C'est dans une explosion de joie que les proches de Joannie Rochette ont accueilli l'excellente prestation de la patineuse artistique à l'issue du programme court, mardi soir.

Quelques dizaines de parents et d'amis de l'athlète de l'île Dupas s'étaient réunis dans un hôtel de Berthierville pour suivre la première partie de la compétition olympique chez les dames, le programme court. L'épreuve a eu lieu 72 heures à peine après la mort de la mère de Rochette, Thérèse, à son arrivée à Vancouver, samedi soir.

Au terme du programme court, Rochette était classée au troisième rang, avec 71,36 points. Le programme libre aura lieu jeudi.

«On ne peut pas demander mieux», a lancé Claudette Riquier, un amie proche de la famille Rochette.

«Patiner dans des conditions comme ça, il faut le faire, a-t-elle ajouté. On le savait que c'était une battante. C'est notre championne à nous autres. Je pense que sa mère patinait avec elle ce soir.»

A 22h40, la petite foule réunie à Berthierville avait chaudement applaudi l'entrée de Rochette au Pacific Coliseum de Vancouver. Quelques minutes plus tard, on a également salué la solide performance de la Coréenne Yu-Na Kim, la meilleure de tous les temps.

En début de soirée, le sentiment général était résolument optimiste à Berthierville.

Mme Riquier était une amie très proche de Thérèse Rochette. Sa fille Nathalie a été l'entraîneure de Rochette pendant une dizaine d'années. Celle-ci se trouve à Vancouver en compagnie du mari de Mme Rochette, Normand.

«Ma fille m'a dit que Joannie n'avait pas beaucoup dormi. Hier soir (lundi), ils sont allés souper avec elle. Ma fille m'a dit «elle est forte en tabarnouche, elle est vraiment forte'. Mais là, à quel point?»

Après une brève pause, Mme Riquier s'est ressaisie. «Je suis à peu près sûr qu'elle va passer au travers de ça parce que c'était son rêve. Sa mère va l'aider d'en haut, je suis à peu près sûre de ça. C'est vraiment une battante, Joannie.»

La patineuse a aussi discuté de la situation avec son ancienne entraîneure. «Joannie a demandé à ma fille «qu'est-ce que maman voudrait?» Ma fille lui a répondu «tu le sais'. Joannie a dit «je vais le faire pour maman et vous autres dans les estrades'.»

«Je suis certain qu'elle va être bien inspirée», a estimé Laurent Lavallée, un ami de la famille.

Personne ne semblait croire que la tragédie allait réduire les capacités de la patineuse.

Nicole Grégoire, qui a connu les Rochette au Club de patinage artistique de Berthierville, a convenu que le programme imposé était la «bête noire» de Joannie Rochette, mais elle avait bon espoir que tout se passe bien pour la patineuse.

Les proches de la famille ont évidemment été anéantis par la mort subite de Thérèse Rochette. «On dirait qu'on n'est pas encore capables de réaliser ce qui s'est passé», a dit Mme Riquier, qui a vécu une soirée forte en émotions.

Lundi, le conseil municipal de Berthierville a donné le nom de Joannie Rochette à la portion aréna du centre Gilles-Villeneuve, où la patineuse a fait ses premières armes. Attendu depuis des années, l'honneur devait être officialisé après les Jeux, mais compte tenu des circonstances, on a décidé de devancer l'annonce.

Des affiches géantes arborant le visage de Joannie Rochette ont également été installées dans la ville pour encourager l'athlète.

Lundi, Rochette et son entraîneure, Manon Perron, ont publié un communiqué pour remercier les Canadiens de leur appui. La patineuse a reçu des centaines et courriels et de messages texte depuis le début de la semaine.

Faisant preuve d'un courage exceptionnel, Rochette a effectué une séance d'entraînement quelques heures seulement après avoir appris le drame.

Née en 1986, Rochette est vice-championne du monde et sextuple championne canadienne. Mardi soir, elle faisait face à Kim, championne du monde et aux Japonaises Mao Asada et Miki Ando, championnes du monde 2008 et 2007.