Le contexte était parfait pour le Rocket de Laval. L’équipe amorçait son parcours éliminatoire grâce à une poussée miraculeuse en fin de saison, plus de 10 000 partisans étaient réunis, tous vêtus de blanc, et Cayden Primeau portait un équipement neuf.

Les locaux ont cependant été trop souvent en quête de perfection, justement. Ils se sont inclinés 4-0 devant les Comets d’Utica, mercredi soir.

« À plusieurs reprises, on aurait pu lancer la rondelle. Il faut plus lancer. On en a eu 33, mais je pense qu’on aurait pu en avoir plus », a résumé Rafaël Harvey-Pinard, les deux mains sur les hanches, après la rencontre.

« Je pense que plusieurs joueurs jouaient avec le bâton serré », a pour sa part évoqué Anthony Richard.

Le constat était le même chez les joueurs du Rocket au terme de ce premier match : le manque d’« opportunisme » les a coulés.

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Plus de 10 000 spectateurs occupaient les gradins de la Place Bell.

Cette fameuse seconde, ce temps de réaction et de décision crucial pour créer des chances de qualité, s’est déposée trop souvent sur la palette des joueurs du Rocket. Et ça aura été fatal. La rapidité, l’explosivité et l’efficacité des Comets ont rattrapé les Lavallois, au propre comme au figuré, la plupart du temps.

« On aurait pu être plus créatifs et aller plus souvent devant le gardien », croit Pierrick Dubé.

Pourtant, les favoris de la foule avaient bien commencé la rencontre. Ils étaient de tous les combats. Le bruit des baies vitrées faisait partie intégrante de l’ambiance électrique qui régnait en début de partie à la Place Bell.

Sur papier, les deux formations étaient presque équivalentes. Les Comets avaient gagné seulement deux matchs de plus durant la saison.

Or, le club-école des Devils du New Jersey peut compter sur plusieurs joueurs d’avenir dans son effectif, dont trois choix de premier tour en Simon Nemec, Alexander Holtz et Nolan Foote, et une pléthore d’autres joueurs de gros gabarit. Suffisamment en tout cas pour éteindre toutes les menaces du Rocket.

À court

Sans avoir volé le match, le gardien Nico Daws s’est levé aux moments opportuns pour les Comets.

Le destin de ce premier duel s’est cependant joué dans les espaces restreints, où le Rocket a eu peine à rivaliser avec ses adversaires. D’un côté, les défenseurs robustes et mobiles des Comets ont étouffé la plupart des tentatives du Rocket de pénétrer dans la zone payante. De l’autre, la jeune brigade défensive lavalloise en a eu plein les bras face à l’échec avant explosif des Comets.

Ils ont mis beaucoup de pression. […] Les chances qu’on leur a données étaient de bonnes chances. On était deuxièmes sur la rondelle et physiquement, sur le long des rampes, ils ont gagné un peu plus de batailles que nous.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket

La supériorité d’Utica dans la rapidité d’exécution lui a offert plusieurs chances de qualité ainsi que plusieurs surnombres, comme sur le deuxième but de la rencontre, réalisé par Aarne Talvitie. En toute fin de deuxième période, seul dans l’enclave, Ryan Schmelzer a porté l'avance des siens à 3-0.

C’en fut fait des espoirs de remontée. Et de l’ambiance.

Même si Cayden Primeau n’a pas été le seul responsable de ce revers, Richard a confiance en son gardien, auteur de 20 arrêts sur 23 tirs dirigés vers lui. S’il y en a un qui peut se lever sur la route, c’est lui : « Lorsqu’on ne donne pas trop de lancers et de deux contre un, Cayden est le meilleur gardien dans la Ligue américaine. »

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Cayden Primeau

Les Comets ont joué cette partie comme un jeu d’échecs. Au moindre mouvement de progression de l’opposant, ils contre-attaquaient encore plus fort pour atténuer toute tentative d’avancer sur l’échiquier.

« On savait qu’ils allaient jouer de cette façon. Ils n’ont pas donné le centre. Le gardien a boxé la rondelle, il a été très bon. Et ils ont beaucoup de talent. Ce Holtz, il peut patiner ! », a lancé Houle.

Finalement, les Comets se sont imposés en rois et maîtres.

Sur la route

Tout n’est pas perdu pour le Rocket. Loin de là. Dans cette série deux de trois, la troupe de Jean-François Houle doit absolument triompher lors des deux prochains matchs présentés à Utica vendredi et samedi.

Pour s’assurer une place dans le bal printanier, le Rocket a remporté huit de ses neuf derniers matchs en saison, dont cinq sur la route. Il se retrouve donc en terrain connu.

« On est capables de gagner sur la route, a dit Houle. Il faut juste y aller un match à la fois. »

Les joueurs de l’édition 2022 pourront aussi s’appuyer sur leur expérience du dernier parcours éliminatoire.

« On était en retard l’année passée contre Syracuse, même chose contre Springfield. On s’est battus jusqu’à la fin. On a l’expérience dans le vestiaire pour se calmer, oublier celle-là et revenir plus forts », a rappelé Harvey-Pinard.

Rocket c. Comets, vendredi à 19 h à Utica