Une action internationale coordonnée pour éliminer la cybercriminalité est désespérément attendue, ont plaidé à Davos des responsables d'organisations et dirigeants économiques, déplorant que les États traînent les pieds.

Face à des pirates qui ne sont plus seulement des individus isolés mais des organisations sophistiquées oeuvrant pour le profit, «de nombreux pays ne disposent pas de législation sanctionnant le cybercrime et n'ont pas les moyens d'enquêter et de partager les informations», a déclaré Yury Fedotov, patron de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), lors d'un débat organisé dans le cadre du 42e Forum économique mondial de Davos.

Il n'y a même pas d'accord sur la définition d'un cybercrime, a-t-il déploré, les États membres n'ayant pas explicité clairement ce qui pouvait être accepté ou interdit.

«Les criminels agissent à la vitesse d'internet tandis que les pays agissent au rythme de la démocratie, c'est la différence», a relevé Moises Naim, de la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

Mi-janvier, les sites publics de la Bourse de Tel-Aviv et de la compagnie aérienne israélienne El Al ont été paralysés à la suite de cyberattaques. Celles-ci se sont produites quelques jours après que des hackers affirmant être saoudiens ou palestiniens de Gaza ont révélé les coordonnées de plusieurs dizaines de milliers de cartes de crédit appartenant à des Israéliens ou attaqué des sites publics israéliens.

Des responsables israéliens se sont alarmés du fait que des informations concernant des personnes aient été révélées tandis qu'un porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza a salué une «nouvelle forme de résistance» à l'occupation israélienne.

Edward Knight, vice-président exécutif du Nasdaq, a fait état pour sa part de plus d'un million de cyber-attaques contre la plus grande Bourse des valeurs technologiques. Il a regretté l'absence de clarté «entre ce qui ressort de la responsabilité publique et ce qui est de la responsabilité privée» pour lutter contre ce type de criminalité. Le secteur privé est ainsi contraint d'avoir son propre système de défense même si les cyber-attaques sont le fait de gouvernements étrangers.

Kevin Johnson, directeur général de l'entreprise de télécoms américaine Juniper Networks, a plaidé en faveur d'un partenariat public-privé pour lutter contre ce type de criminalité. «Le défi c'est qu'il n'y a pas de frontières géographiques pour l'internet alors que les lois sont nationales», a-t-il souligné.