Artur Beterbiev prétend que Groupe Yvon Michel a tenté de faire bloquer la tenue de son combat de championnat du monde face à Enrico Kölling, mais Yvon Michel, le président de GYM, jure qu'il n'en est rien.

Selon Beterbiev, jeudi dernier, à quelque 72 heures du choc des mi-lourds pour la ceinture de l'International Boxing Federation (IBF), son avocat l'a contacté pour lui indiquer que s'il ne mettait pas de côté 30% de la bourse estimée à 250 000 $ US pour la remettre à GYM, le promoteur intenterait des procédures judiciaires dans un tribunal de la Californie afin d'empêcher la tenue du combat.

En conflit contractuel avec GYM, Beterbiev a décidé de se plier à cette exigence afin que le combat ait toujours lieu. Il a ainsi placé 30% de sa bourse totale dans un compte en fidéicommis.

Lorsque rejoint par La Presse canadienne, Michel a nié avec véhémence ces allégations.

Selon Michel, GYM s'est plutôt contenté de faire respecter une clause inscrite au contrat de Beterbiev, qui stipule que si le boxeur participe à un combat dont la promotion n'est pas assurée par le groupe montréalais, ce dernier a droit à une part du gâteau, soit 30% de la bourse.

Ils ont ainsi mandaté leur avocat californien, Jonathan Freund, de rejoindre Top Rank, promoteur du gala présenté à Fresno, samedi dernier, et de faire respecter cette clause. Selon le promoteur montréalais, le clan Beterbiev s'est empressé de répondre à cette demande. Il jure ne jamais avoir menacé de bloquer la tenue de ce combat, «un non-sens» pour lui, puisque la valeur de Beterbiev s'est grandement accrue en raison de sa victoire.

Michel s'est empressé d'ajouter que si le tribunal tranche en faveur de Beterbiev, ce dernier pourra reprendre ce montant sans que GYM ne s'interpose. Qui plus est, GYM a accepté que cette somme soit placée dans un compte en fidéicommis géré par Karim Renno, l'avocat de Beterbiev, au lieu d'un compte en fidéicommis «neutre».

Me. Renno a toutefois un autre son de cloche. Il admet avoir reçu la requête de M. Freund, dans laquelle il n'est pas stipulé que l'avocat demandera l'annulation du combat. Mais pour Me Renno, c'est clair: une injonction sert à stopper ou empêcher quelque chose, pas à récupérer des sommes d'argent.

Me Renno se demande aussi pourquoi avoir attendu à deux jours du combat si le but visé par GYM n'était que de faire valoir cette clause de bourse au contrat. Selon lui, GYM a eu des mois pour faire valoir ses droits en ce sens, la date du combat étant connue depuis longtemps.

Décision au début 2018

Autant Michel que le clan Beterbiev souhaitent que ce conflit se règle rapidement. Jeudi, le clan Beterbiev a affirmé qu'une décision pourrait être rendue en janvier ou février prochain, ce qui plairait grandement à GYM.

Beterbiev, protégé de l'entraîneur Marc Ramsay, estime avoir rempli toutes ses conditions contractuelles envers GYM, mais le groupe croit que le boxeur d'origine russe est toujours lié à lui. Les deux parties ont rompu toute négociation et il n'y a aucune chance que ce conflit se règle hors cour.

Sur le ring, Beterbiev (12-0, 12 K.-O.) a battu Kölling (23-2, 6 K.-O.) par arrêt de l'arbitre à 2:33 du 12e et dernier round. GYM a été le promoteur des 11 premiers combats de la carrière professionnelle de Beterbiev.

Beterbiev et Ramsay sont en quelque sorte prisonniers de ces procédures et ne sont pas en mesure d'annoncer immédiatement quelle sera la suite des choses pour le boxeur. Ramsay a par contre commencé à établir une liste d'adversaires potentiels pour une première défense de titre.

Il n'est pas exclu que Beterbiev puisse obtenir à son prochain combat un duel d'unification avec l'un des trois autres champions de la division. Adonis Stevenson détient la ceinture du World Boxing Council; Dmitry Bivol est champion de la World Boxing Assocation; tandis que Sergey Kovalev et Vyacheslav Shabranskyy s'affronteront le 25 novembre pour le titre vacant de la World Boxing Organization.

En ce qui a trait à son promoteur, si Beterbiev souhaite continuer à vivre à Montréal, il n'exclut pas de s'associer à un promoteur américain. Le scénario idéal pour lui serait de recevoir des offres de promoteurs locaux - au Québec, seul Eye of the Tiger Management ou InterBox, tous deux propriétés de Camille Estephan, auraient les moyens de s'offrir le nouveau champion du monde - et étrangers afin qu'il puisse choisir la meilleure entente.