« Back to back tabarnak ! », s’est exclamé Olivier Aubin-Mercier après avoir remporté vendredi soir son deuxième championnat des poids légers de la Professional Fighters League (PFL) dans ce qui était, selon toute vraisemblance, son dernier combat en carrière.

« Je suis le meilleur Olivier que je n’ai jamais été », disait Aubin-Mercier dans la vidéo d’ouverture présentée avant son entrée dans l’octogone. Quelques minutes plus tard, il passait de la parole aux actes en vainquant l’Américain Clay Collard par décision unanime (49-46, 49-46, 49-46).

Pour une deuxième année consécutive, le « Canadian Gangster » a défait tous ceux qui se sont trouvés sur son passage cette saison. Et pour une deuxième année consécutive, il met la main sur un chèque d’un million de dollars.

Sauf qu’il n’y aura pas de troisième année consécutive.

Alors qu’il répondait à une question de l’animateur d’ESPN en anglais dans l’octogone, Aubin-Mercier a pris une pause et a lâché, dans un soupir, « je vais parler un petit peu en français ». « Ils peuvent le garder leur anglais eux autres ! » a-t-il ajouté en riant, en référence au discours d’après-match du joueur des Alouettes de Montréal Marc-Antoine Dequoy un peu plus tôt cette semaine.

« Je suis fatigué, a continué le Québécois. Je suis vraiment fatigué. Je pense que c’est la dernière fois que vous allez me voir. C’est difficile pour moi de dire ça, mais je pense que c’est fini. J’ai besoin d’un gros repos, du moins pour les prochaines années. »

Aubin-Mercier a ensuite remercié ses entraîneurs, puis sa famille. « Ma blonde, ma fille, mes parents, a-t-il laissé entendre, avant que sa voix ne craque et que des larmes ne se mettent à couler. Je m’ennuie, j’ai hâte de vous voir. »

Lorsque l’animateur lui a demandé de quoi aurait l’air l’année 2024 pour le double champion, OAM a indiqué qu’il voulait passer du temps avec sa famille, comme il le répète depuis plusieurs mois.

« Il y a trois ans, j’ai dit à ma petite fille que je ne travaillerais pas cet été, a-t-il raconté, le trémolo dans la voix. J’ai travaillé cette année et cet été, alors je pense que j’ai besoin de passer du temps avec ma famille. »

Le combat

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’était pas un combat pour les doux. Aubin-Mercier, plus fort et meilleur tactiquement, a dominé le duel, mais faisait face à un adversaire très, très tenace.

Dès le premier round, ça n’a pas pris deux minutes avant qu’Aubin-Mercier n’encercle son adversaire aux hanches pour l’amener au sol et y aller d’un triangle corporel. Il a tenté des étranglements, sans succès toutefois. Clay Collard était obstiné, et le contraire aurait été étonnant.

Les trois rounds suivants se sont déroulés sensiblement de la même façon. C’est OAM qui menait la position devant un adversaire souvent à court de solution, mais qui réussissait toujours à se défaire de l’emprise du Québécois.

« Il était tout le temps dans ma face, a dit le champion un peu plus tard aux médias présents sur place. C’était vraiment dur. C’était un combat difficile. »

« C’est un débile. On le savait, on était prêts. Ça m’a quand même surpris combien il était bon pour se relever. Pour être honnête, ça m’a vraiment brûlé les jambes. »

Aubin-Mercier, visiblement blessé à une jambe, a néanmoins nettement eu l’ascendant tout au long du combat. Dès la cloche finale, il a pris son équipe dans ses bras, à bout de souffle et d’énergie. Un léger sourire apparaissait sur son visage. Le sourire d’un homme épuisé, mais satisfait. Il s’est d’ailleurs dit fier d’avoir tenu cinq rounds contre un gars « qui est reconnu pour avoir un cardio d’enfer ».

« Back to back tarbarnak ! » s’est-il rapidement exclamé au micro d’ESPN après la victoire. Cette phrase était la suite parfaite à celle qu’il avait prononcée après son premier championnat il y a un an, soit « Québec is back tabarnak ! ».

Voilà des mois qu’Aubin-Mercier répète sans gêne qu’il n’a plus la motivation de continuer à se battre. Ce combat, quel que soit son dénouement, serait son dernier, avait-il prévenu. Encore la semaine dernière, en entrevue avec La Presse, le pugiliste exprimait son impatience d’être en vacances. Eh bien voilà que c’est fait ; Aubin-Mercier est en vacances. Et il l’est avec un deuxième million en poche. Difficile de demander mieux.

« Il y a quelque chose [à la fois] de nice et de triste un peu de quitter le sport au top. Mais j’ai fait la paix avec ça et je suis fier de moi », mentionnait-il la semaine dernière.

Maintenant, l’heure du repos tant attendu est venue.

« Huit combats en deux ans, ça m’a vraiment brûlé, de dire Aubin-Mercier en conférence de presse. J’ai le gout de voir ma petite famille, de me promener dans le monde, d’en profiter. »

« [Ma fille] va avoir sa carte de La Ronde ! »