Ce n'est pas une demande officielle, on n'est pas encore rendu là, mais le premier ministre Jean Charest a confirmé, hier, à Vancouver que Québec préparait sa candidature pour les Jeux olympiques. Et on vise 2022 même si ça semble bien rapproché de 2010 et de Vancouver.

«On ne veut pas brûler les étapes, mais nous avons déjà formé notre comité pour préparer la candidature de Québec. Nous sommes prudents et nous ne voulons pas répéter les erreurs du passé. Cette fois, nous allons pouvoir compter sur toutes les sphères de la communauté québécoise. Hommes d'affaires, gens de l'environnement, politiciens, le projet que nous allons monter devrait les rejoindre tous», de dire le premier ministre.

Mais cette fois, M. Charest a été clair. On va engager les trois ordres de gouvernement. Remarquez que le municipal et le provincial, c'est déjà réglé. Au fédéral, il va falloir convaincre les ministres Paradis et Verner d'appuyer le projet; mais si le gouvernement Harper veut garder ses sièges dans la grande région de la Capitale, on peut espérer une réponse positive.

L'influence de Sieber

M. Charest était dans une forme splendide à Vancouver. Il participait à une conférence de presse avec John Furlong, le grand patron de COVAN, qui s'est fait copieusement chauffer les oreilles pendant la période de questions. M. Charest ne s'est d'ailleurs pas gêné pour répéter qu'il avait été surpris de voir l'infime place réservée au français et au Québec pendant les cérémonies d'ouverture.

La veille, j'avais rencontré Régis Labeaume, le pétillant maire de Québec. Une pub fort accrocheuse et très bien faite, avait attiré mon attention dans le Vancouver Sun de samedi. Une page complète, à droite, dans le spread de la section olympique. Une publicité avec des photos fabuleuses de Québec sous la neige avec un texte disant qu'une ville d'hiver (a winter city) félicitait Vancouver pour ses Jeux.

Le message était à peine subtil et visait évidemment Jacques Rogge et tous les grands pontes du Comité international olympique qui sont à Vancouver. Et j'espère que M. Labeaume a sensibilisé Walter Sieber à son projet. L'ami Walter a du poids au CIO, beaucoup, beaucoup, beaucoup.

«Je veux dire aux décideurs que Québec est la ville pour les Jeux olympiques d'hiver. Une ville d'hiver. Dans le fond, on est une ville scandinave et on va l'être de plus en plus. Je veux dire qu'on va apprivoiser encore plus l'hiver et qu'on va en tirer profit, en faire une grande spécialité pour le tourisme et le sport», d'ajouter le maire.

Les gens de Québec 2002 étaient terrorisés par André Arthur. Et il faut avouer qu'ils faisaient pic pic. Personne n'a oublié l'espèce de comptoir à sucre sur le trottoir à Lillehammer et le folklore qui baignait sa candidature. «On va y aller et on n'ira pas en quêteux. On va commencer par obtenir le financement de notre nouvel amphithéâtre. On a besoin d'un nouveau Colisée, on va le financer et on va le bâtir. Il sera prêt pour les Jeux, a souligné le maire de Québec. C'est une aberration historique que l'anneau de glace ne soit pas encore construit. Gaétan Boucher, c'est nous autres. On va le construire.

Quant au Massif, il y a moyen de l'aménager pour satisfaire les exigences de la fédération internationale de ski. Tout en respectant les conditions environnementales imposées par Daniel Gauthier, le propriétaire de la montagne. Il a raison et nous allons le respecter.

Mais il y aura moyen d'innover là comme ailleurs», a clamé Labeaume.

Et les cérémonies d'ouverture? Le maire a déjà son idée. Les courses de chevaux tirent à leur fin. Un beau stade de football sur le terrain de l'hippodrome, augmenté d'estrades temporaires pour les Jeux et on aura un endroit fabuleux pour célébrer les Jeux... et l'hiver. On pourra voir les vraies étoiles. «On a le Cirque du Soleil, on a Robert Lepage, on a tant de créateurs québécois, on saura innover, inventer, on saura créer», a dit monsieur le maire.

Pour rassurer le maire Labeaume, faut préciser que le premier ministre Charest a clairement indiqué que le projet de l'amphithéâtre était un projet de son gouvernement. «Mais on veut une implication du privé», a-t-il précisé.

En début de soirée, on avait droit à une fête pour souligner la journée du Québec aux Jeux de Vancouver. On espérait la visite d'Alexandre Bilodeau. Les autres notables allaient avoir droit à un spectacle de Gregory Charles. On s'en reparle.

DANS LE CALEPIN - J'avais les larmes aux yeux en regardant Alexandre Bilodeau en entrevue à CTV dans l'heure qui a suivi sa médaille d'or, dimanche soir. Le réseau a fait un très bon travail en invitant Frédéric, le frère handicapé du héros, sa soeur et ses parents.

C'était touchant d'entendre Alexandre raconter son histoire. Quand l'animateur lui a demandé de traduire une question en français pour Frédéric, les deux frères se sont regardés avec tellement d'amour que l'émotion a littéralement percé l'écran pour nous atteindre. C'était beau et poignant. En plus, quelqu'un a pensé à apporter une bouteille de champagne pour célébrer cette première médaille d'or en sol canadien dans l'histoire du pays. C'était la première fois que Frédéric se permettait de l'alcool. Cette petite fête sans prétention était charmante. Et spontanée. Il y avait quelque chose de magique.

J'écoutais Alexandre répondre aux questions en expliquant tout ce qu'il devait à son frère, à ses parents et à ceux qui l'entourent et j'étais immensément fier de lui.

Ce matin, les journaux du pays faisaient toute la Une avec une photo d'Alexandre. En entrant au centre de presse, un de mes amis de Hamilton m'a salué en me félicitant. Sans doute parce que Bilodeau est québécois. C'était gentil, mais j'ai bien précisé que ceux qui méritaient des félicitations étaient Alexandre, ses parents, ses frère et soeur, son coach Dominick Gauthier, son mentor financier John D. Miller et tous les autres que je ne connais pas. Y compris les membres de la fédération de ski acrobatique du Québec qui ont oublié de l'inscrire au titre d'athlète québécois de l'année. Mais ils ont dû faire quelque chose de bien, il y avait trois Québécois dans les cinq premiers au monde aux Jeux de Vancouver.

Bravo.