David Lemieux avait-il besoin de motivation supplémentaire en vue de son combat d’envergure contre David Benavidez ? Peu importe. Il en a eu malgré tout.

Son fils Xander est né dimanche dernier. Il s’agit de son troisième enfant, après Lilyanna et Léon, mais de son premier avec l’ancienne plongeuse Jennifer Abel.

« Il a besoin de nourriture sur la table, a commenté Lemieux à l’occasion d’une séance d’entraînement ouverte aux médias, jeudi. C’est comme ça que je gagne mon pain, moi. En boxant. C’est ce que je fais depuis que j’ai 9 ans. Je veux vraiment gagner ce combat. »

Le pugiliste québécois transpirait encore, après avoir passé une trentaine de minutes sur le ring et devant les sacs de frappe.

Les journalistes étaient venus à sa rencontre à l’académie de boxe de Marc Ramsay, son entraîneur, au nord du parc Jarry à Montréal. Là où il a passé l’essentiel de son camp d’entraînement.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Lemieux (43-4, 36 K.-O.) affronte Benavidez (25-0, 22 K.-O.) le 21 mai prochain, à Glendale. À l’enjeu au Gila River Arena, mythique domicile des Coyotes jusqu’à cette année : le titre intérimaire des super-moyens de la WBC.

Mais la carotte qui pend au bout du bâton, c’est surtout la possibilité qui s’offre au gagnant d’affronter Canelo Álvarez pour le titre de champion du monde de la catégorie.

Après ses dernières années de « restructuration », dixit Lemieux, l’enjeu est de taille. Comment vit-il la naissance de son enfant, à quelques jours de l’un des combats les plus importants de sa carrière ?

« Ma femme est solide en s’il vous plaît ! lance-t-il, reconnaissant. Je suis content d’avoir une femme comme Jennifer Abel qui s’occupe à 100 % de l’enfant en ce moment, parce qu’elle comprend l’importance de ce combat. Elle était athlète aussi. »

« L’important, c’est vraiment que le bébé soit venu avant, pour que je sois là à l’accouchement. Cette tâche a été faite. Maintenant, on passe au business qui est sérieux, et ça, c’est le 21 mai. Il faut se concentrer et ramener cette victoire. »

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David Lemieux l’a répété à plusieurs reprises : sa concentration n’est « aucunement » affectée par le plus récent évènement de sa vie.

Marc Ramsay, qui le côtoie quotidiennement, est du même avis.

« David est quelqu’un qui donne sa pleine mesure tout le temps, estime l’entraîneur. […] Ça peut devenir une motivation comme ça peut devenir une distraction. »

« Il s’agit juste de mettre ça à notre avantage. Pour l’instant, ce n’est que du positif. »

Si les choses ne vont pas comme il le souhaite pendant le combat, aura-t-il une pensée pour sa jeune famille ?

« Non, je vais réfléchir à lui arracher la tête, lâche-t-il, le sourire aux lèvres. Il n’y a pas d’enfants, il n’y a rien. C’est moi contre lui. Dans le ring, c’est la business. C’est tout ou rien. C’est comme ça que je vais être le 21 mai. »

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« Beaucoup de rage dans le gym »

David Benavidez est le grand favori, pas de doute là-dessus. Il s’agit d’un jeune boxeur de 25 ans toujours invaincu. Qui a le vent dans les voiles. Et qui va se battre chez lui, à Phoenix.

« Oui, on est les négligés [underdogs] », convient Marc Ramsay.

« Ça reste une bataille. Le soir donné, il faut le faire. C’est pour ça qu’on le fait, le combat. Si je compare ça un peu au hockey : les Maple Leafs de Toronto, année après année, ça ne marche pas. Et là, tu te dis : OK, cette année, on met notre pied à terre et on le fait. On est toujours dans cet esprit-là, nous. »

« C’est un gros challenge, on le sait tous, reconnaît le boxeur québécois. Mais devant lui, il y a David Lemieux. David Lemieux a faim. »

David Lemieux a aussi 33 ans. Il a disputé 47 combats chez les professionnels. On peut maintenant le considérer comme un vétéran. Si ce combat peut véritablement lancer la carrière de Benavidez, il pourrait certainement relancer celle de Lemieux. Ou, en cas de défaite, y mettre d’autres embûches.

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En d’autres mots : pour le Québécois, est-ce que ça passe ou ça casse ?

« Je suis dans le ring pour donner un bon show, répond-il, un peu piqué. Ce n’est pas au monde de dire si ça passe ou ça casse. »

Rappelons les faits, alors. David Lemieux avait subi une dure défaite contre Billy Joe Saunders à la Place Bell, en 2017. Il avait raté l’occasion de s’emparer de la ceinture des mi-moyens de la WBO. Depuis, il a dû faire un chemin de croix pour retrouver l’élite, en plus de changer de division de poids, passant des 160 livres aux 168.

« Des années de beaucoup de travail, de restructuration, décrit Lemieux. Beaucoup de rage dans le gym. J’ai essayé de restructurer le boxeur complet en moi. D’être prêt pour n’importe quel genre d’opposition. »

Comme dans la vie, dit-il, si tu essaies quelque chose et que ça ne fonctionne pas, « il faut que tu retournes en classe et que tu restructures les choses pour ne pas faire les mêmes erreurs ».

« On a travaillé dur toutes ces années. Nous revoilà en combat de championnat du monde. Cette fois, je vais être plus prêt. »