En l'absence de Joannie Rochette, qui réfléchit toujours à son avenir, Cynthia Phaneuf sera le point de mire chez les dames aux Internationaux Patinage Canada, qui s'ouvrent aujourd'hui à Kingston. Elle est prête à faire face à la musique.

Cynthia Phaneuf s'était mis une tonne de pression pour les Jeux olympiques de Vancouver. Ça n'a pas tourné comme elle le voulait. En dépit d'une préparation optimale, qui a frôlé l'obsession, la patineuse de Contrecoeur a abouti au 12e rang. Comme si le gâteau n'était pas prêt. Elle ne se doutait pas alors qu'elle récolterait les fruits de ses efforts un mois plus tard, aux Championnats du monde de Turin.

«Il y a comme eu un déclic, relatait Phaneuf en entrevue téléphonique, mardi. Je suis partie aux Mondiaux le coeur un peu plus léger. J'étais moins dans ma bulle. Je n'avais pas besoin que rien ne me dérange. Je prenais les choses peut-être moins gravement.»

Ça a fonctionné à merveille. Phaneuf a fini cinquième alors qu'elle visait simplement une place parmi les 10 premières. Elle n'a pas volé ce résultat attendu depuis cinq ou six ans. Parmi les olympiennes de Vancouver, seule Joannie Rochette manquait à l'appel.

Phaneuf aborde la saison 2010-11 presque transformée, avec une confiance renouvelée. «Ça a complètement changé, dit la jeune femme de 22 ans. L'entraînement, c'est tellement intense que je ne me sentais pas capable de continuer une couple d'années. Là, je repars et la machine rembarque. C'est comme retourner dans un tourbillon. J'adore ça, je fais ça depuis que je suis petite. Je ne peux pas vraiment m'en passer. C'est un mode de vie!»

À Sotchi, en 2014?

Elle pensait disputer une dernière saison, voilà qu'elle songe sérieusement aux Jeux olympiques de Sotchi, en 2014. «Quatre ans, je trouve ça un peu gros, précise-t-elle. On a séparé ça en deux tranches de deux ans. Si j'obtiens un bon résultat, peut-être que ma carrière se finira comme ça. Mais j'aimerais me rendre en Russie.»

Phaneuf aborde les Internationaux Patinage Canada, présentés à Kingston d'aujourd'hui à dimanche, avec le statut de favorite. Elle avait 16 ans quand elle a gagné cette compétition, à Halifax, en 2004. Une éternité en patinage artistique. «Ce sont deux carrières complètement différentes, dit Phaneuf, sérieusement blessée en 2005. Je ne suis pas la même personne, ce n'est pas le même cheminement.»

À Kingston, Phaneuf étrennera deux nouveaux programmes, chorégraphiés par son fidèle complice David Wilson. Elle exécutera le court, plus original, sur une musique de Toni Braxton, avec «un enchaînement qui sonne comme une toune de club». Le libre, de facture plus classique, sera plus exigeant techniquement que l'an dernier, avec deux triples Lutz.

Phaneuf se mesurera à quelques patineuses expérimentée, dont la Japonaise Fumie Suguri, ex-vice-championne mondiale, et la Suisse Sarah Meier. L'Américaine Agnes Zawadzki, vice-championne mondiale junior, et la championne russe Ksenia Makarov, 17 ans, représenteront la nouvelle vague. Myriane Samson, révélation de la saison dernière, et Amélie Lacoste, qui s'entraînent toutes les deux au club de Saint-Léonard, seront aussi à surveiller.

L'affiche de Patinage Canada, deuxième tranche du circuit Grand Prix, a pris du plomb dans l'aile depuis quelques semaines. Il y a d'abord eu le retrait des champions olympiques en danse, Tessa Virtue et Scott Moir. Virtue a subi une opération pour soigner des douleurs persistantes à un tibia et à un mollet. Puis, lundi dernier, Jessica Dubé et Bryce Davison, triples champions canadiens, déclaraient forfait. Davison s'est blessé au genou droit à l'entraînement le week-end dernier.

Dans les circonstances, tous les yeux seront tournés vers Patrick Chan, cinquième à Vancouver et vice-champion mondial pour une deuxième fois à Turin. Kevin Reynolds et Jeremy Ten seront les autres Canadiens en lice. Le Japonais Nobunari Oda, qui s'entraîne au Canada, et l'Américain Adam Rippon, un élève de Brian Orser, seront les deux principaux rivaux de Chan.