Le Suisse Didier Cuche, 36 ans, a dessiné la «manche parfaite» pour dominer samedi la descente de Chamonix, comptant pour la Coupe du monde de ski alpin, une semaine après avoir dompté la Streif de Kitzbühel (Autriche).

«Je n'ai pas quitté d'un mètre la ligne que j'ai reconnue ce matin, avec un ski qui allait monstre vite», a expliqué le Neuchâtelois, à sa 16e victoire sur le circuit majeur, dont neuf dans la discipline reine.

Quinze ans séparent Cuche de l'Italien Dominik Paris, deuxième à 67/100es, alors que le trentenaire autrichien Klaus Kröll a complété le podium à 88/100es.

Certains pourront y voir un passage de témoin entre l'ancienne génération, dont fait partie également l'Autrichien Michael Walchhofer (35 ans), cinquième, et la nouvelle génération qui pousse. Outre Paris (21 ans), ont ainsi émergé l'Autrichien Joachim Puchner (23 ans), quatrième à 3/100es du podium, le Suisse Beat Feuz (7e) et le Slovène Gasper Markic (12e avec le dossard 50).

Si Walchhofer quittera sûr le Cirque blanc à la fin de la saison, Cuche n'a pas encore décidé. Reste que, de la Streif à la Verte des Houches, la leçon a été époustouflante. Maître de la descente, le Romand est aussi un élève assidu. «La recherche de la perfection passe par l'examen précis de ce que les autres arrivent à faire dans les différents passages aux entraînements. Et j'ai regardé hier soir (vendredi) à la vidéo le meilleur de chacun», a-t-il remarqué.

À pied

Et d'ajouter que le feu qui couve sous sa sérénité avait de lointaines origines au pied du Mont-Blanc. «Il y a plus de dix ans, j'étais monté au départ de La Verte non pas comme concurrent mais comme spectateur, avec mon frère. En télésiège car je revenais tout juste d'une double fracture tibia-péroné. Et j'étais redescendu à pied, je peux vous dire que c'était plus dur que les deux minutes de descente à skis d'aujourd'hui».

À ses côtés, Paris, affublé de son petit bouc, buvait du regard les paroles du vainqueur. Mais le skieur du Haut-Adige apprend vite et il sait transformer ses "premières fois" en coups de maître. «Je n'avais évidemment jamais couru à Chamonix. C'était déjà le cas à Whistler (où il avait réalisé le scratch de la descente du super-combiné des JO)», a rappelé le dauphin.

«Durant la préparation estivale, j'étais devant (ses partenaires de l'équipe d'Italie) et puis je n'ai pas trouvé le rythme à Lake Louise (Canada) lors des premières épreuves de vitesse. Je pensais trop à la technique, alors qu'il faut aussi se laisser guider par l'instinct», a ajouté le jeune homme, comparé à Kristian Ghedina pour ses qualités de glisseur.

L'épeuve a été interrompue deux fois, une première à cause de la chute de l'Autrichien Georg Streitberger, une deuxième pendant 25 minutes pour permettre d'évacuer par hélicoptère le Canadien Manuel Osborne-Paradis, tombé en fin de parcours.

La saison est terminée pour le skieur de Colombie-Britannique, qui souffre d'une fracture du péroné gauche. Et la liste noire des Canadian cowboys de s'allonger.

Justement, revenant sur les accidents et blessures en cascade entre Kitzbühel et Chamonix, Cuche a exhorté ses condisciples à ne pas aller au-delà de leurs possibilités. Assurément la voie du sage.