« Je voulais vraiment tout donner jusqu’à la dernière seconde, la dernière cloche. C’est ce que j’ai fait », a lancé une Marie-Pier Houle déçue, mais sereine.

La Québécoise s’est battue avec audace et jusqu’à la fin, comme elle se l’était promis, mais ça n’a pas été suffisant. Elle a dû s’avouer vaincue par décision unanime devant la Britannique Sandy Ryan, samedi à Cardiff, au pays de Galles (99-91, 98-92, 97-93). Elle a ainsi vu le titre des mi-moyennes de la WBO lui glisser entre les mains.

« Je suis déçue, je ne le cacherai pas. J’aurais vraiment aimé ramener la ceinture à la maison. […] C’était ça, mon objectif. J’ai donné ce que je pouvais donner. J’ai fait la meilleure performance que je pouvais », a laissé entendre l’athlète en vidéoconférence, une heure et demie après son premier revers en carrière.

D’habitude, je suis super dure avec moi-même. Aujourd’hui, je ne me taperai pas sur la tête. J’ai déjà reçu assez de coups de même !

Marie-Pier Houle, après son combat

La native de Terrebonne n’a pas à rougir de sa prestation. Dès le son de la cloche au Motorpoint Arena, elle a attaqué son adversaire avec agressivité, décochant de nombreuses bonnes frappes sur une Sandy Ryan plus défensive d’entrée de jeu.

Le rythme a augmenté d’un cran au quatrième round et la Britannique a pris l’ascendant avec de lourdes et puissantes frappes, que Houle avait jusque-là réussi à éviter tant bien que mal. Touchée maintes fois au visage en milieu de duel, la Québécoise a commencé à saigner du nez. Au neuvième, Ryan lui a lancé un violent uppercut. Au dixième, cette dernière continuait de multiplier les frappes.

PHOTO ANDREW COULDRIDGE, REUTERS

Sandy Ryan

Houle a décoché nombre de bons jabs, mais son opposante, un peu plus grande qu’elle, semblait carrément inébranlable. « J’aurais aimé lui faire plus mal ! », a d’ailleurs lancé Houle.

« Jamais je n’ai senti Marie-Pier découragée dans le coin, a pour sa part lancé son entraîneur, Sébastien Gauthier. Je la sentais des fois un peu débordée. »

Là où Houle a été déstabilisée, c’est lorsque son adversaire l’entourait de ses bras pour la retenir et l’empêcher de mettre de la pression. Ryan lui « pesait sur la tête, sur les épaules », la poussait dans les câbles avant de décocher des combinaisons.

« Souvent, c’est moi qui ai tendance à accrocher, et là, je me suis comme fait avoir par elle. […] Je pense que c’est ça qui va être à corriger pour les prochains combats. »

« Fière » de son premier dix rounds

C’était la première fois que Marie-Pier Houle se battait dans un combat de dix rounds, mais ça n’a pas paru. Elle y est allée « un round à la fois » et n’a pas semblé manquer d’énergie.

« Je n’ai jamais posé la question à savoir à quel round on était rendu. Je faisais juste m’asseoir, respirer, écouter les conseils, prendre de l’eau, me relever et repartir à la guerre. C’est juste ça que je voulais », dit-elle.

Même si elle se « doutait que ça n’irait pas de [son] bord », la Québécoise refusait de se laisser abattre. Comme elle le dit bien : elle n’est « pas quelqu’un qui abandonne dans la vie », et elle l’a prouvé.

« J’ai toujours dit que je n’étais pas nécessairement la fervente des fiches invaincues parce que chez les filles, tout le monde a des défaites, pratiquement. J’apprends de ce combat-là. Je vais le revérifier, l’étudier. Je vais m’analyser. Je suis fière d’avoir fait mon premier dix rounds, de m’être rendue jusqu’ici. »

Son promoteur, Yvon Michel, s’est lui aussi dit « fier » de la performance de son athlète. « [Ryan] est une fille qui avait juste plus de maturité et d’expérience que Marie-Pier. Mais Marie-Pier a démontré beaucoup d’acharnement. Elle y a cru du début jusqu’à la fin. »

Une expérience enrichissante

Houle affichait le sourire sincère qu’on lui connaît malgré la déception de la défaite. Le même sourire qu’elle affichait au moment d’entrer sur le ring au son de Fuel, de Metallica, avec le drapeau du pays de Galles (Wales) – région du Royaume-Uni où avait lieu le combat – tendu au bout des bras. « Je voulais un peu remercier [les gens de Wales] du fait que j’ai vraiment eu une belle semaine ici », a-t-elle expliqué à ce sujet.

Malgré le résultat, elle est heureuse de sa première expérience en Championnat du monde.

C’est une grosse expérience, mais je pense que je l’ai vécue à fond. J’ai réussi à garder la tête forte toute la semaine, à ne pas me laisser envahir par toute cette excitation autour de moi, à vraiment vivre chaque moment.

Marie-Pier Houle

La pugiliste compte maintenant profiter d’un peu de repos avant d’étudier son combat et de se remettre au travail.

« Depuis le début de ma carrière, je dis que je veux des défis, me rendre au sommet. […] Je vais me rebattre en Championnat du monde et, éventuellement, je vais aller chercher la victoire. Je vais me reprendre de cette défaite-là », a-t-elle promis.