À la suite de l'accident mortel du jeune lugeur géorgien, des modifications à la piste de luge ont été apportées en vue de l'épreuve olympique de luge masculine de ce soir. Non pas parce qu'elle est dangereuse, mais bien pour «rassurer» les athlètes, s'est défendu le Comité d'organisation des Jeux olympiques de Vancouver (COVAN), aujourd'hui, en conférence de presse.

Les hommes partiront du départ des femmes, plus bas sur la piste, a décidé la Fédération internationale de luge. Le mur à la sortie de la dernière courbe - où s'est tué le lugeur - sera élevé. La glace sera modifiée pour diminuer les risques de sortie de piste. Les athlètes pourront aussi effectuer deux parcours complets avant que la compétition ne commence.

La conception de la piste, la plus rapide jamais construite, n'est toutefois pas en cause, selon la Fédération, aussi présente à la conférence de presse. Pas plus que l'inexpérience de l'athlète, a indiqué son secrétaire général, Svein Romstad. «Nodar Kumaritashvili était un bon athlète. Il a fait 26 descentes d'entraînement sur la piste de Whistler. C'est beaucoup de descentes», a dit l'Américain, rappelant que le Géorgien occupait le 44e rang mondial cette saison.

Parmi les solutions envisagées, le COVAN a songé à annuler l'épreuve, a dit son vice-président des sports, Tim Gayda. «Nous voulons respecter la douleur que ressente les athlètes. Leur ami est mort sur cette piste», a-t-il expliqué. Mais annuler l'épreuve ne les aurait pas rassuré, a-t-il conclu.

Après une inspection matérielle de la piste et un examen des bandes vidéo de l'accident, la Fédération, en collaboration avec le Bureau du coroner et la Gendarmerie royale du Canada, a conclu que Kumaritashvili, 21 ans, avait commis une erreur fatale. Il est sorti trop loin de la courbe numéro 15, l'avant-dernière du parcours, ce qui l'a empêché de s'engager correctement dans le virage numéro 16. «Il a ainsi perdu le contrôle de sa luge, ce qui a provoqué le tragique accident. Les responsables techniques de la FIL ont été en mesure de retracer la trajectoire de l'athlète et ils ont conclu que l'accident n'était le résultat d'aucune anomalie de la piste.» Il n'y a pas eu d'accident mortel sur le circuit international depuis 35 ans sur une piste artificielle, a-t-elle rappelé.

En partant du départ des femmes, les hommes devraient atteindre une vitesse inférieure à celle qu'ils peuvent atteindre en partant du sommet. Le jeune lugeur géorgien s'est tué lors d'une descente d'entraînement à 140 km/h. Un autre lugeur a frôlé les 154 km/h sur cette même piste. Avant l'accident, le bobeur américain Steven Holcomb avait même surnommé l'un des virages «50-50» parce qu'il estimait à une sur deux les possibilités d'en sortir sans accident.

«La différence entre la vitesse qu'atteigne les femmes et les hommes n'est pas grande. On parle de 10km/h. Si on a pris cette décision, c'est surtout pour rassurer les athlètes», a souligné M. Gayda du COVAN.

Bien que l'athlète géorgien eut heurté un poteau métallique à découvert à sa sortie de la piste, l'installation de balles de foin ou de coussins n'auraient rien changé, selon M. Gayda.

De la conception de la piste à l'aide d'un logiciel informatique jusqu' à son homologation, le COVAN a travaillé «main dans la main» avec la Fédération internationale de luge pour s'assurer que les installations seraient sécuritaires. De son côté, le Comité international olympique est satisfait des modifications apportées. «On est convaincu que la piste est sécuritaire. Il y a eu 5000 descentes sur cette piste depuis sa création», a dit Mark Adams, du CIO.

Depuis l'accident, le COVAN est bombardé de questions, notamment par des médias américains, sur le fait que le Canada aurait restreint l'accès à la piste avant les Jeux pour conserver «l'avantage du terrain». «Nous sommes conformes aux normes olympiques pour le nombre de périodes d'entraînement accordées aux équipes des autres pays, a répondu M. Gayda du COVAN. C'était aux équipes ensuite d'en profiter.»