Connor McDavid est l’idole de centaines de milliers d’enfants et d’ados d’aujourd’hui. Du lot, combien atteindront la LNH ? Et de cette infinitésimale fraction, combien deviendront coéquipiers de McDavid ?

Kevin Owens aura cette chance. Pas de jouer au hockey avec Connor McDavid, entendons-nous. Mais de partager l’arène avec celui qui était l’idole de toute une génération à la fin des années 1990 : « Stone Cold » Steve Austin. Ça se passera à WrestleMania 38, samedi, devant quelque 100 000 spectateurs à l’AT&T Stadium de Dallas.

C’est bien connu, l’idole de Kevin Owens a toujours été Shawn Michaels. Mais en 1995, quand le Québécois a commencé à s’intéresser à la lutte, Austin amorçait sa formidable ascension, au point où il allait devenir, deux ans plus tard, le lutteur qui suscitait, soir après soir, les plus fortes réactions.

« Je l’adorais dès le début, même quand il avait le personnage du Ringmaster, je ne sais pas pourquoi. Ensuite, il est devenu “Stone Cold”, et j’ai continué à l’admirer. Et tout le monde sait ce qui s’est passé, il est devenu le plus gros nom de la lutte. De voir où je suis rendu aujourd’hui et ce qui va se passer avec lui, c’est assez incroyable. »

Employé rebelle

Qui n’a pas déjà rêvé d’envoyer promener son patron ? C’est ce que Steve Austin faisait au faîte de sa popularité à partir de 1997.

Parce qu’il abusait du langage ordurier et des doigts d’honneur, parce qu’il buvait de la bière après ses combats, le personnage de « Stone Cold » était honni de son patron, Vince McMahon, qui tentait continuellement de recruter des lutteurs qui allaient l’empêcher de devenir champion. Cette rivalité a atteint son paroxysme quand McMahon s’est allié à The Rock, devenu depuis l’acteur Dwayne Johnson.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @90SWWE

« Stone Cold » Steve Austin et The Rock

« Austin ne se laissait pas marcher sur les pieds, rappelle Owens. Oui, tu pouvais dire ça de plein de lutteurs, mais Austin était beaucoup plus libéré dans sa façon de l’exprimer. Il envoyait promener le monde, il se foutait de tout, il disait aux gens de manger de la marde.

« C’est super simple, mais tout le monde peut s’identifier à ça. Tout le monde a eu une passe comme ça. Mais lui, c’était ça chaque semaine. »

Les moments d’anthologie sont incalculables. Tout amateur de lutte qui se respecte nommera, en premier lieu, la fameuse scène à l’hôpital, où Austin se déguise en médecin afin d’y attaquer McMahon, scène marquée par le coup du bassin hygiénique, dont l’écho résonne encore aujourd’hui.

Regardez la scène à l’hôpital

La WWF (l’organisation est devenue la WWE en 2002) semblait avoir un budget illimité quand venait le temps de créer de tels moments. C’est la seule conclusion qui s’impose quand Austin remplit de ciment la Corvette blanche de McMahon.

Regardez une Corvette se faire détruire

Idem pour la fois où Austin s’est amené sur le bord de l’arène à bord d’un camion de livraison de bière (!), afin d’asperger The Rock de même que les McMahon, père et fils.

Regardez Steve Austin et son camion de bière

Owens a ses propres moments préférés de la carrière d’Austin. Il nomme par exemple le Royal Rumble 1997, ce combat à 30 lutteurs qu’Austin avait gagné en « trichant », éliminant Bret « Hitman » Hart à la toute fin.

Un autre moment qu’il cite : le spectacle No Way Out, tenu à Montréal en 2003, qui marquait le retour d’Austin après près d’un an d’absence. « J’étais au Centre Bell. Avant le spectacle, je me disais que c’était impossible qu’on ait un aussi grand moment dans un spectacle à Montréal. Je criais tellement quand il est arrivé, j’ai failli m’évanouir ! »

Pas un combat

Preuve de l’importance que la WWE accorde à l’évènement Owens-Austin, il s’agira de la finale du premier soir de WrestleMania (depuis 2020, le spectacle se tient sur deux soirs).

On a habilement préparé le terrain. Pendant l’émission de Raw du 21 mars, le thème de Steve Austin a retenti dans l’aréna, faisant croire aux spectateurs que « Stone Cold » s’amenait. Mais c’est plutôt Owens, déguisé sommairement en Austin, qui a surgi du rideau, suscitant des huées bien nourries.

Regardez le déguisement de Kevin Owens

« Le but, c’était d’avoir le choc initial, d’avoir les spectateurs pendant 10 secondes, donc juste d’arriver avec l’imitation de crâne chauve, c’était suffisant ! Je n’avais pas besoin de raser ma barbe et d’être son sosie », explique Owens.

Le lien entre Owens et Austin est naturel. Depuis quelques années, Owens utilise le Stunner, la prise avec laquelle Austin gagnait ses combats et qu’aucun autre lutteur de la WWE n’avait utilisée régulièrement depuis. Owens avait obtenu la permission d’Austin pour l’employer.

Cela dit, il ne faut pas s’attendre à un combat en bonne et due forme. C’est pourquoi nous avons dit qu’Owens « partagera l’arène » avec Austin, qui a accroché ses bottines en 2003, en raison de problèmes au cou.

Officiellement, ce sera donc le KO Show, un segment d’entrevue mené par Owens, un peu comme le Brunch de Pat Patterson ou le Piper’s Pit de Roddy Piper à une autre époque. Mais on peut parier un vieux deux en papier que ça se terminera en bagarre.

Et, comme tous les combats d’Austin, avec beaucoup de bière sur le ring. Ce qui est ironique, sachant qu’Owens est réputé pour être un gars qui boit très peu dans la vie. Le problème, c’est qu’Austin prend parfois un malin plaisir à déverser de la bière sur ses victimes dans l’arène.

« Mon intention est d’en boire le moins possible, comme dans la vie ! », lance Owens.

Cogner à la porte du patron

PHOTO WWE.COM

Vince McMahon

Dans sa rivalité avec Steve Austin, Vince McMahon jouait le rôle d’un patron impitoyable. Sauf que, dans la vraie vie aussi, McMahon n’est pas réputé comme le plus facile d’approche. Mais ça n’empêche pas Kevin Owens d’avoir une bonne relation avec le magnat de la lutte. C’est ce qu’on déduit en l’écoutant raconter comment l’évènement entre Austin et Owens est né. En janvier, Owens attendait toujours de savoir comment la WWE entendait l’utiliser à WrestleMania. « Donc au Royal Rumble, je suis allé parler à Vince directement et il m’a expliqué son idée, raconte-t-il. Mon expérience avec Vince, ç’a toujours été une porte ouverte. Il est tellement occupé, tu ne peux pas aller le voir toutes les semaines. C’est une question de niveau de confiance. Quand je vais le voir, il sait que c’est important. Pour les autres choses, je passe par les autres membres du staff. Mais je sais aussi que je suis privilégié parce que je peux appeler ou texter Vince quand j’en ai besoin. »

Un accident inquiétant

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @WONF4W

Big E

Des accidents surviennent à la lutte, parfois avec des conséquences graves. Le très populaire Big E a eu plus de peur que de mal, il y a deux semaines. Il est tombé tête première, à l’extérieur de l’arène, en subissant une souplesse de Ridge Holland. Dans une vidéo qu’il a publiée au lendemain de l’incident, Big E affirme avoir subi une fracture aux vertèbres C1 et C6. Selon Kevin Owens, Big E s’en remettra et prévoit recommencer à lutter quand il sera rétabli. « Il a été chanceux dans sa malchance. Mais quand j’ai su ce qui s’est passé, ça m’a mis sur le cul. C’est un des piliers du vestiaire. C’est un gars que tout le monde apprécie. C’était une manœuvre qu’on voit souvent, et ça aurait pu arriver à n’importe qui d’entre nous. C’est un bon rappel qu’on est chanceux de faire ce qu’on fait. Dès qu’on finit un combat en santé, c’est un cadeau. »