Après une saison marquée par les déchirements et les questionnements, Jessica Dubé et Bryce Davison n'ont qu'une intention: retrouver leur place parmi les trois meilleures paires au monde aux Jeux olympiques de Vancouver.

Jessica Dubé et Bryce Davison ont de grandes ambitions pour leur nouveau programme libre, conçu sur la trame sonore du film The Way We Were, drame romantique de 1973 mettant en vedette Barbra Streisand et Robert Redford.

«Pour être honnête, on espère faire pleurer les gens quand on le patine», a avancé Davison avec conviction, jeudi après-midi, en conférence téléphonique. «Même si on fait une très petite erreur technique, on pense que notre programme est si puissant qu'il peut tirer les émotions des gens, a-t-il enchaîné. C'est ce que les gens veulent. Parce que le patinage artistique est un sport artistique, on est là aussi pour faire un show.»

Davison et sa partenaire Jessica Dubé, surprenants médaillés de bronze aux mondiaux 2008, auront une première occasion de mesurer leur effet devant le public parisien, la semaine prochaine, dans le cadre du Trophée Éric Bompard, première épreuve du circuit Grand Prix de l'ISU.

En France, les triples champions canadiens espèrent pouvoir tirer un trait définitif sur une dernière saison difficile. Après une rupture amoureuse un peu compliquée à gérer, la complicité à l'entraînement a parfois fait défaut. Cela s'est logiquement conclu par une décevante septième place aux championnats du monde de Los Angeles.

Les leçons ont été tirées et le retour à l'entraînement estival s'est fait sous le signe de l'harmonie, indique Dubé. «Ce n'est pas qu'on ne s'entraînait pas bien, mais c'est peut-être que des fois on le faisait chacun de notre côté, a précisé la patineuse originaire de Drummondville. On ne mettait pas tout ce qu'on avait les deux ensemble. Ça a nui un peu à certaines compétitions.»

De son propre aveu, Dubé a aussi éprouvé toutes sortes d'ennuis à s'approprier l'ambitieuse chorégraphie livrée sur la musique de l'opéra Carmen. Inconfortable dans cet univers théâtral et dramatique, l'athlète de 21 ans en a pâti sur les éléments techniques, pourtant une de ses forces.

«J'ai vraiment essayé toute l'année de livrer la performance, mais je n'ai pas été capable de le faire jusqu'au bout pour que ce soit vraiment parfait, a-t-elle souligné. Au lieu de penser à ma technique, il fallait que je pense un peu à la chorégraphie tout au long du programme. Ça m'en faisait beaucoup.»

Conclusion de Davison au sujet de Carmen : «Un super véhicule, mais on ne parvenait pas en mesure de le maîtriser.»

The Way We Were, monté par le chorégraphe habituel David Wilson, se veut plus traditionnel. «On revient simplement à quelque chose dans lequel on est plus confortable. C'est ce que les gens veulent, ils ont ce qu'ils veulent», a exprimé Davison en faisant référence aux juges, aux médias et aux gens du milieu.

Pour le programme court, Dubé et Davison ont opté pour Requiem For A Dream du compositeur britannique Clint Mansell. Un choix intriguant pour quiconque a vu ce film troublant. «C'est quelque chose de plus puissant et de plus dramatique», a résumé Dubé.

À Paris, Dubé et Davison retrouveront un plateau passablement relevé, avec entre autres le couple allemand Aliona Svachenko et Robin Szolkowy, double champion du monde en titre, et le russe Maria Mukhortova et Maxim Trankov, troisième aux derniers championnats d'Europe.

«On est très excités. On veut affronter les meilleurs tôt dans la saison pour voir ce qu'on a fait et ce qu'il reste à faire, a rappelé Davison. De toute façon, en tant qu'athlète, tu ne cherches pas la voie facile. Ceux qu'on essaie de battre sont ceux auxquels on doit se mesurer. Le faire seulement aux Jeux olympiques et aux championnats du monde ne serait peut-être pas suffisant.»

Justement, ces Jeux à domicile, ils n'essaient de ne pas trop penser, même si ce n'est pas évident quand on se le fait rappeler à chaque visite au restaurant ou au magasin du coin. Si la pression peut peser lourd sur les épaules de certains, Davison est prêt à l'accepter et voit plutôt Vancouver comme une occasion unique de «changer leur vie».

«Consciemment ou pas, on travaille là-dessus depuis qu'on a l'âge de trois et quatre ans, a-t-il conclu. D'en être si proche et avoir un problème parce que si c'est si gros et qu'il y a tant de pression... Nous, on n'y voit rien de négatif.»