«Bonjour, votre bouteille est unique et exceptionnelle» : grâce au tatouage numérique, le viticulteur comme le consommateur peuvent désormais savoir quel a été le trajet d'une bouteille de Bordeaux depuis la propriété jusqu'à sa dégustation à l'autre bout du monde.

«Ce système permet d'avoir un lien permanent avec la production et, à terme, cela va devenir un véritable outil de marketing», se félicite Julien Jouannel, directeur commercial de Château Carignan, premières Côtes de Bordeaux.

Pour ce responsable, ce mouchard du XXIe siècle mis au point par la société française «Advanced track and trace» (ATT), spécialisée dans la traçabilité et la sécurité des produit, offre des possibilités infinies.

Il suffit au consommateur de prendre en photo avec un smart phone l'étiquette principale de la bouteille pour se retrouver connecter au site Internet du château.

«Je peux notamment savoir, grâce à la géolocalisation du téléphone, qui a bu ma bouteille, quel jour et dans quel endroit dans le monde», s'enthousiasme M. Jouannel, qui affirme que cela va lui faciliter la gestion des stocks.

Le système de traçabilité numérique crypté permet également de lutter contre la contrefaçon et contre les problèmes de dysfonctionnements des réseaux de distribution.

«Cela permet par exemple de savoir comment une bouteille qui a été envoyée au Japon se retrouve finalement à Miami, aux États-Unis», explique Jean-Pierre Massicot. Le PDG d'ATT est venu cette semaine dans le Bordelais afin de présenter le procédé.

Le système consiste à embarquer une multitudes d'informations dans une petite étiquette, appelée «seal vector», qui est intégrée dans l'emballage de la bouteille, sur la capsule, étiquette ou la contre-étiquette.

«Ces empreintes sont cryptées et accessibles uniquement aux personnes habilitées à les lire», selon M. Massicot.

Le procédé a été développé, il y a quelques années déjà, pour des grands leaders mondiaux de l'industrie pharmaceutique et cosmétique.

«Puis, les premiers grands crus classés du Bordelais sont venus nous chercher pour que l'on assure la traçabilité de chaque bouteille», dit M. Massicot.

Depuis, le système s'est démocratisé et généralisé à l'ensemble de la filière viticole bordelaise, quelle que soit l'importance du château ou le nombre de cols produits.

«Notre avantage, c'est qu'on n'apporte pas une verrue sur la bouteille, on n'altère pas du tout son design et, comme tout est immatériel, on n'utilise aucun consommable, ce qui nous permet d'être très compétitifs», assure Alain Foucou, vice-président d'ATT.

Pour faire face à la demande croissante et être au plus près du client, ATT vient d'ouvrir une plate-forme à Mérignac, dans la banlieue bordelaise, et une seconde aux États-Unis, dans la Napa Valley, où le procédé est également en plein développement.