Pour la Bourgogne, «2009 a été un millésime plutôt facile, comme il en arrive une fois tous les 10ans. Et comme le furent 1999 et 1990», expliquait Grégory Patriat, au moment de sa venue au Québec, à l'occasion de la Grande Dégustation de Montréal, fin octobre.

Vinificateur des vins de la gamme J.-C. Boisset, il ajoutait que la Bourgogne avait pu faire, en 2009, «de la quantité et de la qualité, avec des rendements de 48 hectolitres à l'hectare et des vins au top de leur appellation».

Selon lui, enfin, 2009 - pour conclure sur le sujet - a été «un millésime plutôt solaire [...] homogène également en blanc. Un peu comme 2006».

Millésime qui a donné, on le sait, des bourgognes blancs peu acides, aimables et «à boire assez rapidement».

Stratégie marketing?

Toujours est-il que Patriat ajoutait - un saut dans le temps! - avoir «une petite préférence pour 2010, qui est plus bourguignon».

«En 2010, on a une superbe acidité en blanc, disait-il. En rouge, c'est une demi-récolte, et ça me fait penser à 2002.»

Autrement dit, 2010 aurait donné, d'après lui, des bourgognes, rouges et blancs, de facture classique, sans le côté très mûr, et pour ainsi dire joufflu, des 2009.

On peut le croire, ce vinificateur éminemment talentueux, ayant l'habitude de parler vrai - comme disent nos amis français.

Chose à signaler, enfin: on dit la même chose des bordeaux 2010 par rapport aux 2009.

Un curieux phénomène...

Goûtés début novembre à la queue leu leu - à bouteilles découvertes mais sans en connaître le prix - , 17 vins rouges d'un peu partout (Espagne, France, Italie et Californie) se présentaient tous avec un fruité éclatant et une netteté d'arômes quasi incompréhensibles!

Les dégustateurs, au nombre de cinq, s'accordaient là-dessus.

Précision d'importance: les bouteilles furent débouchées par l'un des dégustateurs, en présence des quatre autres, et personne ne les assaisonna donc de jus de mûres, histoire d'en relever le goût! Ainsi va le vin...

En voici quatre exemples, choisis parmi les moins chers du lot.

Alicante 2010 Laderas del Segue, 13,50$ (10 359 201), ***, $1/2, 2011-2013.

La couleur est soutenue, le bouquet, ample, mûr, de petits fruits rouges et rappelant un peu les vins tout juste sortis de la cuve de fermentation. Bien en chair, relativement corsé, plein d'éclat, tannique, quoique sans rugosité, ce vin espagnol mérite ses trois étoiles. 70% Mourvèdre, plus 30% de Syrah et de Cabernet Sauvignon, avec élevage en fûts de chêne français. Une aubaine. 14% (205 caisses).

Navarra 2010 Garnacha Artazuri, 14,25$ (10 902 841), ***, $1/2, 2011-2013.

Vin rouge espagnol de la Navarre, de Grenache, au bouquet généreux, également de fruits rouges, nettement plus que moyennement corsé, aux tannins à la fois fermes et bien enrobés. Élevage en fûts. À prix doux. 14% (365 caisses).

Montsant 2009 Mas Collet, 15,95$ (642 538), ***, $1/2, 2011-2014.

Avec ce vin, l'Espagne prouve encore une fois qu'elle est en mesure de produire des vins de qualité à prix raisonnable. Vin au bouquet épicé (fûts de chêne français et américain), il a du corps et des saveurs franches, sur des tannins aimables. 35% Grenache, 25% Tempranillo, 25% Carignan et 15% Cabernet Sauvignon. Très bon. 14% (227 caisses).

Médoc 2006 château Bourbon La Chapelle, 18,60$ (895 557), ***, $$, 2011-2013.

Deuxième vin (de jeunes vignes) du château Castéra, son bouquet est marqué par une note fumée (le bois). De corps moyen, ses tannins sont serrés et en même temps aimables, et... lui aussi a de l'éclat. Mais à noter que la distribution de ce vin, élevé en fûts, dont environ 25% de neufs, ne fait que commencer. 70% Cabernet Sauvignon, 25% Merlot et 5% Cabernet franc. 12,5% (200 caisses).

Hawkes Bay 2007 The Navigator Alpha Domus, 22,85$ (11 305 643), ***1/2, $$1/2, 2011-2013.

Vin rouge de Nouvelle-Zélande. Bien coloré sans être opaque, son bouquet a de la distinction et, à l'aveugle, on pourrait très bien croire déguster un bordeaux. Vin plus que moyennement corsé, équilibré, ses tannins sont tendres. Impeccable. Fait surtout de Merlot (40%) et de Cabernet Sauvignon (35%) avec élevage en fûts de chêne français et américain, dont 40% de neufs. 14% (133 caisses).

Toscana 2008 IGT Do ut des, 35,50$ (11 309 054), ***1/2, $$$1/2, 2011-2016?

Superbe vin rouge de Toscane, auquel on pourrait sans doute attribuer quatre étoiles... Très coloré sans être opaque, son bouquet, pour l'instant retenu, ample, allie fruits rouges et fruits noirs. Concentré, corsé, ses tannins sont substantiels, mais dépourvus de toute rugosité. Excellent. 30% Sangiovese, 30% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot et 10% Petit Verdot, avec élevage en fûts de chêne français dont 70% de neufs. 14% (77 caisses).

La recommandation de la semaine

Bergerac Sec 2010 Cuvée des Conti Tour des Gendres

Vin blanc du sud-ouest de la France, d'un jaune un peu verdâtre, son bouquet est expressif, dominé par le Sauvignon blanc, avec aussi des notes donnant à croire qu'il est très légèrement boisé, ce qui est dû, en fait, à son élevage sur lies. Très goûteux, son après-goût persiste un bon moment, et il a du caractère à défaut d'être particulièrement fin. Très bon. 70% Sémillon, 20% Sauvignon blanc et 10% Muscadelle. 13% (219 caisses). 858 324, 16,30$, ***, $1/2, 2011-2012.