Cinq semaines après le Canada, le téléphone intelligent Z10 de BlackBerry sera finalement mis en vente ce matin (mardi) aux États-Unis. Pour plusieurs observateurs, c'est donc aujourd'hui que commence la «vraie» partie pour l'entreprise canadienne.

AT&T a confirmé lundi qu'elle accepterait les commandes pour le Z10 dès aujourd'hui, même si les premiers appareils ne seront en réalité livrés que dans 10 jours, le vendredi 22 mars.

Le Z10 est apparu en premier chez les distributeurs du Royaume-Uni le 31 janvier, au lendemain d'un lancement en grande pompe organisé simultanément dans huit grandes villes du monde. Il est présentement en vente dans une vingtaine de pays, dont le Canada.

Les raisons qui expliquent le retard dans l'entrée en scène américaine sont nébuleuses. En janvier, le PDG, Thorsten Heins, avait indiqué que les tests en laboratoire n'étaient pas encore terminés chez les exploitants américains. Mais certains observateurs ont aussi attribué ce retard à la tiédeur de l'intérêt de ces exploitants.

La confirmation de sa mise en vente par AT&T, lundi, a finalement mis un terme aux spéculations sur la date qui sévissaient depuis le dévoilement et qui, étant donné l'historique de l'entreprise, inquiétaient les investisseurs.

«Nous croyons que cela va soulager les inquiétudes quant au report du lancement», a écrit l'analyste Peter Misek, de Jefferies, dans une note envoyée lundi à ses clients.

Succès loin d'être assuré

Le succès de BlackBerry aux États-Unis est loin d'être assuré. «Ce sera très difficile pour eux ici», a indiqué M. Misek, en entrevue à La Presse.

«Le marché s'est standardisé autour de l'iPhone et des appareils avec le système Android. À notre avis, le BlackBerry va être limité au rôle de produit de niche aux États-Unis.»

Malgré tout, M. Misek est optimiste quant aux perspectives du titre de BlackBerry, dont il recommande l'achat.

«Je pense que l'entreprise peut bien faire si quelqu'un d'autre fabrique ses appareils, estime M. Misek. Ses forces sont dans les logiciels et les services.»

La tâche sera d'autant plus difficile que le Z10 devra maintenant affronter la concurrence du Galaxy S4, de Samsung, qui doit être dévoilé jeudi soir, à New York.

Plus cher qu'au Canada

Sans trop de surprise, AT&T a annoncé que le Z10 coûterait 199$US, avec un contrat de deux ans, le même prix que l'iPhone 5 d'Apple et le Galaxy SIII de Samsung. C'est plus cher que les 150$ exigés par Bell, Rogers et Telus au Canada, où le contrat est toutefois plus long d'une année.

«C'est exactement le prix auquel nous nous attendions, a écrit M. Misek. L'appareil fera toutefois l'objet d'une forte subvention d'AT&T, si bien que nous croyons que BlackBerry touchera environ 600$ par appareil.»

Deux autres exploitants américains, T-Mobile et Verizon, devraient aussi amorcer la vente du Z10 au cours des prochains jours. Dans le cas de T-Mobile, certains clients commerciaux ont en fait pu le commander dès lundi.

Plus frileux en ce qui a trait aux subventions, T-Mobile a choisi pour ces clients un prix de 250$, toujours avec un contrat de deux ans. L'entreprise n'a pas encore précisé quel sera le prix exigé des consommateurs grand public. Verizon non plus.

Le quatrième grand fournisseur de services nationaux, Sprint, a quant à lui choisi de sauter son tour. Il n'offrira que le deuxième appareil de BlackBerry, le Q10 doté d'un clavier physique, quand celui-ci sera lancé, en avril ou en mai.

Spéculation sur les résultats

Il faudra vraisemblablement attendre jusqu'à la fin de juin avant de connaître les premiers résultats du lancement américain. Déjà, les spéculations vont bon train en attendant les résultats financiers du quatrième trimestre de BlackBerry, terminé le 2 mars. Ceux-ci, qui seront publiés le 28 mars, couvriront le premier mois de vente de l'appareil ailleurs qu'aux États-Unis.

À défaut de données officielles, plusieurs informations contradictoires ont circulé quant à ces résultats de vente. Certains analystes pessimistes les ont estimés à tout juste 275 000 exemplaires. D'autres misent plutôt sur un million. À titre comparatif, Apple a vendu 48 millions d'appareils iPhone au dernier trimestre.

Sans fournir de précisions, M. Heins a lui-même indiqué à quelques occasions que les ventes étaient «meilleures que les prévisions». Un important distributeur canadien, Glentel, a aussi annoncé il y a quelques jours que le Z10 était le meilleur vendeur dans ses magasins, devant l'iPhone et les appareils Android.