Anthony Richard a esquissé un léger sourire avant de lancer : « Moi, je l’ai affronté l’année passée et je suis content d’être de ce côté-là du banc. »

Il venait de se faire poser une question au sujet de Cayden Primeau, qui sera le gardien partant du premier match éliminatoire du Rocket, mercredi soir à la Place Bell, pour la visite des Comets de Utica.

L’année dernière, Kevin Poulin avait été préféré à Primeau pour la première rencontre éliminatoire de l’équipe, contre le Crunch de Syracuse. La troupe lavalloise avait été battue, puis le jeune espoir était entré en scène pour le deuxième match. Le Rocket, soutenu par un Primeau absolument fumant, était revenu de l’arrière pour l’emporter en cinq matchs et passer au tour suivant.

« Ça devient frustrant, quand tu as un gardien qui fait les arrêts et que t’es pas capable de marquer un gros but. L’année passée, c’est ça qui nous a fait défaut contre Laval. Cayden, match après match, faisait les arrêts importants », s’est souvenu Richard, lundi en fin d’après-midi – l’entraînement du Rocket a été repoussé en raison d’un problème de patinoire.

« Je suis extrêmement content de l’avoir de mon côté [cette année]. Tu le vois qu’il est vraiment prêt avant chaque match. J’ai l’impression que les matchs de haute pression comme ça font ressortir le meilleur de lui, dû au fait qu’il est tellement préparé et cérébral avant les matchs. »

Ça ne l’affectera pas, des matchs aussi importants que ça.

Anthony Richard

Il est vrai que Primeau a pris l’habitude de se lever dans les moments critiques.

L’année dernière, en 14 matchs éliminatoires, il a maintenu un taux d’arrêts de 93,6 %. Cette saison, il a connu « des hauts et des bas », a-t-il lui-même reconnu lundi, mais il est l’une des raisons derrière la qualification in extremis du Rocket en séries. Depuis le 26 mars, le cerbère a enregistré 6 victoires en 7 départs et maintenu un taux d’arrêts de ,934.

« C’est une chose qui me rend fier, a reconnu le principal intéressé. Tu veux te retrouver dans ce genre de situations et être calme. C’est le fun. [En séries] tu veux te nourrir de la confiance de l’équipe et l’équipe veut se nourrir de la confiance de son gardien. »

Son entraîneur-chef Jean-François Houle n’est pas passé par quatre chemins pour expliquer son choix : « Tout le monde est en confiance avec Primeau. Il a très bien fait. Si ça n’avait pas été de lui… [On a eu] trois matchs de suite de 40 tirs, ce qui ne nous arrive pas souvent. Il a été très solide. »

Une continuation

Le Rocket a disputé ses trois derniers matchs de la saison à la maison. Les gradins étaient remplis, la foule était électrique, chaque point était crucial… comme en séries.

« Les gars étaient excités. C’était la nervosité des matchs de séries. Pour nous, mercredi, c’est juste une continuation des deux dernières semaines et je pense que ça va être à notre avantage », a indiqué Richard.

L’attaquant de 26 ans vient de connaître la meilleure saison offensive de sa carrière avec 67 points en 60 parties. Et comme Primeau, il a l’habitude de bien faire en séries éliminatoires.

Il nous a d’ailleurs lui-même rappelé qu’il avait terminé premier pointeur de son équipe à ses deux dernières présences au tournoi printanier, en 2019 avec les Admirals de Milwaukee et en 2022 avec le Crunch.

PHOTO DAVID KIROUAC, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Anthony Richard

« C’est de continuer mon historique de gars qui est capable de marquer des buts importants, de jouer dans des matchs qui ont beaucoup d’importance et qui amènent beaucoup de pression. »

Le Rocket est bien pourvu en matière de joueurs gagnants. Richard et Olivier Galipeau ont remporté la Coupe du Président avec les Foreurs de Val-d’Or, comme Joël Teasdale et Rafaël Harvey-Pinard avec les Huskies de Rouyn-Noranda. « Je pense que ça va nous aider collectivement », a affirmé Richard.

« Tout le monde joue bien »

L’alignement du Rocket a changé nombre de fois en cours de saison, que ce soit en raison des rappels ou des blessures. Naturellement, la chimie d’équipe a parfois été affectée. Encore une fois, « des hauts et des bas », dixit Houle, cette fois-ci. Mais depuis trois semaines, l’effort de tous a permis au groupe de ne faire qu’un à nouveau.

« Quand tu gagnes, c’est toujours plus facile, a noté Richard. Tout le monde produit, tout le monde joue bien. Il n’y a pas de mauvais égo dans le vestiaire. Au début de l’année, c’était un peu plus difficile pour tout le monde, ça devenait lourd mentalement, mais dernièrement, je crois qu’on est vraiment une équipe unie et j’ai l’impression qu’on va vraiment être dangereux en séries si ça continue à coller comme dans les dernières semaines. »

Après le premier match à Laval, le Rocket prendra la direction d’Utica pour le deuxième match, vendredi. Le troisième duel, si nécessaire, se jouera samedi, également à Utica.

Comme l’a bien exprimé Primeau : le Rocket a « un travail à finir ». Celui amorcé l’an dernier.

Le Rocket sans Stephens

Blessé au « bas du corps », l’attaquant Mitchell Stephens ratera assurément la première ronde éliminatoire, et la deuxième si l’équipe y accède. L’Ontarien de 26 ans a été une pièce offensive importante pour le Rocket dans la dernière ligne droite de la campagne ; il a inscrit au moins un point à chacune de ses huit dernières rencontres. Une perte qui « fait mal », a reconnu Cayden Primeau.

Des joueurs comme Xavier Simoneau, Danick Martel et Brandon Gignac pourraient être appelés à jouer au centre. Jean-François Houle a rappelé que son équipe avait l’habitude de s’ajuster aux blessures. « Le prochain qui rentre dans l’alignement va devoir prendre plus de temps de glace. On l’a fait toute l’année. Il n’y a rien qui change et on ne panique pas avec ça. »

Katherine Harvey-Pinard, La Presse