Apple a lancé un rare avertissement mercredi annonçant une baisse de ses prévisions de revenus trimestriels à cause d'un ralentissement de la croissance chinoise, aggravé par les tensions commerciales.

Dans une lettre aux investisseurs publiée à la clôture de la bourse, le patron d'Apple, Tim Cook, a évoqué le renforcement du dollar et la décélération «plus forte que prévu» de l'économie chinoise pour justifier cette révision à la baisse.

«Nous pensons que l'environnement économique en Chine a été davantage affecté par la montée des tensions commerciales avec les États-Unis», affirme Tim Cook.

Le titre Apple, qui avait terminé mercredi en très modeste hausse (+0,11%) a immédiatement plongé dans les transactions électroniques après la clôture. À 17h00 il était en recul de 7,6%.

Mercredi, il était déjà en recul de 32% par rapport à son plus haut historique atteint en octobre.

Cela augure d'une séance difficile jeudi à Wall Street en raison du poids de l'action de la marque à la pomme dans la cote.

«Nous nous attendions à une faiblesse économique dans plusieurs marchés émergents. Cela a eu bien plus d'impact que ce que nous avions prévu», écrit encore Tim Cook. Il a ajouté que l'essentiel de la révision à la baisse du chiffre d'affaires était imputable aux ventes d'iPhone, de Mac et d'iPad sur le marché que le groupe appelle «Grande Chine» (la Chine y compris Taiwan).

Le chiffre d'affaires d'Apple au premier trimestre (de septembre à décembre) devrait ainsi tomber à 84 milliards de dollars au lieu de 91 milliards prévus par les analystes.

Ces résultats seront officiellement annoncés le 29 janvier.

Selon M. Cook, d'autres facteurs vont également peser sur les revenus d'Apple, notamment le moment choisi pour le lancement de son iPhone l'année dernière et le renforcement du dollar. Un billet vert plus fort implique une baisse des revenus à l'étranger lors de la conversion en dollars américains.

Apple a aussi évoqué des «contraintes» d'approvisionnement sur certains produits, notamment ses dernières montres Apple Watch ou tablettes iPad Pro.

Cette révision suggère en tout cas un chiffre décevant pour les ventes d'iPhone, la locomotive du chiffre d'affaires comme des bénéfices du géant de Cupertino, en Californie.

Consommateurs chinois touchés

Le groupe explique que l'effet des incertitudes commerciales a commencé à toucher les consommateurs chinois.

Washington et Pékin sont en plein bras de fer sur les échanges commerciaux à coups de tarifs douaniers sur des centaines de millions de dollars de marchandises. Une trêve dans la surenchère des droits de douanes a été décrétée par l'administration Trump jusqu'au 2 mars pour mener des négociations actuellement en cours.

«Alors que le climat d'incertitude a pesé sur les marchés financiers, les effets ont semblé toucher également les consommateurs, la fréquentation dans nos magasins de détail et chez nos partenaires en Chine ayant décliné au fil du trimestre», a expliqué Tim Cook.

«Les données ont montré que la contraction du marché des smartphones en Chine a été particulièrement sévère», ajoute le groupe qui assure que «malgré ces défis», les activités de la marque en Chine «ont un avenir prometteur».

Apple explique aussi que d'autres facteurs ont contribué à ces ventes qui vont être moins fortes qu'anticipé, notamment pour l'iPhone. Le groupe cite des augmentations de prix dues à la force du dollar américain, moins de subventions de la part des opérateurs ou encore le succès des promotions de prix sur les batteries de remplacement.  

Face à un marché des smartphones largement saturé, Apple cherche à diversifier ses sources de revenus en offrant de nouveaux produits et services.

Malgré cette révision à la baisse, Tim Cook a mis en avant des points positifs dans certaines régions du monde, notant que le groupe s'attendait «à des revenus record dans plusieurs pays développés, notamment aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Pays-Bas et en Corée du Sud».