Les jeunes émules de Daniel LaRusso et de Johnny Lawrence comptaient fouler les tatamis du complexe sportif Claude-Robillard, ce week-end. Puis, à quelques jours de la compétition, ils ont tous été mis K.-O. par un « flou juridique ».

Karaté Québec devait tenir samedi et dimanche sa Coupe Québec, première sélection pour les Jeux du Canada 2023. Mais le 30 septembre, tout juste avant les élections provinciales, la Direction du sport, du loisir et de l’activité physique du ministère de l’Éducation a fait savoir à la fédération que sa compétition se déroulerait… dans l’illégalité.

Une situation due à « une confusion dans l’interprétation et l’application du Code criminel », a exposé Karaté Québec, jeudi, par communiqué.

L’article 83 du Code criminel du Canada interdit les combats concertés au pays. Jusqu’en 2013, la boxe était exclue d’emblée de son application.

Puis, cette année-là, une modification a élargi officiellement la liste des exemptions en permettant les compétitions « si le sport est visé par le programme du Comité international olympique ».

Lisez l’article 83 du Code criminel

Or, en 2016, le karaté a été admis aux Jeux de Tokyo 2020, mais sa présence n’a pas été reconduite pour ceux de Paris en 2024.

« Alors, au gouvernement, cet été, on s’est dit : “Heille, le karaté n’est plus aux Jeux olympiques, est-ce qu’on a un problème ?” », rapporte Stéphane Rivest, président de Karaté Québec, en entrevue avec La Presse.

Selon les avocats du Ministère, même si le karaté est reconnu par le Comité international olympique (CIO) depuis très longtemps et qu’il l’est toujours, problème il y avait. Voici pour l’enjeu d’« interprétation » du Code criminel. À Québec, dans la lecture de l’article 83, on lie vraisemblablement « visé par le programme du Comité international olympique » à une présence aux Jeux. Une reconnaissance par le CIO ne semble pas suffire. C’est là que le karaté est tombé dans un « flou juridique », comme le dit M. Rivest.

De la latitude pour les provinces

Qu’à cela ne tienne, en 2013, le fédéral avait aussi prévu de permettre aux provinces d’accorder par décret le droit de tenir des compétitions dans les sports de combat non olympiques de leur choix. Un grand nombre de provinces l’ont fait. Mais pas le Québec.

Alors, nous, on avait continué à opérer parce qu’on est membres du mouvement olympique, on est un sport reconnu.

Stéphane Rivest, président de Karaté Québec

Mais, dans les faits, selon l’interprétation de Québec, toutes les compétitions de sports de combat amateurs non présents aux JO étaient donc illégales depuis 2013…

La police ne serait probablement pas débarquée au complexe sportif Claude-Robillard ce week-end pour passer les menottes aux athlètes et aux organisateurs. Mais en œuvrant dans l’illégalité, ces derniers auraient tenu l’évènement sans assurances. Ce qu’ils ont évidemment refusé de faire.

Karaté Québec croise les doigts

En attendant la formation du prochain Conseil des ministres, qui sera annoncé le 20 octobre, la direction de Karaté Québec croise les doigts pour qu’on aboutisse ensuite à un dénouement favorable rapidement.

Outre les compétitions locales prévues dans des dojos à la fin du mois, le prochain évènement de sélection en vue des Jeux du Canada doit avoir lieu le 13 novembre.

« D’où l’importance pour nous que la situation soit réglée dans les plus brefs délais, explique Stéphane Rivest. J’ai beaucoup confiance. Je sais qu’ils sont en rédaction et ils vont le présenter à leur ministre. Étant donné que c’est un acquis qu’on a perdu en raison d’une situation malencontreuse, je pense que ça va bouger rapidement. »

Du côté des communications du Ministère, on indique que « la Direction de la sécurité dans le loisir et le sport travaille de concert avec Karaté Québec […] sur différentes pistes de solution ».

À lire demain : le jiu-jitsu