Artur Beterbiev a conservé ses ceintures des lourds légers de l’International Boxing Federation (IBF) et du World Boxing Council (WBC) en signant une victoire par K.-O. technique face à l’Allemand Adam Deines au 10e round d’un combat enlevant, disputé au Palais des Glaces Khodynka de Moscou.

Beterbiev (16-0, 16 K. -O.) a envoyé Deines (19-2-1, 10 K. -O.) au tapis à 1 : 34 du 10e assaut d’un solide crochet de la gauche lancé en contre-attaque. Deines s’est relevé avant le compte de 10, mais son coin a demandé à l’arbitre de mettre fin aux hostilités, une sage décision dans les circonstances.

Ce n’est pas que Deines s’est avéré une cible facile pour Beterbiev, bien au contraire. Après une chute en fin de premier round, l’Allemand de 30 ans a donné une très bonne opposition à Beterbiev, qui remontait dans le ring pour la première fois depuis octobre 2019.

« Il aurait pu s’écraser là ou s’effacer tranquillement, a indiqué Stéphan Larouche, qui a accepté d’analyser le combat pour La Presse Canadienne. Au contraire, il est revenu fort. Les deuxième et troisième rounds étaient très, très serrés. Il était plus actif que Beterbiev et le dérangeait. »

Après cette chute, Deines, aspirant obligatoire au titre de l’IBF et classé cinquième de l’organisation, a démontré de belles qualités, plaçant plusieurs très bons coups au cours de l’affrontement. Le Russe a d’ailleurs été coupé à l’œil droit, signe que la gauche de l’aspirant avait beaucoup de puissance.

« D’abord c’est un gaucher, qui boxe comme un pur gaucher. Il a une belle contre-attaque, mais je crois que ce qui a beaucoup déstabilisé (Beterbiev), c’est la rapidité de ses mains, a analysé Larouche de Porto Rico, où il a retrouvé Jean Pascal à l’entraînement. Il était extrêmement rapide au début et il l’a été pour la majorité du combat.

« Je dirais aussi que sa capacité à absorber était meilleure qu’on pensait. Beterbiev donne plusieurs coups de courtes distances qui sont dérangeants, mais pas de coups en puissance qui viennent de loin. Vers le huitième ou le neuvième, Marc (Ramsay, son entraîneur) semblait impatient : il aurait voulu qu’il soit plus méchant. Il voulait clairement qu’il lui en donne plus. (Deines) m’a vraiment surpris : je ne pensais pas qu’il ferait cinq rounds. »

Au fur et à mesure que le combat progressait, Beterbiev se détachait de son adversaire, qui a connu un léger regain de vie au huitième. Tout au long du combat, il a encaissé les nombreux coups en puissance du champion, tentant même de répliquer. Contrairement à plusieurs adversaires de Beterbiev – bonjour, Enrico Kölling –, Deines n’a pas cherché à « faire du temps », résistant aux assauts du Russe. Jusqu’à la fatidique gauche du 10e.

« Beterbiev est un rouleau compresseur qui a un rythme constant, avec une variété de coups de poing qui est propre à lui, a imagé Larouche. Il devient d’une certaine façon un peu prévisible, mais c’est extrêmement difficile à supporter. C’est une pression dérangeante, physique, menaçante. […] On ne connaissait pas Deines, qui n’avait boxé contre personne sauf Fenlong Meng, mais il s’est fait un nom aujourd’hui. On a peut-être eu une meilleure opposition contre Deines qu’on aurait eu contre Meng. »

Smith, Bivol, Alvarez, ou… Pascal ?

Beterbiev devrait maintenant affronter le vainqueur du combat de championnat du monde entre Joe Smith fils et Maxim Vlasov, qui s’affronteront en mai pour le titre vacant de la World Boxing Organization.

« C’est prévu comme ça, si la logique est respectée. À moins de prendre un mauvais coup de Joe Smith, Beterbiev pourrait ensuite passer (au super champion de la World Boxing Association Dmitry) Bivol ou Canelo Alvarez (qui a abandonné la ceinture de la WBO pour retourner à 168 livres). »

Et qu’en est-il du champion régulier de la WBA, un certain Jean Pascal ?

« On en rêve de ce combat, a admis Larouche. Si le combat pouvait avoir lieu à Montréal et que l’argent est sur la table, ce serait parfait. »

Salyagin impressionne

En demi-finale, l’Ouzbek Azizbek Abdugofurov (13-1, 5 K. -O.) n’a pas été en mesure de défendre son titre Silver du WBC des super-moyens contre le Russe Pavel Silyagin (7-0, 4 K. -O.), qui lui a servi une leçon de boxe.

Silyagin, qui a connu une belle carrière chez les amateurs, a facilement remporté le combat par décision unanime. Deux juges ont remis des cartes de 119-109, le troisième a vu un combat à sens unique, 120-108.

Le Russe de 27 ans était classé 37e à la WBC avant ce combat. Cette victoire devrait lui faire grimper plusieurs échelons. Abdugofurov était classé quatrième, deux rangs plus bas que David Lemieux.

Saul « Canelo » Alvarez est le champion du WBC.