Cela faisait déjà quelques années qu’Eugène Lapierre songeait à laisser sa place à la direction de l’Omnium Banque Nationale et il savait depuis longtemps que Valérie Tétreault était la candidate toute désignée pour lui succéder.

Lundi, la première journée du tournoi 2023 a été l’occasion du passage officiel du bâton, Lapierre étant honoré lors d’un cocktail réunissant de nombreux dignitaires, mais aussi la plupart de ceux qui l’ont côtoyé pendant ses 22 ans à la barre du tournoi.

À l’heure des bilans, cet anticonformiste a d’ailleurs insisté pour saluer ses collaborateurs. « J’ai eu la chance de travailler avec des gens extraordinaires. Je ne suis spécialiste de rien, mais eux le sont, et nous formons une équipe formidable.

« Ce que je retiens de ces années, c’est d’abord et avant tout le plaisir que nous avons eu à travailler ensemble. Je vais toujours me souvenir des éclats de rire pendant nos réunions de travail, au mois de février, quand on essayait de sortir des idées, que la plupart d’entre nous ridiculisaient sur le coup, mais que nous trouvions très bonnes quelques semaines plus tard ! »

Regard vers l’avenir… du tournoi

Plus sérieusement, Lapierre a évoqué l’avenir du tournoi. La pluie du jour lui a notamment permis de faire le point sur le dossier du toit du stade. « La pandémie a tout changé, a-t-il rappelé. Avant la COVID, on y était presque, on était sur le point d’avoir des ententes pour des fonds publics, en insistant sur l’importance de nous démarquer sur la scène internationale dans le but de négocier des ententes à long terme avec la WTA et l’ATP.

« La situation est complètement différente aujourd’hui. D’un côté, je n’ai pas regardé les chiffres, mais le coût d’un toit est sûrement devenu prohibitif ; de l’autre, nous avons renégocié des ententes de 30 ans avec la WTA et l’ATP, et aussi avec la Ville de Montréal. Nous allons continuer d’étudier ce dossier, mais il n’est pas d’actualité. »

De toute façon, quand on regarde ce qui se passe dans le monde, avec les changements climatiques, quand on voit tous les tournois qui sont perturbés par la météo, par la chaleur notamment, on peut se demander si on ne s’en va pas vers une ère où les grands spectacles sportifs devront se dérouler sous un toit. Peut-être.

Eugène Lapierre

Quoi qu’il en soit, le héros du jour n’était pas mécontent de laisser à Tétreault le soin de gérer une première journée de tournoi perturbée par la pluie. « Ce sont toujours des journées “intéressantes” », s’est rappelé Lapierre, en pensant à toutes ces journées au cours desquelles son équipe et lui ont dû élaborer mille scénarios.

La nouvelle directrice du tournoi a raconté à la blague qu’elle avait passé une partie de l’après-midi « en petite boule sous son bureau », mais son mentor ne doute pas qu’elle saura affronter toutes les situations.

« Ça faisait dix ans que je l’avais sur mon radar, depuis qu’elle travaillait avec nous et qu’elle démontrait déjà de belles qualités de leadership. Elle ne saute pas sur les tables, mais quand elle parle, tout le monde l’écoute. Elle inspire la confiance, et ça fait déjà un bon moment que je valide avec elle mes décisions importantes quand j’en sens le besoin. Vous allez l’adorer ! »

Et loin de tirer sa révérence, Lapierre va continuer d’être impliqué dans les dossiers qui lui tiennent à cœur, le développement du tennis au Québec, bien sûr, mais aussi la façon d’améliorer les grands tournois internationaux, au sein d’un comité de la WTA.

Des hommages mérités

Eugène est déjà une “légende” à Tennis Canada. Il a fait de notre omnium national le meilleur tournoi d’une semaine au monde, et de loin. Sa marque est bien inscrite dans la façon de gérer le tournoi, dans cette volonté de toujours faire mieux, de toujours amener le tournoi plus loin. Et il a toujours cru que les revenus du tournoi devaient être réinvestis dans le développement du tennis, à la base, mais aussi avec l’élite. Il a d’ailleurs été un formidable ambassadeur pour la création et le succès du Centre national de développement. Finalement, c’est impressionnant de voir qu’il a aussi formé sa relève, comme lui-même avait profité des conseils de son prédécesseur Richard Legendre. Je sais à quel point il est fier de Valérie Tétreault, notre première directrice du tournoi.

Michael Downey, président de Tennis Canada

Eugène a été mon bras droit pendant plusieurs années dans des projets importants, comme la transformation du stade, et j’ai vite apprécié deux qualités importantes : son sens stratégique et ses talents de communicateur. Comme anciens joueurs, nous avons toujours été sur la même longueur d’onde. Nous avions la même vision du rôle du tournoi, qui devait avant tout être un “moyen” pour assurer la promotion du tennis. Après mon départ, j’ai toujours apprécié son aplomb pour gérer les dossiers “chauds” et répondre aux questions.

Richard Legendre, directeur du tournoi de 1990 à 2001

Je l’ai connu quand il était à Tennis Québec et il est toujours resté le même, très simple, toujours accessible. Son bureau était toujours ouvert et il était généreux de son temps et de ses conseils. Eugène a toujours vu son rôle comme celui d’un chef d’orchestre. Il savait écouter, posait les bonnes questions et nous aidait toujours à trouver les bonnes réponses. C’est vrai que c’était toujours agréable de travailler avec lui ; il est très cool dans la vie et, sans rien enlever à Valérie [Tétreault], on va tous s’ennuyer de lui.

Claude Savard, vice-président de Tennis Canada responsable des partenariats corporatifs