(Montréal) Eugène Lapierre a abordé le mois d’août avec des préoccupations professionnelles moindres que par le passé. Et même s’il est reconnu pour être un homme plutôt calme, sans doute avec un peu moins de stress, aussi.

Après deux décennies où il a occupé la fonction de maître d’œuvre d’un tournoi qui a rassemblé la crème du tennis international à Montréal et qui a été parmi les plus courus de sa catégorie au monde, Lapierre campera dorénavant le rôle de spectateur. Même s’il sera toujours prêt, au besoin, à conseiller et rendre service à celles et ceux qui assument la relève d’un évènement qui, dit-il, lui a fait découvrir des aptitudes qu’il ne pensait pas nécessairement posséder.

Le 6 octobre dernier, Lapierre a passé le relais à Valérie Tétreault à la tête de l’Omnium Banque Nationale. Une décision qui s’est concrétisée deux ans plus tard qu’il ne l’avait d’abord prévu, et qu’il n’a jamais remise en question.

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Valérie Tétreault

« C’est drôle parce que ma sœur m’écrivait ce matin et se demandait si j’allais bien et comment je me sentais, vu que je ne suis plus impliqué [dans le tournoi]. Je me sens super bien, premièrement parce que j’ai d’autres projets que je pousse et que j’aime », a confié Lapierre lors d’une entrevue accordée à La Presse Canadienne à un peu plus d’une semaine du début du tournoi, qui s’amorce samedi avec les qualifications.

Lorsqu’il revient sur ses années passées dans le rôle de directeur du tournoi, Lapierre se souvient d’abord de la frénésie des jours précédant les premiers coups de raquettes sur les divers courts du complexe maintenant baptisé le stade IGA. Et aussi du plaisir qu’il a ressenti à travailler en groupe, dans une atmosphère positive et enivrante.

L’une des choses d’organiser ce tournoi-là, c’est que c’est le fun. On a toujours eu beaucoup de plaisir même si c’est beaucoup de travail. On est dans le jus et tout ça, mais c’est agréable. On monte quelque chose qui va être un succès. On le sait.

Eugène Lapierre

Au fil de toutes ces réunions avec son personnel, Lapierre dit avoir découvert un talent qu’il ne soupçonnait pas chez lui.

« Je me suis aperçu, parce que je n’en avais absolument pas la conviction, que je n’étais pas un mauvais leader et que je pouvais fédérer les gens à travailler ensemble et à s’amuser sans que moi-même, j’aie une grande expertise dans quoi que ce soit, dans tout ça », précise-t-il.

« Je ne suis pas un spécialiste de marketing. Je ne suis pas un vendeur ; je ne prendrai pas le téléphone pour vendre des billets, mais on a une équipe formidable là-dessus. Je ne suis pas un spécialiste des aménagements [sur le site]. Je ne suis pas un spécialiste de la restauration, loin de là. Je suis comme un spécialiste de rien de tout ce qu’on fait. Mais ça arrive et ça marche parce que j’ai pu fédérer le monde à travailler ensemble. Je me suis aperçu que j’avais cette qualité-là », analyse-t-il, avec du recul.

« Je me suis aperçu que j’avais une grande gueule aussi ! Je suis capable de parler », ajoute-t-il, en ricanant.

Lapierre est également fier de constater que ce tournoi a apporté du bonheur, de diverses façons, à un vaste pan de la population du Québec.

« C’est un fait que le sport est un outil de socialisation. Les gens viennent à un évènement non seulement pour voir un bon show, mais ils viennent pour socialiser, pour rencontrer des gens, pour parler, avoir du plaisir, amener des amis, des clients. Et donc, ça devient un évènement important pour beaucoup, beaucoup de monde », a-t-il observé.

« Et même pour les gens qui ne viennent pas à l’évènement, j’ai découvert, à un certain moment, que ça apportait une fierté aux Montréalais. Même s’ils ne viendront pas au tennis parce que ce n’est pas quelque chose qu’ils suivent, ils disent “ c’est le fun qu’il y ait un grand tournoi et que les meilleurs joueurs au monde viennent ici. ” »

Dans une sorte de bilan de sa carrière à la direction du tournoi, Lapierre met l’accent sur les relations harmonieuses entre son organisation et les clients, les partenaires commerciaux, les athlètes, les représentants des deux circuits professionnels de tennis (l’ATP et la WTA) et les médias.

Surtout, Lapierre se souviendra toujours de la réponse de Montréal.

« Je trouve que c’est plus Montréal qui a fait le succès du tournoi. Je voyais une sorte de fierté des gens de Montréal à venir au tournoi. »