Jacques Lemaire a 64 ans. Il compte neuf coupes Stanley à son actif. Huit avec le Canadien de Montréal à titre de joueur, une avec les Devils du New Jersey à titre d'entraîneur-chef. On pourrait lui en ajouter une autre: celle de 1986 avec le Canadien. Conseiller au directeur général, Lemaire jouait alors un rôle important de conciliation entre Jean Perron, entraineur-chef à l'époque, le vestiaire et le septième étage.

Malgré sa vaste expérience et sa réputation solidement bâtie au cours des 17 dernières années derrière les bancs du Canadien, des Devils et du Wild, Jacques Lemaire prend part à ses premiers Jeux olympiques.

Et cette première expérience, il la vit dans un rôle d'adjoint.

«Et c'est parfait comme ça», s'est empressé d'indiquer Lemaire au lendemain de la première victoire du Canada. Un gain de 8-0 aux dépens de la Norvège.

Les deux mains engouffrées dans les poches de son survêtement aux couleurs du Canada, Lemaire s'est contenté de sourire lorsqu'on lui a demandé pourquoi il avait patienté si longtemps avant de vivre le rêve olympique.

«Ce n'est pas arrivé parce que ce n'est pas arrivé. Ce n'est pas comme si j'y pensais», a ensuite expliqué Lemaire.

À la demande de Babcock

Pourquoi Vancouver?

Parce que Mike Babcock lui a demandé.

«Mike est moi avons développé une belle relation au fil des ans. Il m'a souvent expliqué avoir appris en me regardant coacher. Je sais qu'il m'a volé quelques idées aussi. Son désavantage numérique est pareil au mien. J'aime sa façon d'analyser et d'enseigner le hockey. Et c'est ça qu'on fait: on enseigne. Et il n'y a pas de temps à perdre. On arrive, on joue.»

Enseigner?

Que peut-on enseigner à l'élite du hockey mondial?

«Ils sont tous très bons. Ils peuvent tous jouer. Mais encore faut-il jouer de la bonne façon. On a insisté, l'été dernier, sur notre façon de jouer. Mais ils sont tous revenus avec leurs (mauvaises) habitudes. Il faut corriger ça rapidement.»

Outre Lemaire et Babcock, Équipe Canada compte aussi sur Lindy Ruff et Ken Hitchcock pour faire la leçon aux grandes vedettes de l'équipe.

«On parle hockey du moment qu'on se lève à 7h, jusqu'au moment où on se couche. Et je peux vous assurer que je me couche fatigué parce qu'on n'arrête pas une seconde.»

Qui est le professeur le plus dur?

«Je ne sais pas. Lindy et moi enseignons pas mal de la même façon alors que Mike et Ken sont plus semblables.»

Pendant que Lindy Ruff contrôle le temps d'utilisation des défenseurs et que Mike Babcock bat la mesure au centre du banc, Jacques Lemaire échange avec son patron et lui relaie les informations venant de la galerie de presse.

Il s'accorde aussi quelques instants pour lire les noms qui défilent devant lui. «Ça fait changement de voir des noms que tu voudrais toujours envoyer sur la patinoire au lieu de le garder au banc. Mais ils ne peuvent pas tous être sur la glace. Et c'est là où nous jouons notre rôle. Trouver qui sont les meilleurs parmi les meilleurs.»

Une inspiration

Mike Babcock n'avait pas le mot final sur la sélection de ses adjoints. Mais quand le directeur général Steve Yzerman lui a demandé d'y aller de suggestions, l'ancien coach des Redmen de l'université McGill n'a pas hésité.

«Jacques est un professeur formidable. J'ai beaucoup appris en le regardant d'abord. J'ai aussi eu le privilège de profiter de ses conseils lorsque j'ai fait le saut dans la LNH à Anaheim. C'est un gars de la vieille école, il ne partage pas beaucoup ses trucs. Ça ne m'empêche pas d'en avoir utilisé quelques-uns. Et d'en utiliser encore», a convenu Babcock qui voit en Lemaire un mentor, une source d'inspiration.

«J'étais avec lui plus tôt aujourd'hui (mercredi). Assis au soleil, nous parlions de hockey. Il partageait des souvenirs, des anecdotes. J'étais là et je buvais ses paroles. Car les connaissances, l'expérience et la préparation permettent de combattre la peur. Jacques a toutes ses qualités. Sa présence est donc extrêmement rassurante. Elle représente un atout autant pour moi que pour notre équipe.»

Qui a été le mentor de Jacques Lemaire? Toe Blake? Scotty Bowman?

«Je n'ai rien retenu de Blake pour qui j'ai joué un an. Scotty? Des fois, tu apprends en te disant de ne jamais faire ce que tu t'es fait faire. Mais ça reste de l'apprentissage», a conclu Lemaire.