Le terme « retrogradé » est souvent utilisé lorsque les joueurs passent de la LNH à la Ligue américaine. Pourtant, les joueurs qui ont été « rétrogradés » ont encore une fois été au cœur du succès du Rocket de Laval.

Rafaël Harvey-Pinard, lauréat de la Coupe Molson pour le mois de mars avec le Canadien, n’est cependant pas arrivé avec la mine déconfite. Les partisans lui ont réservé les acclamations les plus bruyantes, ses coéquipiers lui ont offert de la finition, et il les a tous remboursés avec une performance inédite.

Le petit ailier a été complice de cinq filets et a permis au Rocket de Laval de signer un gain de 6-3 aux dépens des Marlies de Toronto, d’une importance capitale pour la course aux séries éliminatoires, mercredi soir à la Place Bell. Une première soirée de la sorte en carrière, a-t-il souligné.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Rafaël Harvey-Pinard

Après avoir touché la cible lors de son premier match depuis son renvoi dans la Ligue américaine, Harvey-Pinard et ses compagnons de trio ont été le moteur de l’offensive du Rocket lors des deux derniers matchs.

Le trio qu’il forme avec Anthony Richard, auteur d’un tour du chapeau et de deux aides, et Mitchell Stephens, qui a réalisé un doublé, a été au centre de toutes les bonnes actions de la formation lavalloise contre les Marlies.

« Ils ont fait toute la différence », a noté l’entraîneur-chef Jean-François Houle au sujet des membres du premier trio. Il a aussi mentionné l’importance du retour d’un joueur comme Harvey-Pinard pour l’équipe.

« Ça fait toute la différence quand tu as des joueurs de qualité. HP, il a seulement joué 30 matchs avec nous cette saison. Même chose pour Jesse Ylönen [marqueur du filet d’assurance]. Quand des joueurs comme ça reviennent, ça aide tout le monde sur la glace », a-t-il affirmé concernant ceux qui ont passé une partie considérable de la saison avec le Canadien.

Anthony Richard, devant un amas de casquettes, a affirmé qu’il aurait souhaité jouer avec Harvey-Pinard et Alex Belzile lorsqu’ils étaient tous les trois chez le Canadien. Si son souhait n’a pas été exaucé chez le Tricolore, Richard et Harvey-Pinard s’entendent comme larrons en foire chez le Rocket.

« Aussitôt qu’il coupe des passes, il sait où je suis. Il met toujours la rondelle dans l’espace et c’est magique pour un buteur comme moi de recevoir ce genre de passes, a expliqué Richard à propos d’Harvey-Pinard. Lui et Mitch sont aussi très bons défensivement et ça me permet de prendre plus de risques offensivement. »

Beau joueur, Harvey-Pinard a préféré attribuer le mérite à ses coéquipiers pour sa soirée productive : « Les gars ont trouvé la façon de la mettre dans le filet et de concrétiser leurs occasions », a-t-il dit.

Grâce à ce gain, le Rocket accentue la pression sur les Monsters de Cleveland dans la course aux séries. Le club-école des Blue Jackets de Columbus a encore sa destinée entre ses mains, mais la pression est élevée. Si le Rocket remporte son dernier match de la saison contre le Crunch de Syracuse, les Monsters ne peuvent échapper le moindre point lors de leurs trois dernières sorties.

Accessoirement, la victoire des troupiers de Jean-François Houle a officiellement exclu les Senators de Belleville de la course aux séries éliminatoires. Ce sera donc une lutte entre les Monsters et le Rocket pour le cinquième et dernier rang donnant accès aux séries.

Le « mode séries »

La fièvre des séries s’est lentement emparée de Laval.

Le Rocket a remporté sept de ses huit derniers matchs ; seul un revers contre les Monsters l’a ralenti dans sa quête vers les éliminatoires. Mais mercredi soir, les partisans y croyaient, peu importe les probabilités ou le parcours sinueux qui a mené le club dans cette fâcheuse position où il n’y a aucune marge d’erreur.

L’ambiance a été tellement survoltée à la Place Bell que les supporters se sont même permis une vague lors d’un avantage numérique. Oui, la même vague qui est normalement utilisée pour chasser l’ennui quand l’équipe locale n’est pas dans le coup ; pourtant le spectacle a été au rendez-vous.

« Nous sommes en mode séries, mais les partisans aussi sont en mode séries », a lancé Richard à propos de l’appui local.

Il n’y a plus qu’un coup à jouer pour le Rocket avant de connaître son sort. En fait, même s’il dispute son dernier match de la campagne vendredi, il pourrait devoir patienter jusqu’à dimanche pour savoir s’il participera aux séries éliminatoires.

« On va se concentrer sur nous et après ça on verra pour vendredi, a affirmé le pilote lavallois. Le Crunch va être difficile à affronter. Il ne nous aime pas et c’est certain qu’il veut qu’on rate les séries. »

Et ensuite ? Les joueurs pourront seulement croiser les doigts et espérer une contre-performance des Monsters.