(Montréal) La saga entourant les sports de combat au Québec a franchi une autre étape, samedi, alors que Camille Estephan a indiqué qu’il allait tenter d’organiser un gala de boxe à l’extérieur de la province.

Dans une courte vidéo partagée sur Facebook, le président d’Eye of the Tiger Management a affirmé qu’il devait maintenant passer au « plan B », après avoir essuyé un deuxième refus de la part de la Santé publique de lever l’interdiction des sports de combat au Québec.

« Nous ne pouvons plus attendre éternellement et il va falloir passer au plan B. Nos boxeurs doivent boxer. Nous allons entamer des procédures afin de trouver un endroit ailleurs qu’au Québec où nous pourrons produire ce gala », a expliqué Estephan dans la vidéo.

Comme la frontière séparant le Canada des États-Unis restera fermée pendant encore au moins un mois, les options en Amérique du Nord semblent se limiter aux autres provinces canadiennes. Estephan n’écarte toutefois pas la possibilité de traverser l’Atlantique pour y organiser son prochain gala.

« C’est très compliqué avec la frontière américaine, mais il y a des possibilités en Europe ou même au Moyen-Orient, a affirmé Estephan lors d’un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne. Nous pourrions aussi organiser le gala dans l’ouest canadien. »

Depuis quelques semaines déjà, le gouvernement du Québec a autorisé la reprise des sports d’équipe comme le hockey ou le soccer, jugeant que les risques de transmission de la COVID-19 étaient moins élevés que lors de la pratique des sports de combat.

Or, une récente découverte de cinq cas de COVID-19 à la suite d’un tournoi de hockey balle à Mirabel n’a rien fait pour dissiper les doutes. Pour Estephan, cette situation montre l’incohérence de la décision du directeur national de santé publique, le docteur Horacio Arruda.

« Ça ne fait que montrer qu’il y a un manque de cohérence et de crédibilité entourant cette décision, a-t-il insisté. Il y a des contacts au hockey et au soccer et les joueurs sont entassés dans des vestiaires. Il faut que la Santé publique ait une certaine compassion pour les boxeurs et les artisans de notre milieu. »

La boxe a repris ses activités dans plusieurs pays, dont aux États-Unis, qui enregistrent pourtant des dizaines de milliers de cas de COVID-19 chaque jour.

D’ailleurs, depuis le début du mois de juin, le promoteur Top Rank et le réseau américain ESPN présentent deux galas par semaine au MGM Grand de Las Vegas. Dans le cas des arts martiaux mixtes, l’UFC présente depuis le début du mois de mai des galas pratiquement chaque semaine et sans public. Le protocole des deux organisations est très strict et les combattants doivent se soumettre à plusieurs tests avant d’entrer dans l’arène.

C’est ce genre de modèle qu’Estephan souhaite implanter au Québec. Le président d’Eye of the Tiger Management avait notamment présenté un protocole à la Santé publique et il souhaite créer un comité pour faciliter la relance des sports de combat dans la province. Il n’a cependant reçu aucune réponse.

« Le docteur Arruda nous dit que les boxeurs peuvent être porteurs de la COVID-19 même s’ils sont asymptomatiques, mais nous parlons d’une série de tests de dépistage, a déclaré Estephan. La Santé publique ne nous a donné aucune raison pourquoi elle ne veut pas s’asseoir avec nous pour créer un comité. Je ne peux pas croire que le docteur Arruda est le seul à savoir de quoi il parle et pas les ministères de la Santé des autres pays. »

La situation n’est pas uniquement complexe pour le dirigeant d’Eye of the Tiger Management ou ceux des autres groupes de promotion de sports de combat du Québec, elle l’est aussi pour les combattants.

« Ce serait moins grave si la boxe n’avait pas repris partout dans le monde. C’est très néfaste pour les boxeurs d’ici. On parle de répercussions dans les classements, mais il y a aussi une perte de motivation. Les autres boxeurs continuent à se battre et à s’améliorer alors qu’il n’y a pas d’avancées au Québec », a conclu Estephan.