Royal. Il ne reste plus que deux kilomètres à parcourir avant d'apercevoir le vignoble. Le domaine se trouve à 3 heures de route de Montréal et à 20 minutes du centre-ville de Québec.

À déguster

Voile de la mariée (avec sa touche de cassis)

Cet assemblage de vandal-cliche (75%) et de vidal (25%) est exécuté avec brio. On sent la cire d'abeille, la pomme jaune et la pêche. En bouche, l'acidité est dosée. On goûte d'abord le citron, puis des notes de fruits exotiques apportées par le vidal. La finale rappelle le miel. Ce vin d'ici est le compagnon idéal pour les plats de ceviches, les pétoncles aux agrumes, les huîtres ou les fondues au fromage de l'automne. À déguster bien frais. 11,6%, 15,50$ au vignoble, et bientôt à la SAQ, Code: 733725, à 16,50$.

Pour ajouter une note sucrée et fruitée au vin, le Voile de la mariée se vend également accompagné d'une bouteille de liqueur de cassis produite dans l'île. C'est l'occasion de goûter la boisson en kir. Pour se faire, il suffit de mélanger le contenu du petit flacon avec le vin. Le tour est joué. Sur les papilles, c'est magnifique! Les saveurs de cassis se marient à merveille avec celle du miel. Délicieux. 19$, au domaine.

Photo Alain Roberge, La Presse