(Melbourne) Au cours de son match du 2e tour des Internationaux d’Australie qui l’a mené jusqu’au petit matin vendredi, Andy Murray a hurlé ce que beaucoup parmi les joueurs, spectateurs et observateurs pensent souvent à propos de la programmation parfois incompréhensible des tournois du Grand Chelem : « Pourquoi joue-t-on à trois heures du matin ? »

Il était 4 h 06 du matin vendredi quand Murray est venu à bout de l’Australien Thanasi Kokkinakis après cinq heures et 45 minutes de jeu et cinq sets très accrochés 4-6, 6-7 (4/7), 7-6 (7/5), 6-3, 7-5.

Jamais l’ancien N.1 mondial, vainqueur dans sa carrière de 46 titres dont trois en Grand Chelem, n’aura passé autant de temps sur un court. Jamais l’Écossais de 35 ans, revenu de plusieurs opérations de la hanche droite, n’aura fini un match aussi tard.

Et pour cause, dans l’histoire des Internationaux d’Australie, un seul match a fini plus tard, un duel au 3e tour de l’édition 2008 entre l’Australien Lleyton Hewitt et le Chypriote Marcos Baghdatis, conclu à… 4 h 34 du matin.

Et il y a mieux, ou pire, dans l’histoire du circuit ATP : il était 4 h 54 quand l’Allemand Alexander Zverev et l’Américain Jenson Brooksby en ont fini de leur match du 1er tour du tournoi d’Acapulco en 2022.

« Une farce »

De retour sur les courts de Melbourne, moins de huit heures seulement après sa victoire face à Kokkinakis, pour préparer son duel contre l’Espagnol Roberto Bautista, programmé samedi pas avant 19 h, Murray ne décolérait pas.

« Plutôt qu’un match épique entre Murray et Kokkinakis, ça s’est terminé par une farce », a-t-il lâché.

« Certaines personnes doivent travailler le lendemain », a rappelé le 66e joueur mondial qui a tenu à remercier les spectateurs restés jusqu’au bout dans les tribunes de la Margaret Court Arena.

« Si mon enfant était un ramasseur de balle pour un tournoi et qu’il avait dû rentrer à cinq heures du matin, en tant que père, j’aurais explosé », a poursuivi le Britannique. « Ce n’est pas bien pour eux. Ce n’est pas bien non plus pour les arbitres et les officiels. Je pense que ce n’est pas non plus génial pour les fans, et ce n’est pas bon pour les joueurs. »

Murray a reçu le soutien de la N.3 mondiale Jessica Pegula : « C’est fou. Aucun (autre) sport ne fait ça », a regretté l’Américaine, dont les richissimes parents sont propriétaires des Bills (NFL) et des Sabres (LNH) de Buffalo.

« C’est quelque chose dont il faut parler, parce que je pense que l’ensemble des joueurs considèrent que cela ne doit plus arriver », a-t-elle assuré.

« On s’en souviendra »

Durant ce match à rallonge, la légende du tennis féminin Martina Navratilova a estimé sur Twitter qu’il fallait « édicter de meilleures règles à propos des conditions météo et des débuts des matchs ».

Ces programmations tardives, pour satisfaire les demandes des diffuseurs, ne se limitent plus aux Internationaux d’Australie et des États-Unis, dont les sessions nocturnes prennent fin en première semaine au-delà de 2 h du matin. En juin dernier, à Roland-Garros, le quart de finale entre Novak Djokovic et Rafael Nadal s’était achevé à 1 h 15 du matin.

Jamie Murray, frère d’Andy et spécialiste du double, fait partie de ceux qui réclament de limiter à un seul match la programmation des sessions nocturnes en Grand Chelem.

Cette proposition a été balayée par le directeur des Internationaux d’Australie, Craig Tiley : « Si vous ne mettez qu’un seul match en nocturne et qu’il y a une blessure, vous n’avez rien pour les fans ou les diffuseurs », a-t-il rétorqué.

Et tous les joueurs ne sont pas hostiles à ces matchs programmés en soirée et dans la nuit : « Le match a commencé à 22 h. Kokkinakis l’a fait durer. Murray l’a rallongé aussi », a souligné le Grec Stefanos Tsitsipas.

« Je pense que le tennis aime ce genre de matchs parce qu’il y a une histoire derrière, il y a une grande histoire derrière ce match et on s’en souviendra », a fait remarquer le N.4 mondial.