Meurtri par les affaires de dopage à retardement, le Tour de France se refait une beauté pour sa centième édition qui part samedi prochain de Corse, à Porto-Vecchio, avec le Britannique Chris Froome pour favori.

Un départ inédit

À l'unanimité, l'assemblée de Corse s'est prononcée pour la venue du Tour de France qui n'avait encore jamais emprunté ces routes depuis sa création en 1903. Cette exception pour la France métropolitaine est réparée. Et plutôt trois fois qu'une selon l'expression du directeur du Tour Christian Prudhomme, qui a oeuvré pour ce Grand départ inédit.

Au-delà du défi logistique (un grand bateau accueille la permanence et la salle de presse), la course sillonne durant trois jours l'île de Beauté et fait étape à Bastia, Ajaccio et Calvi, avant de revenir sur le continent (Nice) où l'attend le 2 juillet un contre-la-montre par équipe. Pour la première fois depuis... 1966, un sprinteur devrait s'emparer du premier maillot jaune.

Un parcours esthétique

Le 100e Tour privilégie les grands sites touristiques, qui seront vus du ciel en quasi-mondiovision. Le contre-la-montre du Mont-Saint-Michel, après la première semaine méditerranéenne et deux étapes pyrénéennes, symbolise la volonté d'esthétisme des dirigeants de la course. Avant le prestigieux Ventoux, le jour du 14 juillet, puis le lac de Serre-Ponçon, pour le second «chrono», et la double ascension inédite de l'Alpe d'Huez, temps fort prévisible du triptyque alpestre (Grand-Bornand, Semnoz).

Pour la première fois, la dernière étape, qui partira du château de Versailles, arrivera sur les Champs-Elysées, le 21 juillet, au crépuscule. Au bout des 3403,5 kilomètres qui se conclueront sur une cérémonie protocolaire à la tombée de la nuit, avec l'Arc de Triomphe illuminé en jaune pour toile de fond. Pour une fête que la société organisatrice (ASO) espère inoubliable. «Ce qui m'a frappé avant ce centième Tour, c'est l'enthousiasme, la ferveur, l'envie», a souligné Christian Prudhomme dans un entretien à l'AFP. «Le Tour doit être aimé et c'est plus vrai que jamais».

Une série anglaise. One, two...

Les Britanniques, qui n'avaient jamais gagné jusque-là, ont réussi le «doublé» l'an passé. Onze mois plus tard, le tenant du titre, Bradley Wiggins, se retrouve sur la touche après des problèmes à répétition. A l'inverse, son dauphin, Chris Froome, monte en puissance au point de devenir le grand favori après ses succès 2013 (Oman, Critérium international, Romandie, Dauphiné).

Soutenu par une équipe Sky dominatrice, le natif de Nairobi a marqué son territoire. Malgré ses deux victoires (2007 et 2009), l'Espagnol Alberto Contador, absent l'an dernier, est redevenu un challenger, certes redoutable par ses qualités tout-terrain et sa volonté offensive, tout comme à un degré moindre son compatriote Joaquim Rodriguez. Autres anciens lauréats, l'Australien Cadel Evans (2011) et le Luxembourgeois Andy Schleck (2010) semblent en retrait, soit pour une raison d'âge soit pour une condition à affiner.

La jeune génération, illustrée par l'Américain Tejay Van Garderen, est davantage attendue. Aussi impatiemment que les jeunes talents (Pinot, Rolland) d'un cyclisme français décomplexé à l'image de Thomas Voeckler. Mais, sur le Tour, tous les maillots sont convoités, qu'ils concernent les grimpeurs (pourquoi pas le débutant colombien Nairo Quintana ?) ou les sprinteurs (Cavendish, Greipel, Kittel et évidemment Sagan, maillot vert pour ses débuts en 2012).

L'après-affaire Armstrong

Le séisme Armstrong, au ban du cyclisme depuis l'automne dernier, a provoqué une onde de choc et surtout un vide béant au palmarès, privé de vainqueur pour la période allant de 1999 à 2005. Les récents aveux de son alter ego allemand, Jan Ullrich, ont enfoncé un peu plus le clou.

«C'est le dopage qui est l'ennemi, pas le Tour ou le cyclisme», rappelle Christian Prudhomme qui se veut optimiste («le cyclisme de 2013 n'est plus celui des années Armstrong») sans se bercer d'illusions («on n'est pas dans un monde parfait»). Au moins l'Union cycliste internationale, soupçonnée de complaisance à l'époque de la domination du Texan, a-t-elle conclu un accord de travail avec l'agence française antidopage (AFLD). Face au fléau, toutes les bonnes volontés sont bienvenues.